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Serge Berrebi répond au Ministre des Finances au sujet des barils de pétrole "disparus"

Il y a quelques semaines, Serge Berrebi avait adressé une lettre au Ministre des finances au sujet des chiffres publiés sur la production pétrolière et les revenus engrangés en 2004. Chiffres qui montraient que la production du Congo avait été exagérément sous évaluée. Suite aux réponses du Ministre à ce sujet lors de la séance des Questions au gouvernement, Mr Berrebi, réplique par une autre lettre adressée au Ministre pour éclairer sa lanterne.

Monsieur le Ministre,

Le 27 août 2005, devant le Parlement congolais réuni à l’occasion d’une séance de « 
Questions au Gouvernement », retransmise par la télévision nationale, un des Députés
vous a interrogé sur l’objet de la lettre que je m’étais permis de vous adresser le
31 juillet dernier par courrier électronique (lettre reprise abondamment dans la
Presse congolaise).

D’après le compte-rendu que l’on m’a fait de votre réponse, il semble que vous avez
été intéressé par les éléments que j’avais avancés (14 millions de barils de pétrole
non comptabilisés en 2004) et que vous alliez faire le nécessaire, avec vos
services, pour savoir ce qu’il en était exactement. Au passage vous m’aviez même
traité de « Créancier vautour ». Cela m’a affecté et j’ai décidé d’approfondir mon
travail et de l’affiner pour vous le soumettre à nouveau ainsi qu’à tous les
Honorables du Parlement de Brazzaville, pour lesquels j’ai la plus grande
considération.

Par la force des choses, du fait que l’Etat congolais, conseillé par d’importants
Cabinets d’Avocats internationaux, a utilisé ses ressources pour organiser son
insolvabilité au travers de structures offshore, de filiales exotiques et de
montages financiers complexes, il m’a fallu, alors, m’adapter et faire un important
travail de recherche et « d’intelligence économique » pour mener à bien mes
procédures légales. La grande banque que je poursuis actuellement, pour avoir menti
à mon Huissier lors d’une saisie, a déjà été reconnue coupable de fraude par
l’Expertise qui vient d’être achevée. Cette véritable institution bancaire, complice
des méfaits d’un de vos prédécesseurs, vous a déjà, sûrement, fait part des tracas
que leur causait l’excellente qualité de mes investigations.

Les informations que je vous ai, déjà, communiquées et celles qui vont suivre
auraient dû être payées et très bien payées. Mais connaissant parfaitement
l’ingratitude, et la mauvaise foi, de l’équipe dans laquelle vous travaillez, je
préfère vous en faire cadeau. Ma satisfaction est très grande de démontrer que le
Congo ne produit pas 259.420 barils/jour, mais bien 332.101 barils/jour !

Pardonnez moi, Excellence, Monsieur le Ministre, la différence n’était pas de 40.000
barils/jour mais bien de 72.681 barils/jour !

Soit un total de 26.528.565 barils pour l’année 2004 .

Pour vérifier ces chiffres ce sera un jeu d’enfant : en dessous du tableau, où
figurent les productions déclarées par les opérateurs, apparaissent les « liens »
sur lesquels il faudra simplement cliquer pour contrôler la véracité des chiffres
avancés. Invitons tous les, bienheureux, congolais qui ont accès à Internet à en
faire de même !

Pour le cas de Maurel & Prom (Zetah M&P dans votre document) si l’on ajoute la
production de Burren Energy Africa (associé au champ de MBoundi) on obtient un
montant inférieur à celui de votre déclaration sur votre site Internet. Curieux,
mais nous avons retenu tout de même les chiffres que Maurel & Prom et Burren Energy
Africa ont déclarés, chacun de leur côté, à leurs actionnaires.

Pour Perenco/Nomeco, ce groupe déclare 12.000 barils/jour. SNPC est associée dans ce
champ à 50%. Normalement si Perenco dit recevoir ou produire 12.000 barils/jour,
SNPC devrait en recevoir autant. Pour ne pas commettre d’erreur, prenons ce chiffre
comme une production globale. Il faut simplement espérer qu’un Honorable Député vous
posera cette question. La production d’ENGEN associé à de nombreux champs est
ignorée, elle aussi !

