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Pourquoi le port de Pointe-Noire va-t-il vers sa désafection

Deux dépèches AFP viennent apporter un embryon de réponse.

Trafic "stationnaire" au port de Pointe-Noire (direction générale)

POINTE-NOIRE (Congo), 19 fév (AFP) - 16h04

Le trafic du port maritime de Pointe-Noire (sud-ouest) est "stationnaire", en raison de la mauvaise conjoncture économique au Congo, a affirmé jeudi à l’AFP le directeur du port.

"Aujourd’hui, le trafic est stationnaire. Le coeur du port bat au rythme de l’économie nationale. Lorsqu’on importe davantage, il y a beaucoup de trafic", a indiqué le directeur général du port de Pointe-Noire, Jean-Marie Anyélé.

"Il y a une croissance en valeur relative de l’ordre de 10%, mais il n’y a pas en réalité de croissance notable", a-t-il ajouté.

En 2002, le trafic du port de Pointe-Noire avait enregistré une baisse de 6,8% par rapport à 2001. L’ensemble des produits importés et exportés s’était élevé à 10,1 millions de tonnes, selon des données du port.

En 2003, le trafic se serait situé au même niveau qu’en 2002. Les marchandises transportées sont, pour l’essentiel, du pétrole, des grumes et des rondins d’eucalyptus pour les exportations, du ciment, du riz, de la farine et des véhicules pour les importations.

D’après M. Anyélé, les difficultés du Chemin de fer Congo-océan (CFCO), la principale voie de communication entre Pointe-Noire et Brazzaville, expliquent également dans une large mesure la morosité du trafic.

Interrogé par l’AFP, un transitaire a indiqué que les "tracasseries douanières" et les "taxes excessives" avaient provoqué la baisse des importations au port de Pointe-Noire et contraint nombre d’opérateurs à investir dans les pays voisins du Congo.

Le port est relié à Brazzaville par le CFCO, que les fleuves Congo et Oubangui prolongent dans le nord du Congo et le sud de la République centrafricaine.

M. Anyélé a ajouté que la "plus grande partie du trafic du port de Pointe-Noire" avait été récupérée par le port de Douala, au Cameroun.


Port de Pointe-Noire : les importateurs préoccupés par les tracasseries administratives

POINTE-NOIRE, 20 fév (AFP) - 9h25

Les opérateurs économiques sont préoccupés par les tracasseries administratives et l’augmentation des taxes douanières au port de Pointe-Noire (sud-ouest), qui ont contraint la plupart d’entre eux à utiliser les ports voisins pour importer leurs marchandises.

"Il y a ici au port de Pointe-Noire des tracasseries administratives. Les taxes douanières sont en hausse. Face à cette situation, nombre d’importateurs utilisent le port de Matadi en République démocratique du Congo (RDC) où la fiscalité est attrayante", affirme Victor Bamanansoni, responsable d’une Société de transit international et président de l’Union des prestataires des douanes en Afrique centrale basée à Pointe-Noire.

Par exemple, ajoute-t-il, la redevance informatique instituée en 2003 est passée de 1 à 2% depuis une semaine.

Dans l’enceinte du port de Pointe-Noire, plusieurs services administratifs de l’Etat - police, douane, commerce, hygiène, marine, mairie, impôts - contrôlent les marchandises importées.

"Tous ces services extorquent l’argent aux importateurs", selon M. Bamanansoni.

A la sortie du port, les militaires chargés de la sécurité des installations portuaires, perçoivent 5000 Fcfa au passage de chaque véhicule chargé de marchandises.

"Il s’agit d’une taxe instituée par les militaires eux-mêmes et qui n’est pas reconnue par les autorités", déplore le responsable.

"Toutes ces tracasseries font que les importations ont baissé au port de Pointe-Noire au cours de ces deux dernières années", précise-t-il.

Le directeur général du port de Pointe-Noire, Jean-Marie Anyélé a admis, de son côté, que le trafic était "stationnaire" en raison de la baisse des importations : "Le coeur du port bat au rythme de l’économie nationale. Lorsqu’il y a beaucoup d’importations, il y a beaucoup de trafic".

D’autres opérateurs économiques font transiter leurs importations par le port camerounais de Douala où les taxes sont moins élevées, selon M. Anyélé.

En 2002, le trafic au port de Pointe-Noire a enregistré une baisse de 6,8% par rapport à 2001. L’ensemble du trafic a été de 10,1 millions de tonnes. En 2003, il se serait situé au même niveau.

Ce trafic est constitué essentiellement de pétrole, des grumes et de rondins d’eucalyptus pour les exportations, de riz, de ciment, de farine, de matériel industriel pour les importations.

Situé entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe, le port de Pointe-Noire est relié aux régions sud-ouest et à Brazzaville par le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) que prolongent dans le Nord du Congo et le Sud de la république centrafricaine, les fleuves Congo et Oubangui.

Jusqu’aux années 90, la RCA et le Tchad utilisaient le port de Pointe-Noire pour leurs échanges extérieurs. En raison des violences armées au Congo qui ont créé l’insécurité sur le fleuve Congo, ces deux pays utilisent le port de Douala.

Des exploitants forestiers basés dans le Nord du Congo font également exporter les grumes par le port de Douala. Les bois sont transportés dans des camions grumiers jusqu’au port de Douala à plus de 1.000 km des centres d’exploitation forestière au Congo.

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