Alors que le nombre d’orphelins a diminué d’environ un dixième depuis 1990 en Asie, en Amérique Latine et aux Caraïbes, il ne cesse d’augmenter en Afrique subsaharienne, le sida aidant. Ainsi, d’après l’Unicef, 3,8 millions d’enfants africains ont perdu un ou leurs deux parents du fait du sida depuis 2000.
"Quelque 3,8 millions d’enfants africains ont perdu un ou leurs deux parents du fait du sida depuis 2000". Ces statistiques sont contenues dans le rapport de l’Unicef Les enfants au bord du gouffre 2004 et elles sont les plus récentes concernant les estimations du nombre d’orphelins, en particulier ceux dont les parents sont morts du sida. Il révèle entre autres qu’en deux ans à peine, entre 2001 et 2003, le nombre d’enfants dont un ou les deux parents ont été emportés par la pandémie est passé de 11,5 à 15 millions, la grande majorité de ces enfants vivant en Afrique subsaharienne. Ainsi, dans cette région, la proportion d’orphelins du fait du sida est passée d’environ 2 % en 1990 à plus de 28 % en 2003. D’ici à 2010, on estime à 18,4 millions le nombre des "sans familles".
Ces chiffres rendent compte de l’urgence de la situation. Leurs parents disparus, ces enfants vulnérables ont, a fortiori, besoin d’une protection renforcée, et ce de la petite enfance jusqu’à la fin de l’adolescence. L’Unicef s’en remet aux autorités publiques afin de faciliter le développement des petits miséreux. « Maintenir leurs parents en vie et en bonne santé, veiller à ce qu’ils bénéficient d’une éducation de qualité, renforcer les lois, politiques et normes qui protègent les enfants de l’exploitation et des mauvais traitements », telles sont les mesures préconisées. Le Sénégal, souvent cité en exemple à suivre en matière de prévention de l’épidémie, n’est pas le premier pays visé par ce rapport. La maladie y est encore peu présente comparativement aux autres pays d’Afrique subsaharienne. Le fléau a été pris au sérieux dès les premiers cas recensés. Les pouvoirs publics ont vite mis en place des campagnes d’information et de sensibilisation afin de limiter les comportements à risques et de promouvoir l’usage des préservatifs. Mais si les indicateurs tendent à montrer que la maladie se situe à un niveau de prévalence faible et stable (1,8 % chez les adultes), la situation n’en demeure pas moins préoccupante, vu la forte expansion de l’épidémie dans les bidonvilles entre autres. Et les chiffres ne sont pas des plus rassurants : des 80 000 Sénégalais vivant avec le virus, environ 3 000 sont des enfants. D’après l’Unicef dans son rapport sur la situation des enfants dans le monde 2004, en 2001, 15 000 enfants sont devenus orphelins à cause du sida et 74 % d’entre eux seulement fréquentent un établissement scolaire.
Delphine Frenoux
