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Où auront lieu les obsèques de Mme Kolélas ?

Quatre jours après le décès de son épouse à Paris, Bernard Kolélas ne sait pas si les autorités de Brazzaville feront preuve de souplesse pour lui permettre d’organsiser les obsèques dans son pays natal. Le président du Mcddi est, en effet, sous le coup d’une condamnation à Brazzaville.

Partira, partira pas ? Là est la question. Après le deuil qui vient de frapper le président du Mcddi, Bernard Kolélas, alors en séjour à Paris, l’opinion nationale et internationale se demande si le régime de Brazzaville, devenu, semble-t-il, magnanime, autorisera au veuf d’accompagner son épouse vers sa dernière demeure, au Congo.

En effet, après avoir reconnu qu’il a pris en charge les frais sanitaires ( les mauvaises langues parlent de "récupération politique") le bon sens voudrait que le gouvernement congolais continue de faire preuve de générosité à l’égard de la famille Kolélas en autorisant son retour au pays natal pour organiser les obsèques selon les rites lignagers.

Seulement Kolélas, aux yeux de Mpila, est indésirable dans son propre pays. Mais comment concilier une générosité avec la crainte d’être débordé par le retour de l’imprévisible adversaire ?

C’est ce qui s’appelle un dilemme. Sassou est devant un choix cornélien. Dans un cas comme dans un autre, la décision est douloureuse.

Pourtant, selon certains "sites bien informés" Sassou, humain, aurait donné son feu vert pour un retour au pays de Bernard Kolélas. La défunte y aurait droit à des obsèques nationales où tous les membres du gouvernement seront présents, sauf Sassou, qui y sera représenté : sans doute pour tempérer son excès de générosité.

En vérité, les choses ne sont pas si claires que ça.

Ce samedi 1er octobre, le premier cercle parisien du Mcddi interrogé était pourtant incapable de dire de quoi sera fait le lendemain.

Les hypothèses

Trois scénarios sont possibles :
1)Kolélas accompagne son épouse dans sa dernière demeure.
2)Kolélas assiste aux obsèques depuis Paris. C’est le scénario des télé-funérailles ou obsèques à distance.
3)Kolélas inhume son épouse en France.

Un quatrième scénario, inattendu celui-là, est entendu : Mme Kolélas est inhumée à Bamako, pays dont les dirigeants avaient eu la générosité de donner l’asile à la famille.

De toutes ces hypothèses, la deuxième, (les télé-funérailles), rend les sympathisants fous de rage. Ils ne l’acceptent pas, ne l’envisagent même pas. Quant à la quatrième hypothèse, on peut dire qu’elle est formulée la mort dans l’âme et s’inscrit dans une logique radicale de contestation de toute forme de "récupération" du deuil par le régime de Brazzaville.

Mais l’heure, ce samedi 1er octobre , était d’abord aux stratégies à élaborer pour organiser une "veillée mortuaire" à Paris. Pour la suite, disait-on dans le cercle, "on verra". De toute façon, estima Jean-Claude Mayima-Mbemba, il n’y avait pas de raison pour que Mme Kolélas ne soit pas inhumée dans son pays natal et, son époux ne devrait que faire partie du voyage.

Visiblement, très peu de gens, même dans le cercle proche du leader du Mcddi, semblaient dans le secret des dieux.

De toute évidence, si tractation il y a, elle doit se faire à un très haut niveau. En effet, même si "le principe du transfert de la dépouille à Brazza ville est acquis", personne n’est capable de donner la date ni de la levée du corps ni celle du départ au Congo.

Le principal protagoniste de cette tragédie à la congolaise, Sassou-Nguesso, en voyage en Chine, paraît, jusque-là, observer un profond silence radio. Les médias qui lui sont proches (Les Dépêches de Brazzaville, Congosite) se sont gardés d’annoncer la nouvelle du décès de l’épouse du leader du Mcddi.

