Le premier président noir d’Afrique du Sud et héros de la lutte contre l’apartheid fête dimanche ses 86 ans avec les siens dans sa maison de la province d’Eastern Cape (sud-est), un mois après avoir annoncé son retrait de la scène publique.
L’héritage politique de Nelson Mandela, décidé à s’éloigner de la scène publique, reste intact et son oeuvre humanitaire prend une nouvelle ampleur avec le financement de projets de plusieurs millions de dollars destinés à favoriser de meilleures conditions de vie en Afrique.
Il n’apparaît plus chaque matin à la fondation qui porte son nom, installée dans un quartier chic du nord de Johannesburg, laissant l’équipe de 27 personnes gérer de multiples projets qui vont de la construction d’écoles rurales à la distribution de médicaments contre le sida, en passant par des conférences sur des thèmes sociaux et l’installation d’internet dans les salles de classe.
Pour cela, l’équipe de la fondation Nelson Mandela va chercher les sponsors, les organisations internationales et les particuliers fortunés qui partagent l’idée fondamentale de ses statuts qui font de l’éducation et de la santé les deux piliers du développement personnel.
"Le nom de Mandela ouvre vraiment des portes", explique la directrice des relations publiques de la fondation, Maeline Engelbrecht. "Mais également nos projets sont solides", ajoute-t-elle.
Créée il y a cinq ans, la fondation a été une pionnière, ouvrant un dispensaire pour distribuer gratuitement des traitements anti-sida, plusieurs mois avant que le gouvernement sud-africain ne mette des structures en place.
Sa plus grande réalisation a été le concert 46664 au Cap (sud-est) en décembre dernier, lorsque Mandela a permis d’utiliser son numéro de prisonnier pour collecter des fonds pour la lutte contre la pandémie.
Des stars comme le chanteur du groupe U2, Bono, Annie Lennox, Peter Gabriel et le Sud-Africain Johnny Clegg ont participé à l’évènement, regardé par deux millions de téléspectateurs dans le monde.
"Ce projet a été déterminant", a estimé Mme Engelbrecht parce qu’il a touché un large public et va être suivi d’un concert 46664 d’artistes latino-américains prévu en août dans la station balnéaire espagnole de Benidorm.
La fondation travaille actuellement sur des projets dans d’autres pays d’Afrique, mais sur lesquels elle entend rester discrète jusqu’à leur mise sur pied.
"Nous sommes désormais prêts à nous étendre" à l’extérieur de l’Afrique du Sud, affirme Mme Engelbrecht.
Avec un budget annuel de quelque 90 millions de rands (15 millions de dollars/11 millions d’euros), la fondation est plus petite que ses homologues européennes et américaines telles que la fondation Soros ou la fondation MacCarthur, mais sa stratégie a été de trouver des partenaires qui puissent soutenir la charge financière.
Contre le sida, elle a fait équipe avec l’organisation non gouvernementale et prix Nobel de la Paix, Médecins Sans Frontières, dans un dispensaire de Lusikisiki (Eastern Cape) où 600 personnes font le test HIV chaque mois et où 300 malades sont soignés gratuitement.
Pour construire des écoles dans des zones isolées du pays —140 jusqu’à présent— elle a convaincu le géant des télécommunications sud-africain Vodacom, la compagnie d’énergie Sasol et le constructeur automobile BMW, entre autres, de mettre la main au porte-monnaie.
Bill Gates, l’homme le plus riche du monde, a fait un don de 10 millions de dollars en trois ans via sa propre fondation pour la lutte contre la sida et la star américaine du talk-show, Oprah Winfrey, a sorti son chéquier pour financer l’éducation de jeunes sud-africaines.
La fondation, au côté du Fonds Nelson Mandela pour les enfants et de la fondation Mandela Rhodes qui offre des bourses d’enseignement, constitue "la famille d’organisations Mandela" afin de poursuivre l’oeuvre du Prix Nobel de la Paix après lui.
© AFP.
