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Qui dirige L’UPADS ?

Les membres du secrétariat national, du comité directeur et du conseil
national de L’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale, UPADS, restés
au Congo-Brazzaville, ont décidé "de prendre toute la mesure de leurs
responsabilités pour créer les conditions de la relance effective des
activités" de cette formation politique créée le 15 juin 1991 par l’ancien
Chef de l’Etat, Pascal Lissouba. Le secrétaire national de l’UPADS, Joseph
Kingoumbi-kia-Mboungou a annoncé cette décision au cours d’une assemblée
générale tenue le samedi15 juin dernier dans l’amphithéâtre de l’ENAM à
Brazzaville. Il confirmera cette mesure le dimanche 16 juin, date
anniversaire de l’UPADS, lors d’une conférence de presse donnée à l’hôtel
Saphir. Les secrétaires nationaux de l’UPADS, Marcel Nzondo, Josephine
Ntsika et Martin Doumampoum-Metoul ont pris part à ces différentes
rencontres.

Selon une déclaration lue par le président du conseil national de la
jeunesse, Godefroy Dibakissa, la volonté de redynamiser les activités du
parti en proie à une crise persistance de leadership après la fin du règne
de Pascal Lissouba, de son exil et de ceux de nombreux dirigeants du parti,
s’explique par "la nécessité de susciter un grand rassemblement sans
exclusive des cadres et militants du parti pour recréer l’unité et la
cohésion au sein de l’UPADS " et "la nécessité de définir le cadre politique
et institutionnel d’une transition qui va conduire" le parti vers la tenue
de son 2ème congrès ordinaire.

Pour atteindre cet objectif, un secrétariat national transitoire des 15
membres sera mis en place. Cette équipe sera composée des secrétaires
nationaux issus du congrès de décembre 1995 et complétée par les cadres "qui
se sont distingués ces dernières années par la défense des intérêts de
l’UPADS." La création d’une commission transitoire d’évaluation est
également prévue. Par ailleurs, le comité directeur et le conseil national
sont constitués des membres du congrès de 1995. Réorganiser et restructurer
le parti sur toute l’étendue du territoire national, assurer le
fonctionnement régulier du parti et préparer le 2ème congrès sont les
missions confiées à ces organes transitoires.

La déclaration susmentionnée indique que les secrétaires nationaux restés au
pays ont eu plusieurs consultations avec les militants et les différentes
instances du parti. Au centre de celles-ci : la relance effective des
activités de l’UPADS. Les causes principales de l’affaiblissement du parti
vainqueur de l’élection présidentielle de 1992 ont été relevées dans ce
texte. "Le coup d’Etat du 15 octobre 1997 qui a démembré et décapité le
parti par le départ en exil du président fondateur, du secrétaire général et
de ses nombreux responsables et cadres ; la politique d’intimidation et de
déstabilisation instaurée par les vainqueurs de la guerre du 15 octobre 1997
comme mode d’occupation de l’espace politique ; les querelles de leadership
entre les principaux dirigeants tant en exil que ceux restés au pays, la
mise en place des organes exceptionnels (commission ad hoc du parti et
comité national de supervision du parti) sans tenir compte de l’ordre
institutionnel du parti et des réalités sur le terrain. Entendu que toute
situation exceptionnelle doit s’inspirer de l’existant, la cooptation et le
copinage qui ont été au centre de la mise en place de ces organes
exceptionnels ont cristallisé les frustrations et radicalisé les positions ;
l’absence donc d’un exécutif fort et représentatif à l’intérieur du pays
capable de concevoir et de conduire une politique adaptée aux réalités sur
le terrain en tenant compte bien sûr des contributions de l’extérieur et des
orientations directes du président fondateur, le professeur Pascal Lissouba ;
l’inexistence des rapports de collaboration directe entre le président en
exil et la direction politique du pays."

Un dialogue sans exclusive impliquant Sassou, Lissouba, Kolélas est exigé

Sur le plan national, la démarche des membres du secrétariat national, du
comité national et du comité directeur de l’UPADS, restés au Congo, vise à
susciter la décrispation du climat politique national et à pacifier les
rapports politiques humains ; réorganiser l’opposition congolaise et
favoriser le débat contradictoire entre le pouvoir et l’opposition sur
toutes les questions pendantes de la vie nationale. A cet effet, Joseph
Kingoumbi-kia-Mboungou et les autres membres du secrétariat national exigent
la tenue d’un "dialogue national impliquant directement le président Denis
Sassou-Nguesso et ses compatriotes Pascal Lissouba, Bernard Kolélas, etc.
condamnés à l’exil forcé et injustifié". Pour l’UPADS, ce dialogue que
d’aucuns appellent table ronde, "reste et demeure la base incontournable de
la restauration de l’unité et de la cohésion du pays. Le retour des exilés
qui s’ensuivrait serait un message politique fort pour la décrispation du
climat politique et social."

Pour l’UPADS, la question relative à la gestion pétrole doit faire l’objet
d’un large débat de la classe politique et de la société civile congolaise
pour faire profiter à toutes les générations du produit de cette ressource.
Le parti est également favorable à la création des conditions de la gestion
du passif politique de ces dix dernières années. Il a en outre proposé "une
alternative politique et démocratique dont le projet de société du
professeur Pascal Lissouba reste la base essentielle du programme de
gouvernement de l’UPADS en raison de son réalisme."

