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Revue de la presse congolaise

L’élection présidentielle du 10 mars prochain
alimente, dans l’ensemble, la presse congolaise.

Les Echos, hebdomadaire dirigé par Adrien Wayi,
journaliste à Radio Congo qui a animé les Dépêches de
Brazzaville avant de lancer son journal interpelle les
prétendants, dans son éditorial, quant au souhait des
congolais qui, selon lui, se pencherait vers des
adversaires qui “soient un peu plus dignes dans leurs
propos surtout au cours de leurs différents meetings
et qu’ils aient le flair-play tout en étant aussi
prolixes sur leurs projets de société.”

Les congolais ont droit à autre chose que ce qu’ils
ont vécu jusqu’à présent “après avoir connu une
spirale de violences jamais vécues dans leur histoire,
les congolais ont plus besoin d’un compatriote digne,
un politique de haute facture, doublé d’une forte
carrure d’homme d’Etat, à la fois pragmatique et
soucieux de notre devenir commun”, continue –t-il
plus loin.
Les Echos s’interrogent, dans un article, si Denis
Sassou Nguesso est assuré d’une victoire dès le
premier tour de la présidentielle. En tenant compte de
l’appui dont il bénéficie l’actuel président ne sera
assuré d’une victoire dès le premier tour que si ce
soutien de la majorité des partis politiques et
associations se concrétise aussi fortement dans les
urnes. Mais, la difficulté pourrait venir des
militants de ces partis non membres des Forces
Démocratiques Unies (FDU) qui ont signé des accords
avec le Parti Congolais du Travail (PCT). Car, il
n’est pas sûr que ces militants respectent les
consignes de vote de leur hiérarchie. L’article
relève, en outre, le fait que la culture démocratique
n’est pas encore acquise par la majorité des
congolais. Ces derniers préférant choisir les
candidats sur la base de l’éthnie ou de la région
plutôt que sur leurs programmes.

Tam-Tam d’Afrique, dirigé par Joseph Ngouala,
correspondant de l’AFP à Brazzaville titre à la une
“Sassou Nguesso largement soutenu, l’opposition en
rangs dispersés”. Il fait état du large consensus dont
bénéficie Denis Sassou Nguesso qui a réussi à rallier
à sa candidature la majorité des partis politiques
alors que l’opposition, au lieu de se serrer les
coudes, se lance dans l’aventure électorale en rangs
dispersés. Ce qui fait du candidat Sassou Nguesso “le
candidat le mieux placé pour remporter sans encombre
la présidentielle”.

Le Choc, proche du pouvoir et dirigé par Asie
Dominique de Marseille fait aussi une large place aux
élections dans ses colonnes. Ce journal soutient que
“Denis Sassou Nguesso est le candidat du consensus” du
fait que “les partis politiques, même cuex qui ne sont
pas de la famille politique de Denis Sassou Nguesseo,
ont choisi volontiers de mettre entre parenthèses
leurs divergences et leurs idéologies, pour soutenir
dans une quasi unanimité la candidature de Denis
Sassou Nguesso à l’élection présidentielle du 10 mars
prochain”

La Semaine Africaine, hebdomadaire de l’Eglise
Catholique du Congo-Brazzaville, dans son éditorial
“Par la tolérance, pour une nouvelle culture
politique” , tire la sonnette d’alarme à l’approche de
la présidentielle “La compétition électorale peut
faire renaître des refléxes qui peuvent,
malheureusement, constituer autant de menacs à la
démocratie et à l’unité nationale”, écrit Joachim
Mbanza. Avant de continuer : “L’émergence d’une
nouvelle culture politique passe par la tolérance.
C’’est surtout pendant la période électorale qu’on
pourra mesurer combien les acteurs politiques
congolais et leurs militants sont tolérants les uns à
l’égard des autres”.
La Semaine Africaine fait également état du Rapport
national sur le développement humain 2002 de la
République du Congo. Ce rapport de 125 pages, fruit du
travail minutieux du Programme des Nations Unies pour
le Développement fait le constat de “la mauvaise
gouvernance” et des “choix hasardeux” qui constituent
les drames de ce pays. Il présente aussi “les
principaux repères d’action ” pour un développement.
La richesse de ce rapport, ce sont les chiffres,
statistiques qui, jusqu’à présent, étaient
difficilement trouvables. “Côté statistiques, les
estimations de l’an 2000, par exemple, rapportent que
le Congo a exporté 12,9 millions de tonnes de pétrole
brut pour 1732,2 milliards de Fcfa. Le pétrole a
constitué, en 2000, 94% des exportations totales. La
production pétrolière du Congo a évolué de 3,3
millions de tonnes de 1980 à 13,1 tonnes en 2000. La
population a cru de 1.613.000 habitants en 1980 à
2.776.000 en 1999. Le taux de chômage aussi. L’encours
de la dette extérieure est passée de 316,6 milliards
de Fcfa en 1980, soit 88/ du Produit intérieur brut, à
3.686 milliards de Fcfa en 1999, soit 323/ du PIB”.
“Le service de la dette représente, à lui seul, 91%
des recettes budgétaires totales. Si cette charge
venait à être payée entièrement au cours d’une année,
l’Etat s’arrêterait de fonctionner”, indique le
rapport. Le rapport souligne que le taux net de
scolarisation est tombé de 95,9% à 77,4% entre 1980
et 2000 dans le primaire et de 61,8% à 43,8% dans le
secondaire. Les dépenses publiques en matière
d’éducation ont regressé à 5% en 1998 alors qu’elles
étaient de 20% à 25% en 1994. Le rapport note, par
contre, une considérable amélioration à l’accès aux
services de santé ces 40 dernières années. Car, cet
accès est passé de 69,1% et 41,2% en 1960 à 88,1%
aujourd’hui. Une nette amélioration a aussi été notée
en milieu rural, de 21,4% en 1960 à 72% en 1999. Le
rapport ne s’est pas contenté de faire un constat, il
propose des « repères principaux d’une politique de
reconstruction et de développement humain ». C’est
pourquoi, ce document stipule que « face à la
mauvaise gouvernance et au déficit de culture de paix,
seul un nouveau pacte social peut conduire la
République du Congo vers la restauration, la
consolidation et la promotion d’une paix durable.
C’est une étape importante dans le processus de retour
à un développement humain de long terme. Ce pacte
social relève à la fois d’une approche préventive et
d’une approche curative. »

