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Point de vue : in Le Nouvel Observateur d’Afrique n° 45 du 21 novembre 2008

Quand les Congolais encouragent les détournements à qui mieux mieux des fonds et bien publics

« Ce pays est foutu… », « Il n’y arien, plus rien de bon ici… », « C’est dur, il faut sortir, il faut partir d’ici pour ne pas sacrifier son avenir… » Tels sont les propos qui reviennent dans les conversations des Congolais de peu et de rien quand ils parlent aujourd’hui de leur pays : Le Congo Brazzaville. Ils ne parlent plus du Congo, leur partie qu’en des termes apocalyptiques. Le désespoir a atteint son comble et pourtant, le mal congolais est nourri à la base, entretenu par les Congolais eux-mêmes.

L’espoir n’a plus de place au Congo, les Congolais ne savent plus ce que c’est l’espoir. C’est une réalité lointaine pour certains et inconnue pour d’autres, notamment les jeunes.
La « Nouvelle Espérance » projet de société sur lequel le président de la République Denis Sassou Nguesso, a été élu en 2002 est encore bien loin de sortir du tunnel. La déception est bien à la mesure des promesses et des espérances alors qu’il nous avait été présenté comme salvateur par ses architectes et défenseurs. Aujourd’hui, ils brillent plus par leur insouciance, leur propension aux jouissances qu’à l’ardeur et à l’enthousiasme de sa réalisation.

Aux dépens des Congolais, les autorités pratiquent la manipulation des chiffres. La corruption, ancrée dans le système de gestion n’indigne personne ; chacun y trouvant son compte. Le laxisme des autorités dans la lutte contre la corruption est d’une complicité palpable.

Un projet politique aussi noble et aussi salvateur soit-il est voué à l’échec si, ceux qui ont la responsabilité de le mettre en œuvre n’ont pas les qualités morales requises, le souci de l’intérêt généra, un certain renoncement, le respect du bien public et de la parole donnée.

Malheureusement, ces qualités n’habitent pas nos politiques d’aujourd’hui. Ces derniers qui brillaient déjà tristement par leur concupiscence, se disputent désormais, à qui mieux mieux, la réputation du munificent, « A pésa a tala té ! » comprendre : « donner les yeux fermés. » Ainsi, au cours des différents rencontres politiques, sportives et associatives auxquelles nos politiciens participent, ils s’achètent, comme on s’achèterait du petit pain au petit marché du coin, une bonne conscience pour se laver de leurs forfaits et de leurs actes répréhensibles sûr pour se construire. La pratique est devenue pour eux, un moyen sûr pour se construire une certaine « légitimité » Ces politiques déversent des sommes faramineuses voire astronomiques dont leurs salaires ne peuvent être la source. « A pésa a tala té » est en vérité : « A yiba a banga té » : il vole les yeux fermés, sans rien craindre. »

Les Congolais qui ne tarissent pas de critiques acides à l’égard de ces politiques, sont malheureusement aussi, les premiers thuriféraires de ces héros de nouveau genre. Etrange et cruel paradoxe, les politiques détournent les fonds publics au nez et à leur barbe, ce qui impotent pour les Congolais d’aujourd’hui, c’est la satisfaction immédiate de leurs envies, de leur soif. Ils ont choisi de sacrifier le Congo à l’autel de la Ngok et de la Primus, des loisirs, de la fête. Pour les Congolais, la valeur d’un homme politique se mesure par la somme d’argent qui sort de ses poches. La politique qui est si noble est devenue triviale. On ne rivalise plus d’idées, de projets mais d’argent pour s’assurer l’adhésion du peuple. En encourageant ce comportement, chaque Congolais a sa part de responsabilité dans le malheur qui nous frappe au quotidien, dans l’implantation à ciel ouvert de la mauvaise gouvernance au Congo.

Face au poids des enjeux et des défis collectifs à relever, les Congolais devraient, être moins jouisseurs et signifier leurs attentes urgentes aux politiques. Car, ce comportement de « cigale de Jean la Fontaine » nous a longtemps desservis et encourage ces derniers à poursuivre à qui mieux mieux leur sale besogne. Car, l’intérêt des politiques congolais est de maintenir le peuple dans cet état d’esprit, eux qui pensent qu’à demeurer au pouvoir par tous les moyens, même, lorsqu’ils enfilent les échecs comme des perles.

Quand la réalité est insupportable à voir en face, il faut bien mettre en place, des stratagèmes pour distraire le peuple aux risques de la voir se révolter. C’est bien la politique de jouissance qui est appliquée au Congo, une politique à courte vue. Quand nos gouvernants comprendront-ils que gouverner ce n’est pas seulement décider ou prévoir mais, c’est aussi s’oublier, se sacrifier.

BOUZANDA DIASSONAMA KIESSE

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