La désignation de Paulin Makita est l’une des causes principales
d’affaiblissement du parti

Les décisions prises dernièrement par Pascal Lissouba relatives à la
révocation de Joseph Kingoumbi-kia-Mboungou de l’UPADS et la nomination de
Gustave Aba-Gandzion au poste du président du Comité National de Supervision
de l’UPADS ont suscité de nombreuses interrogations de la part des militants
et des journalistes. Pour Joseph Kingoumbi-kia-Mboungou, cette révocation ne
peut être prononcée que par le congrès tel que mentionné dans l’article 88
des statuts et dans les articles 147 et 148 du règlement intérieur de
l’UPADS. Par ailleurs, Joseph Kingoumbi-kia-Mboungou, s’appuie sur les
articles 2 et 6 de l’acte signé en date du 22 février 2001 par Pascal
Lissouba pour se justifier : « Les mandats des organes du parti issus du
congrès inaugural de décembre 1995, à savoir le conseil national, le comité
directeur, le secrétariat national et le président sont, compte tenu de la
situation qui prévaut dans le pays, prorogés exceptionnellement pour une
durée illimitée. Ces organes demeurent en place et continuent d’assurer la
représentation, la direction et l’orientation du parti jusqu’au prochain
congrès. » Seul le congrès peut révoquer et démettre un membre de ces
instances de ses fonctions, y compris le président fondateur du parti,
Pascal Lissouba dont le mandat à la présidence de l’UPADS émane du congrès
de décembre 1995.

« Mais je n’en veux n’en veux nullement au président Pascal Lissouba. Bien
au contraire, je suis d’avis qu’il il ne manquerait dans les jours à venir
de comprendre que certains cadres du parti abusent de sa bonne foi en lui
conseillant de signer des actes en violation des statuts de l’UPADS », a
déclaré Joseph Kingoumbi-kia-Mboungou qui est actuellement le leader de
l’opposition parlementaire au Congo-Brazzaville. Certains militants vont
jusqu’à soutenir que Pascal Lissouba est pris en otage par le secrétaire
général par intérim de l’UPADS, Paulin Makita.

S’agissant de la nomination de Gustave Aba-Gandzion au poste du président du
conseil national de supervision de l’UPADS, Joseph Kingoumbi-Kia-Mboungou,
l’a qualifié d’illégal pour la simple raison que cet homme n’est pas membre
de l’UPADS. « Le secrétariat national invite Aba-Gandzion à remplir d’abord
la fiche d’adhésion au parti pour en devenir membre. C’est après qu’il
pourrait prétendre occuper de hautes responsabilités. » Et Joseph
Kingoumbi-kia-Mboungou d’ajouter : « D’ailleurs l’article 6 de l’acte n° 
002/01 du 22 février 2001 signé à Londres par le Président Pascal
Lissouba stipule que le comité national de supervision du parti est
responsable devant le secrétariat national auquel il rend compte. Une mise
au point s’impose : nous devons tous comprendre que nous ne sommes plus dans
une période exceptionnelle qui avait occasionné la mise en place des
instances provisoires comme le Conseil National de Supervision du parti.
Nous ne disons pas que tout va mieux au Congo. Nous estimons cependant que
certaines conditions, minimes soient-elles, sont réunies pour que l’UPADS
reprenne ses activités. »

Selon la déclaration publiée le samedi 15 Juin dernier à Brazzaville, la
désignation de Paulin Makita, non membre du secrétariat national, non
résidant au Congo, ignorant les enjeux sur le terrain, ne connaissant pas
les cadres et les militants du parti a été citée parmi les causes de
l’affaiblissement de l’UPADS. A cela s’ajoute : "l’érection injustifiée et
anti statutaire du poste de secrétariat général par intérim en instance du
parti fonctionnant en lieu et place du secrétariat national contrairement
aux dispositions des articles 72 et 73 des statuts et des articles 27 à 31
du règlement intérieur du parti." Répondant à une question de la presse sur
Paulin Makita, Joseph Kingoumbi-kia-Mboungou a dit : « Paulin Makita abuse
de la confiance que lui fait le président Lissouba pour gérer les affaires
du parti et nommer des gens en fonction des considérations ethniques. »

Le président du conseil national de la jeunesse, Godefroy Dibakissa, se
basant sur les statuts du parti, estime que c’est Joseph
Kingoumbi-kia-Mboungou qui est qualifié pour assurer l’intérim du secrétaire
général de l’UPADS puisqu’il a la préséance sur les autres secrétaires
nationaux restés au pays.

Joseph Kingoumbi-kia-Mboungou souffre-t-il le chaud et le froid ?

Comment peut-il remettre en cause les actes signés par Pascal Lissouba et
continuer à reconnaître son autorité ? « Pascal Lissouba reste le président
de l’UPADS. C’est lui qui est notre père spirituel. Et il resta à jamais
le père spirituel de l’UPADS. Cette disposition est consignée dans les
statuts de notre parti. Comme je l’ai déjà dit, certains membres du parti
abusent de la bonne foi du président. Mais je vous rassure qu’il les
sanctionnera le jour où il s’en rendra compte. Et c’est pour bientôt.
L’UPADS est la première force politique du Congo malgré tous les problèmes
auxquels il est confronté. Les cadres du parti restés au pays sont
déterminés à relancer ses activités avec l’appui des militants qui
n’attendent que cela depuis plusieurs mois. Comme toute œuvre humaine,
notre action destinée à redynamiser le parti ne manque pas de faille. Mais
nous sommes convaincus que nous allons gagner le pari. Et nous sommes
certains que le président Pascal Lissouba appréciera notre travail le jour
où il rentrera au pays. » Joseph Kingoumbi-kia-Mboungou a promis des actions
de grande envergure dans le cadre de redynamisation du parti. »

Jean-René Kule Kongba

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