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RDCongo : au Katanga, le candidat Bemba appelle à un vote anti-corruption

LUBUMBASHI (AFP) L’ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba, premier candidat à la présidentielle congolaise à tenir meeting dans la capitale de la riche province minière du Katanga (sud-est), a appelé les habitants de Lubumbashi à sanctionner les "pilleurs" des ressources du pays.

« Je vous invite à voter utile et à ne surtout pas choisir ceux qui continuent à piller les ressources minières du Katanga », a lancé M. Bemba jeudi soir à des milliers de sympatisants, visant directement le président Joseph Kabila, son concurrent, originaire de la province.

Pour sa première visite de campagne sur les terres du clan Kabila, réputé pour avoir la haute main sur les juteux contrats miniers passés ces dernières années dans cette région riche en minerais de cuivre, le vice-président en charge de l’Economie et des Finances avait préparé le terrain.

Calicots et T-Shirts à son effigie ont été distribués sur le chemin menant de l’aéroport au centre de la ville, où une imposante tribune avait été dressée pour son meeting.

Depuis mercredi, un hélicoptère affrété par un député du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, pro-Kabila) arrosait la ville de Lubumbashi de tracts électoraux et de billets de 200 francs congolais (0,5 dollars).

Bemba, chef de l’ex-rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC), a sollicité les suffrages du Katanga pour mettre un terme à des pillages « qui ne profitent qu’à une poignée de fils de la province actuellement au pouvoir ».

Une foule nombreuse s’était pressée pour l’écouter raconter son engagement dans la rébellion au cours de la dernière guerre en RDC (1998-2003), son combat pour la paix et sa lutte contre la corruption.

« A ce jour, personne ne peut s’approprier le mérite d’avoir pacifié ce pays », a-t-il dit, cherchant à défaire l’image de pacificateur que Kabila fils entretient depuis son accession au pouvoir en 2001.

« La paix se dessinait déjà à l’époque où Kabila (père) avait pris part active à l’Accord de Lusaka en Zambie (1999) », a-t-il soutenu, justifiant son entrée en guerre contre le gouvernement de Kinshasa du fait que « des étrangers, aux côtés de Laurent-Désiré Kabila avaient installé une autre dictature », après celle de Mobutu dont le règne sans partage a duré 32 ans.

« Cette paix est l’oeuvre de Laurent-Désiré Kabila, du MLC et du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie, ex-rébellion soutenue par le Rwanda) », a-t-il martelé.

« C’est pourquoi je vous invite à voter utile », a poursuivi l’ex-rebelle, dont le nom est cité avec celui d’autres ex-belligérants dans un rapport d’experts de l’Onu sur le pillage des ressources naturelles de la RDC.

« De grâce, ne votez pas tribal », a ajouté cet originaire de l’Equateur (nord) qui s’exprimait en lingala (langue de l’ouest) devant un auditoire swahiliphone du sud-est qui l’a chaudement applaudi.

Pendant près de 45 minutes, il a appelé son public à « participer massivement aux élections ». Comme dans son fief de l’Equateur où il a entamé sa campagne, il a promis « justice, sécurité et développement » aux Congolais.

Cet homme d’affaires converti tardivement à la politique mise sur son bilan au sein du gouvernement de transition (installé en 2003) qui a permis de « stabiliser les prix », « maîtriser l’inflation » et « relancer la croissance » pour barrer la route au président sortant.

Se félicitant de l’accueil enthousiaste de Lubumbashi, le candidat Bemba a clôturé sa prestation en annonçant la poursuite de sa "communion" avec les électeurs katangais, en se rendant vendredi à Kalemie (est), sur les rives du lac Tanganyika.

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