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Polémique autour d’une vente de lettres sur l’esclavage

LYON (AFP) - Les documents du XVIIIe siècle évoquant le commerce des esclaves, qui devaient être mis aux enchères mercredi soir à Lyon, ont été retirés de la vente à la suite de la polémique soulevée par plusieurs associations, a-t-on appris jeudi auprès du commissaire-priseur.

Six lots sur les 503 annoncés à la vente ont été retirés et rendus au vendeur, un particulier qui disposait d’un stock d’archives dont il ne savait que faire, a expliqué à l’AFP Me Jean Chenu, commissaire-priseur à Lyon.

Une quarantaine de lettres, parmi quelque 10.000 documents mis en vente mercredi soir, abordaient la question du commerce des esclaves. Il s’agissait notamment de lettres adressées de 1753 à 1771 par des fabricants, des négociants et des banquiers à un marchand de toiles établi à Laval (Mayenne).

Des manifestants et plusieurs associations avaient fait part mercredi de leur "indignation" devant la mise aux enchères de documents qu’ils considéraient comme historiques et à ce titre non commercialisables.

Un "collectif des filles et fils d’Africains déportés" avait déposé mercredi un recours en référé devant le tribunal de grande instance de Lyon pour demander l’interdiction de la vente, estimant que les documents, "patrimoine historique du peuple noir", étaient "frappés de facto de l’inaliénabilité", a expliqué Me Philippe Missamou, avocat du collectif.

"Le commissaire-priseur est un médiateur, nous ne sommes pas là pour créer des problèmes", a déclaré Me Chenu.

"La vente de documents évoquant l’esclavage, parfois de manière plus directe, arrive souvent à Paris, à Nantes ou à Bordeaux, sans susciter la même polémique. C’est notre passé historique", a estimé Me Chenu, expliquant que les documents qui n’étaient pas mis en vente risquaient de tomber dans l’oubli et d’être détruits.

Les quelque 500 autres lots mis en vente mercredi dans la soirée ont été pour la plupart adjugés à des prix supérieurs aux estimations, et l’Etat a utilisé son droit de préemption pour environ 80 d’entre eux.

Parmi les nombreux inventaires, correspondances commerciales ou factures diverses, se trouvaient notamment des lettres d’une princesse d’Annam au maréchal Lyautey, le récit d’un ancien détenu du bagne de Cayenne, une note de Georges Clémenceau, des lettres d’un prêtre missionnaire en Mongolie au XIXème siècle à sa famille...

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