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Elections municipales 2008

Pointe-Noire : Le Bal des Willy à Lumumba

Willy David contre Willy Goliath

Deux candidats portant le même prénom vont s’opposer dans l’arrondissement 1 de Pointe-Noire. Tous deux sont natifs de Pointe-Noire, tous deux sont issus de familles dont le nom restera attaché à celui du Congo. Là s’arrête la comparaison car en dehors de ces analogies tout ou presque les oppose. Guy Wilfrid César Nguesso dit Willy Nguesso et Wilfrid Olivier Gentil Sathoud dit Willy Sathoud, nouveaux venus dans l’arène politique s’affronteront à travers les listes que l’un et l’autre conduiront dans la même circonscription de l’arrondissement n°1 Emery Patrice Lumumba à Pointe-Noire à l’occasion des élections municipales du 29 juin 2008.

Willy Nguesso, neveu de l’actuel chef de l’Etat, PDG du groupe SOCOTRAM et président fondateur du Club 2002- Parti pour l’Unité et la République, possède l’indéniable avantage de disposer d’une assise financière considérable. Pourtant, eu égard aux dégradations des conditions de vie des populations, cet avantage pourrait se retourner contre lui, l’exhibition du train de vie ostentatoire de l’oligarchie, à laquelle il appartient, écœure la majorité silencieuse du peuple congolais. Autre atout réversible de Willy Nguesso, son nom qui est craint et redouté mais pour lequel la propagande présidentielle a tant mis l’accent sur le côté protecteur de la paix, qu’il semble a beaucoup en être le seul garant.

Le principal handicap du président Willy Nguesso à cette élection reste et demeure son refus obstiné d’arrimer son parti, pourtant affilié à la majorité présidentielle, au mastodonte RMP pour constituer les listes communes dites d’union avec tous les autres partis clamant haut et fort leur soutien « indéfectible » au président de la République Denis Sassou Nguesso. Le RMP, digne héritier du parti unique, considère tous ceux qui ne s’inféodent pas à lui comme des adversaires politiques à combattre. On peut voir là les raisons du débarquement du précédent ministre de la marine marchande Nombo Mavoungou et l’hémorragie de cadres que ne cesse de subir le Club 2002-PUR. Le PCT est parvenu à se ralier nombre de tétes d’affiches tels Me Pierre Mabiala, le ministre Pierre Michel Nguimbi, les députés Claude Abraham Milandou, Ambroise Bayakissa et Max Toussaint Loemba, Eden Saboga…

Le vivier électoral du Club 2002, constitué lors de la campagne pour les dernières élections législatives grâce aux efforts du député de Lumumba 1 et ancien président départemental du Club 2002-PUR, paradoxalement exclu pour excès d’orthodoxie envers Denis Sassou Nguesso, Max Toussaint Loemba [1], s’émiettera d’autant plus que certains élus du Club 2002-PUR, parmi lesquels se trouvent des membres fondateurs, ont écopé de sanctions disciplinaires allant de l’exclusion à la radiation pure et simple des rangs du parti.

Willy Sathoud, est issu de l’une figures majeures de l’indépendance, son père Victor-Justin Sathoud [2] a assumé de hautes fonctions gouvernementales et parlementaires de la première République du Congo jusqu’à sa disparition prématurée. Willy Sathoud, est administrateur des ressources humaines et du personnel dans une grande société de transit de la place. Il est connu des internautes et des observateurs avertis de l’actualité culturelle et politique de notre pays à travers ces publications sur le net et dans la presse locale. Ce nouveau venu dans l’arène politique tente un coup d’essai politique à titre indépendant, avec une marge financière réduite.

Il se déclare indépendant mais se présente sous le label « Energie » symbolisé par le rhinocéros. Ceci n’est pas un avantage, ce symbole rappellera aux ponténegrins l’éphémère Mouvement Populaire pour la République (MPR) qui défraya la chronique dans un passé très récent et dont il n’a pas su abandonner le logo. Son appartenance aux instances dirigeantes de ce mouvement politique parrainé à l’origine par pourrait éventuellement se révéler comme un handicap majeur pour lui. Energie avait fait une apparition tonitruante sur la scène politique en se déclarant indépendant mais en étant parrainé par le ministre André Okombi Salissa. Aujourd’hui, son président fondateur Anicet Poaty-Amar, pourtant très incisif lors du lancement des activités, semble s’être retiré, sans crier gare, autant de la course aux sièges que de la vie de son parti. C’est au point que certains de ses membres fondateurs, comme le secrétaire général Christian Dzinga Boubanga, iront jusqu’à se faire élire député suppléant de Toussaint Max Loemba à Lumumba 1, pour le compte du Club 2002-PUR avant de rejoindre le RMP, ils s’alignent toutefois sur une liste indépendante que conduit ce dernier. Pour sa part, le permanent Max Joël Félix Tchicaya choisira d’adhérer au RMP avec le PJR de Denis Christel Sassou Nguesso.

Willy Sathoud, bénéficie de sa proximité avec l’électorat de sa circonscription. Il est né au quartier Mayumba dit « Balumbu » comme son colistier Armand Bouckethy. Il a grandi à l’OCH et il réside actuellement à l’aéroport où il partage au quotidien les joies et les peines de cette population abusée par les politiciens de tous bords. Sa campagne est financée sur fonds propre avec l’appui de ses colistiers, l’aide de sa famille et de nombreux sympathisant. Ceci lui accorde une certaine liberté d’action sans être de redevable auprès d’une quelconque personnalité. Il possède la facilité de pénétration dans différents milieux tant défavorisés que aisés, aussi bien proche du pouvoir que de l’opposition pourrait également jouer en sa faveur.

Face aux grosses pointures de la politique et de l’argent auxquelles il est confronté, on a bien du mal à croire aux chances réelles de ce jeune homme dynamique. Un siège ou deux au conseil municipal serait déjà une incontestable victoire. Nous aurions aimé que Willy Sathoud et Armand Bouckethy qui collaborent depuis longtemps à congopage.com nous fassent parvenir leur programme.

A tous les candidats bonne chance et que le meilleur gagne.

Baptiste Houtou

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