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Mamadou Mika LOM

Relance de l’enseignement secondaire en Afrique : les blocages attendus

8 juin 2004

La relance et le développement de l’enseignement secondaire en Afrique est en passe de devenir la seule préoccupation de la Banque Mondiale, comme ce fut le cas, ces dix dernières années, pour l’enseignement élémentaire.

Pour réussir à faire admettre par les pays africains sa nouvelle philosophie sur la question, la Banque Mondiale s’appuie sur des arguments souvent documentés, selon lesquels, les progrès enregistrés dans le domaine de l’éducation, créent des besoins nouveaux basés sur les connaissances et l’apprentissage. Aussi, pour la Banque, est-il inadmissible qu’un continent, comme l’Afrique dont les urgences de développements économique et sociale sont si évidentes, soit confiné à un taux moyen de scolarisation dans le secondaire de seulement 24 % pendant qu’ailleurs, la moyenne tourne autour de 50 %, voire plus.

C’est le cas en Asie du Sud-Est où ce taux est de 52 % tandis qu’en Asie de l’Est, dans les pays du Pacifique et en Afrique du Nord, les taux de scolarisation dans le secondaire sont respectivement de 65 % et 60 %. Les pays d’Amérique du Nord battent tous les records avec 82 % d’adolescents dans le cursus.

Pour espérer creuser l’écart de développement qui sépare l’Afrique du reste du monde, il faut nécessairement combler ce gap. C’est certainement le seul moyen de faire face aux défis d’apprentissage, de technologie et de santé, entre autres, auxquels l’Afrique fait face.

C’est dire que les nouvelles urgences commandent à l’Afrique de pouvoir anticiper sur les besoins de demain qui ne seront pas forcément ceux d’aujourd’hui, a laissé entendre Mamadou Ndoye, Secrétaire Exécutif de l’ADEA, lors de l’ouverture de la deuxième conférence internationale sur l’enseignement secondaire en Afrique.

Selon lui, " il n’y a ni opposition, ni conflit entre la priorité donnée à l’éducation de Base et l’expansion de l’enseignement secondaire ". Une vérité que partagent nombre d’experts africains participant à la rencontre mais qui craignent toutefois d’assister, dans les prochaines années, à une régression de l’enseignement élémentaire alors qu’il n’avait même pas encore répondu à toutes les attentes, surtout en matière de qualité.

Comment en effet, réaliser les progrès recherchés dans le cours secondaire avec le niveau actuel des élèves qui arrivent en fin de cycle élémentaire après six ans de présence sans une maîtrise parfaite des apprentissages ? L’interrogation demeure.

L’autre obstacle qui risque de se dresser devant les pays africains est celui relatif à l’allocation des ressources nécessaires au développement de l’enseignement. Leurs coûts peuvent être encore beaucoup plus importants ( surtout dans le secondaire technique et professionnel), que ceux de l’élémentaire : coûts des infrastructures ; des manuels ; des équipements, etc.

S’il est vrai qu’au sortir du forum mondial de l’éducation pour tous en avril 2000, les pays africains étaient tous repartis avec l’assurance que l’argent ne fera jamais plus défaut aux projets en éducation viables, ils ont dû se rendre à l’évidence, surtout depuis l’avènement du " Fast Tracke" en 2002, en constatant que les partenaires au développement n’étaient pas si prompts à répondre à leurs sollicitations.

L’épithète " viable " collé aux projets s’érige comme une nébuleuse visant à limiter la volonté des bailleurs à financer les projets et plans d’actions élaborés par les Etats dans le cadre de l’initiative spéciale des Nations-Unies pour la Décennie. Jusque-là aucun pays ne peut se prononcer réellement sur le sens à donner aux critères de viabilité posés par la Banque pour accéder aux financements. Ainsi, la seule possibilité qui reste aux pays africains est de pouvoir compter sur leurs propres ressources et leur capacité à opérer les meilleurs arbitrages possibles dans l’allocation des ressources pour une meilleure articulation des ordres d’enseignements. Il faudra que les pays africains puissent adapter les coûts unitaires des intrants qui entrent dans la construction, l’équipement et la gestion des personnels " pour faire plus avec moins ", comme le leur a vivement conseillé le Secrétaire Exécutif de l’ADEA. Et pour mieux réussir l’innovation dans ce cadre, il faut mettre fortement à contribution la recherche.

http://fr.allafrica.com/

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