Ce silence éloquent serait-il déterminé par quelque consigne au sommet de l’Etat congolais ? Car il s’agit en effet d’une affaire d’état comme en témoigne la noria d’hommes politiques (toutes familles confondues) qui se sont précipités autour de Bernard Kolélas d’abord dès l’annonce de sa présence à Paris ensuite dès le décès de son épouse ce jeudi 29 septembre à l’hôpital St-Louis.

Etoffe d’homme d’état

Ironie du sort, Bernard Kolélas n’a jamais été aussi vivant politiquement que depuis que le deuil vient de le frapper. Autre fantaisie du sort, jamais cet homme n’a eu une étoffe d’homme d’état que depuis que son adversaire a voulu le réduire à néant en le confinant dans un exil à vie.

Ce samedi 1er octobre, a donc eu lieu à Nanterre (région parisienne) la première série de veillées mortuaires que le Mcddi compte organiser jusqu’à la levée du corps. Le rituel des condoléances au cours de ce rassemblement a vu défiler un nombre important de poids lourds de la politique congolaise en France, opposition et mouvance présidentielle confondues. Si le rêve d’un homme d’état est de réussir le tour de force d’abolir les divisions autour de sa personne, on peut dire que Bernard Kolélas a vu ce rêve se réaliser samedi soir.

La salle de Nanterre (capacité : 500 places) était pleine. Digne dans son deuil, Bernard Kolélas a dû être touché par la file interminable des condoléances. L’ambiance, sur fond de musique religieuse, était conviviale. Les visiteurs allaient et venaient. Aucune tension politique n’était perceptible dans l’air. Vers 3h du matin, prenant la parole, Bernard Kolélas dira un mot de remerciement accueilli dans un silence religieux.

Ce samedi soir fut un moment symbolique de la capacité de mobilisation du Mcddi. Visiblement celle-ci est très forte.
"La séquence des veillées est suspendue jusqu’à nouvel ordre" a indiqué ce dimanche Théo Senga, un proche de Kolélas.

A quand alors la "grande veillée" , l’ultime veillée avant le retour au pays ? Personne ne saurait le dire. Tous les regards sont désormais tournés vers Mpila.

Test de popularité

De l’avis général, si l’épreuve que vit l’exilé du Mali, Bernard Kolélas, est pénible, elle l’est encore plus pour le régime de Brazzaville qui ne sait pas trop à quel saint se vouer pour gérer la situation.

Beaucoup d’obervateurs disent qu’avec la tournure funèbre de l’évacuation du couple Kolélas à Paris, le destin vient de filer une patate chaude dans les mains de Sassou.
Le drame familial que vit le leader du Mcddi lui a quasiment servi de test de popularité. Nanterre l’a montré. Or d’après l’immense foule présente à la veillée organisée également ce samedi à Brazzaville, au Centre Sportif de Makélékélé, le charisme de Kolélas est encore entier au Congo.

Justement, le problème de Mpila se trouve là. "Je n’aimerai pas être à la place de Sassou" aurait dit un officier militaire proche du pouvoir. Des débordements sont redoutés à Brazzaville. D’où, sans doute, le mutisme de Mpila sur l’éventualité du scénario n°1 : retour de Kolélas au pays natal.

Cèdera, cèdera pas ? That is the question

Toutefois, tous les exilés attendent avec fièvre comment sera traité cet important dossier par Mpila. La présence massive des ténors de l’opposition autour du deuil de Bernard Kolélas montre que ceux-ci ont hâte de s’engouffrer dans la brèche que va faire le Nkoubi de Total dans les mailles d’acier de Lékufé.

Après avoir longtemps usé de tous les subterfuges pour empêcher le retour de Kolélas à Brazzaville, il semble que cette fois-ci, aucune échappatoire n’est possible à l’homme fort du Congo.

Une fois de plus, "l’Homme des masses" doit "assumer". Il faut qu’il assume.

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