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RD Congo : La guerre civile ?

Deux jours, seulement, après la proclamation du verdict des urnes, le spectre hideux de la guerre civile vient altérer les satisfecit de la communauté internationale à l’issue du premier tour des élections présidentielles et législatives. En dépit du nom qui a été donné à ce coin du monde, la démocratie y est très relative. On peut reconnaître à une certaine élite politique africaine son apport dégradant dans l’orthodoxie démocratique et constitutionnelle. Un étrange second tour se profile parrainé par deux fantômes : Laurent Désiré Kabila dont le rejeton Joseph Kanzemba Kabila chef d’Etat sortant, est auréolé de 45% des suffrages, et Joseph Désiré Mobutu dont Jean Pierre Mbemba, vice président, se proclame héritier en terminant fier second avec 20% des voix. L’illusion égocentrique d’être l’axis et le souverain de la « taupinière » qu’est la République Démocratique du Congo, est lisible. En dépit de leurs travaux, les généticiens sont toujours en quête du génome du pouvoir politique.

Les congolais qui rêvent de la démocratie, s’étonnent on ne sait pourquoi, que le fameux gouvernement 1+4, ombrageux libérateur, qui a eu le bonheur d’améliorer leur sort grâce à de nombreuses mesures sociales et économiques, bascule soudain dans une violence bien éloignée des opportunités d’ouverture offertes par le processus que leur propose la troisième République. Les signes d’un consensus de gestion politique, certes fragile, étaient pourtant visibles.

Les seigneurs de guerre du panier de crabes gouvernemental, se sont bien gardés de désarmer et dissoudre leurs milices privées ou de les intégrer dans une force armée républicaine et apolitique.

Les signes d’entrée en éruption imminente du volcan RDC semble surprendre la diplomatie européenne, c’est pourtant elle qui allume la mèche en désirant contrer son homologue US, fervent supporter de Kabila Fils, en offrant son soutien à Jean-Pierre Mbemba. Peut-on comprendre que les diplomates de la communauté européenne aient inversé la courtoisie protocolaire en lui offrant la primeur de leur entretien.

Dans ce pays, les européens portent le lourd handicap de la colonisation belge, qui ne s’est décidée qu’après quarante ans à reconnaître sa culpabilité dans l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, avec la complicité active du « Roi-léopard ». Si Lumumba est considéré comme l’artisan de l’indépendance, il est patent que Joseph Kabila a réussi l’exploit d’avoir sorti le RDC du marasme économique et d’avoir redoré l’image de son pays face à la communauté internationale.

Quelles magouilles hégémoniques les services secrets des « tuteurs » sont ils en train de tenter de nous faire gober ? Personne ne peut aujourd’hui douter de l’intelligence et de la volonté de transparence du président sortant. Pourtant, il aurait commis la maladresse de lancer une attaque par sa garde présidentielle du domicile de Jean Pierre Mbemba, au moment même où les observateurs internationaux, manipulateurs de l’opinion et des sondages y sont reçus en audience. Insensé et invraisemblable, cette action ne peut que le desservir dans la préparation d’un deuxième tour encore très incertain, mais dont il détient la pole position.

La République Démocratique du Congo n’est pas comme la Centrafrique, sans enjeux économiques et géo politiques. Ce pays grand comme cinq fois la France, regorge d’immenses richesses, c’est un gâteau que les super puissance n’entendent pas se partager. Le face à face Kabila /Mbemba, est un combat Washington vs Bruxelles et personne n’acceptera qu’il avorte par une conciliation : ça passera ou ça cassera. La République Démocratique du Congo avance t-elle vers la sécession ? Le pire est à craindre dans cette sous région dirigée depuis un demi siècle par une classe politique kleptomane et despotique occupée à pérenniser et renforcer sa position dominante sans se préoccuper le moins du monde des destinées de son peuple.

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