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Retour forcé des populations dans les secteurs ouest de Brazzaville touchés par les combats

BRAZZAVILLE, 22 juin (AFP) - 9h26 - Les populations civiles qui avaient trouvé refuge dans les églises après avoir fui les combats dans les secteurs ouest de Brazzaville entre les troupes gouvernementales et les miliciens ninjas ont été forcées vendredi après6midi à regagner leurs habitations.

"Les populations repartent sous la pression. Nous avons reçu la visite de gens en civil qui nous ont intimé l’ordre d’évacuer le site au plus tard vendredi soir. Aussitôt après, des véhicules loués par les autorités municipales ont stationné à l’entrée du site pour transporter les déplacés", explique Archette Moukoko, responsable de l’église l’Armée de Salut à Moungali (centre).

Ces retours pourraient s’expliquer par le déroulement dimanche du second tour des élections législatives.

Jeudi, le ministre de la communication, François Ibovi avait indiqué que les attaques des "terroristes", terme officiel pour désigner les ninjas, ne remettraient pas en cause le processus électoral.

Les combats qui ont opposé le 14 juin dans les secteurs ouest de la capitale congolaise, Mfilou, La Base et Moukondo les forces gouvernementales et les miliciens ninjas du pasteur Frédérik Bitsangou, alias Ntumi, ont provoqué l’exode des milliers de civils dans les quartiers voisins.

Près de 10.000 civils ont été accueillis dans des sites ouverts dans la paroisse Saint-Esprit de l’église catholique, le poste de l’Armée de Salut, de l’église kimbanguiste dans le quartier de Moungali (centre) et dans la paroisse Sanit-Pierre Claver de Bacongo (sud). Les autres déplacés avaient rejoint des familles.

Nombre de civils avaient déjà commencé à regagner leurs habitations par leurs propres moyens. Ces retours étaient surtout timides dans les sites d’accueil où pour des raisons de sécurité, les populations préféraient encore rester sur place.

"Je ne peux plus vivre à Mfilou. Des éléments incontrolés de l’armée violent les femmes", déclare Yolande qui s’est rendue quelques jours plus tôt dans le quartier pour récupérer les biens, puis a regagné le site de l’Armée de salut.

Par familles, les déplacés montent dans les véhicules pour rejoindre leurs habitations. D’autres ont loué eux-mêmes des chariots pour transporter des matelas et des valises.

Le maire de Mfilou, Albert Samba a assisté au départ des premiers convois.

Dans le site de l’Armée de Salut, des équipes de santé ont organisé des consultations médicales pour les déplacés et vacciné des enfants contre la rougeole.

"Nous avons programmé ces consultations depuis l’ouverture du site. Nous redoutions des cas de malnutrition parmi les enfants parce que sur place ici, nous avions découvert deux cas de rougeole", ajoute Mme Moukoko pour qui les retours précipités des déplacés perturbe les consultations médicales.

A Mfilou les combats n’ont pas fait d’importants dégâts matériels. Seuls le siège de l’arrondissement et un commissariat de police ont été incendiés par les ninjas. Les maisons d’habitations sont encore intactes.

"Les ninjas étaient passés par Mfilou après avoir tenté en vain de prendre le contrôle de l’aéroport de Maya-Maya dans le quartier voisin La Base. Les combats n’ont pas été rudes par ici. C’est pour cela qu’il n’y a pas assez de destructions", affirme un sous-officier de la police.

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