L’Observateur, hebdomadaire d’information, d’analyse
et d’opinion, dirigé par un jeune journaliste Gislin
Simplice Ongouya, dans son éditorial “La dîme du
président” s’indigne contre cet argent collecté par
plusieurs partis politiques et associations soutenant
la candidature de Denis Sassou Nguesso pour lui
permettre, semble-t-il, de payer sa caution. Tous ont
mis la main à la poche. Et, Gislin Simplice Ongouya de
se questionner : “le président de la République
serait-il à 5 millions près pour que sur toute
l’étendue du territoire des pauvres gens aient été mis
à contribution afin qu’il gagne avant même le premier
tour ?...” Il prend comme exemple ce directeur d’un
établissement public qui dirige une association et qui
a collecté 6 millions, un ministre a recueilli 4,5
millions, l’Union révolutionnaire des femmes du Congo
(URFC), branche féminine liée au PCT qui a refait
surface a donné 3,5 millions de Fcfa. L’éditorialiste
écrit que “le président a déjà réuni assez d’argent
pour battre à plate couture ses propres rivaux”.
Ce journal fait aussi état à la une d’un accord secret
qui serait intervenu entre Nelson Mandela et Bernard
Kolelas. Ce dernier aurait demandé à Nelson Mandela de
plaider sa cause auprès du pouvoir de Brazzaville pour
lui permettre de rentrer au bercail. L’article raconte
comment le pouvoir actuel avait, dès mars 1998, envoyé
une délégation à Abidjan pour amorcer un dialogue avec
Bernard Kolelas, fondateur du MCDDI. Cette délégation
était composée de Michel Mampouya, actuel président du
MCDDI, Mgr Anatole Milandou, actuel archevêque
métropolitain de Brazzaville, Jean-Claude Nganga, le
Doyen des sages du MCDDI qui est son légendaire
compagnon et Antoinette Bakouétela qui fut présidente
de la branche féminine du MCDDI. La délégation aurait
rencontré Bernard Kolelas au domicile du ministre
ivoirien des affaires étrangères de l’époque Amara
Essy. Au sortir de cette rencontre, le leader du MCDDI
avait “promis ne pas gêner le pouvoir”. Cependant, il
changera vite d’avis puisqu’il va continuer sa
campagne contre le pouvoir en place qui finira à la
catastrophe avec la reprise de la guerre en décembre
1998.
Cet article informe que “la rencontre Mandela –
Kolelas a donné lieu à un compromis du genre que lui
avait proposé le président actuel. Le silence contre
les possibilités de médiation”. Bernard Kolelas aurait
déjà donné des consignes à ces inconditionnels
compagnons de lutte en exil ou à l’intérieur du pays
“de ne plus gêner Denis Sassou Nguesso ; de le laisser
mener le pays selon sa vision de l’histoire”. Cela
lui aurait été proposé par Nelson Mandela en échange
d’une possible facilitation. Si cette information se
confirme au niveau de Brazzaville “Kolelas sera obligé
de faire ce que le pouvoir de Brazzaville lui dictera.
Il n’aura pas le choix. Dans ce cas de figure, il aura
à faire à Michel Mampouya qu’il honnit, aujourd’hui
seul interface pour le pouvoir entre lui et le
président fondateur du MCDDI...”, pense l’article.

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