Avant tout également, vous conviendrez que le Congo, d’une manière ou d’une autre
(Redevance +Taxes ou Partage Production) retire au minimum 34% du pétrole extrait de
son sous-sol (en vérité un niveau de rémunération inférieur à ce qui a cours en
Angola, au Gabon, en Algérie, ne parlons pas de l’Arabie Saoudite). Lorsque qu’une
société pétrolière déclare dans son bilan annuel qu’elle a une part de production
nette, c’est bien la part qui lui revient après s’être acquittée de ce qui est dû « 
souverainement » à l’Etat congolais. C’est une simple « règle par 3 » qu’il faut
alors appliquer pour avoir la production globale.

Part nette déclarée barils/jour 2004
Part SNPC / ETAT barils/jour
Total Production barils/jour 2004

TOTAL
90.000 (page 62)
46.363
136.363

ENI
74.000 br>
37.212
112.121

CHEVRON
12.000 (page 2)
6.181
18.181

MAUREL & PROM
20.000 br>
11.250
31.250

PERENCO/NOMECO

12.000(5)

BURREN ENERGY AFRICA
4.900 (page 13)
2.524
7.424 (page 13)

CONGOREP

6.613

LIKOULA SA

8.149

Total : 332.101 barils/jour

Continuons donc, si vous le voulez bien, dans le cadeau que j’ai décidé de vous
faire aujourd’hui :

Le différentiel est de 72.681 barils/jour, soit 26.528.565 barils pour l’année 2004, représente un volume d’affaires de : 1.016.044.039 US $, soit 536.471.252.856 FCFA.

Moyenne dollar contre FCFA en 2004 : 1 $ = 529 FCFA

Baril Brent Daté , moyenne annuelle : 38,3$
Source : Union Française des Industries Pétrolières

De ce différentiel de 72.681 barils/jour, il aurait dû revenir, « part du Congo » au
Trésor Public congolais pour l’année 2004 : 182.400.225.971 FCFA.

Grossièrement arrondi, après décote, frais financiers, commissions, voyages en jet
privé et amusements divers pour le DG (ancien ou nouveau) de la SNPC : 170 MILLIARDS
DE FCFA manquent à l’appel de votre Ministère. Et retenons que la production de
pétrole au Congo est bien de 332.000 barils/jour d’après les producteurs à leurs
actionnaires !

Pour terminer, Excellence, Monsieur le Ministre, l’étiquette de « Vautour » que vous
m’avez accolée ne me convient guère. Questionnez, je vous prie, un de vos prédécesseurs, Monsieur Justin Leckoundzou, Député et, si je ne me trompe, Président
du Groupe PCT au Parlement, sur mon parcours à SOCAVILOU alors qu’il avait quitté le Ministère des Finances pour celui du Développement Rural. Il vous dira que j’ai été
une victime, il y a seize ans donc en 1989 du système qui avait cours à l’époque (je suis éloigné du Congo depuis 1998 et j’ignore quel système prévaut aujourd’hui.).
Il vous racontera en détail comment sur mes fonds propres, et après deux années d’efforts, j’avais relancé le complexe avicole puis le comment et le pourquoi de ma
spoliation. Le complexe avicole a été pillé, bien avant les guerres civiles, et trois mois après mon éviction par le Ministre Oba Apounou, plus rien n’y subsistait.

« Vautour » suis-je ? Comment alors qualifieriez-vous la société privée qui perçoit
pour le compte de la République du Congo ses droits maritimes ? Son principal
actionnaire, opaque comme un baril de Yombo, est domicilié au Liechtenstein. Non
seulement cette compagnie ne verse rien au Trésor Public congolais mais en plus elle
perçoit des subventions chaque année. Depuis 7 ans que dure cette mascarade qui, à
part l’Honorable Gervais Alexandre Honkassa, s’est élevé contre ce scandale absolu ?

Créancier victime, plutôt que vautour. Peu importe d’ailleurs, je ne poursuis plus
le Congo ! Vous avez tellement bien organisé votre insolvabilité et « même votre
pauvreté » qu’il n’y a plus aucun bien que l’on puisse saisir à l’extérieur. Plus un
os à ronger, plus de meubles ni de véhicules de la SNPC à saisir et à vendre aux
enchères ! La SNPC sous-loue des bureaux à Paris, à son ancienne adresse, et opère
la commercialisation des cargaisons dans la clandestinité au travers de circuits
opaques et troubles.

Alors, concentrons nous sur l’augmentation de la production cette année 2005 qui est
sensible, principalement, du fait de Nkossa.

Près de 100.000 barils/jour, de plus, grâce à ce champ qui avait nécessité un
investissement de 1,7 milliard de dollars, et qui devait extraire 120.000
barils/jour + 300.000 tonnes de GPL par an. Monsieur Guy Maurice DG de Total Congo
révèle à La Tribune (très sérieux quotidien économique français appartenant au
Groupe LVMH), dans un article publié le 04 juillet 2005 (ci-dessous) : . « .alors
que le champ de Nkossa répond enfin aux attentes. Le Directeur Général de Total
Congo y voit le signe d’une reprise. « Nous produisions 30.000 barils/jour en 2004,
130.000 aujourd’hui,se félicite-t-il. Nous allons encore monter en puissance » ». Il
faut compter plus de 10.000 barils/jour de plus encore pour Maurel & Prom cette
année encore

Egalement grâce à la hausse du prix du baril de pétrole vous devriez percevoir
actuellement en 1 mois ce que vous perceviez, il n’y a pas si longtemps, en une
année.

Je pourrais faire le calcul si vous le souhaitez : au niveau où vous vous trouvez,
maintenant, d’environ 450.000 barils/jour, à 63 dollars le baril en moyenne, c’est
289 millions de dollars par mois soit la bagatelle de 153 Milliards de FCFA qui
auraient dû entrer dans vos caisses !!!! PAR MOIS !!!! En juin, en juillet, en août
 ! Quel bonheur pour le Congo !!! L’équivalent de 50.000 FCFA par congolais (homme,
femme, enfant, vieillard). 500.000 FCFA par foyer ! Par mois !!!!.

A la fin de cette année (ce sont les dernières informations de l’I.A.E.,
Gouvernement américain, qui l’affirment
http://www.eia.doe.gov/emeu/cabs/congo.html), le champ de Moho Bilondo (Moho Nord,
Moho Sud et Bilondo) entrera en production. Elle serait prévue à 80.000 barils/jour
(huile et gaz). Un milliard de dollars auront été investis pour cela. Maurel & Prom
continuera à alimenter l’augmentation de la production congolaise qui devrait donc
atteindre en 2006, au total, pas loin de 550.000 barils/jour.

Il faudra également compter sur l’entrée en production des champs Libondo, Tchibeli,
Litanzi, et Yanga-Sud sur lesquels les informations sont rares ainsi que N’Kossa Sud
et N’Soko, champs satellites de N’Kossa, dont la mise en production sera
relativement simple.

AGIP discrètement poursuit ses recherches et grâce à une très importante découverte
va présenter au Parlement une demande de renégociation de son Contrat Partage
Production.

Sans oublier la fameuse ZIC, opérée par Chevron, dont on peut espérer une entrée en
production prochaine (on ne sait toujours par quel était le bonus versé par Chevron
en 2004 pour sa nomination d’opérateur sur ce champ, partagé entre l’Angola et le
Congo).

Pour résumer, depuis 7 années :

 la production de pétrole à la fin de cette année aura été multipliée par 2 !

 le prix du baril de pétrole aura été multiplié par 4 !

 la production de grumes de bois multiplié par 3 ! (1.500.000 m3 en 2005,
à ce rythme dans quel état sera la forêt congolaise dans 10 ans ?)

Pauvre Congo disiez-vous ? « Créancier vautour » ?

Veuillez agréer, Excellence, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute
considération.

Serge Berrebi

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