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Siège de la ville de Kindamba et refus d’y laisser entrer l’aide humanitaire

NAIROBI, 23 mai (IRIN) - Au moins 5 000 personnes sont prises au piège depuis le 31 mars dans la ville de Kindamba, dans la région de Pool, en République du Congo, et le gouvernement congolais n’a pas encore permis à la communauté internationale d’y avoir accès pour évaluer les besoins en matière d’aide humanitaire, a communiqué lundi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

"L’ONU et ses partenaires ont tenté à deux reprises de survoler Kindamba pour évaluer ses besoins humanitaires", signale un rapport du Bureau. "Chaque fois, ce droit leur a été refusé parce que les militaires n’étaient pas en mesure de garantir la sécurité de l’avion et du personnel".

"Les informations disponibles semblent indiquer que près de 50 000 personnes ont jusqu’ici été déplacées à la suite des combats dans la région de Pool au Congo, un nombre qui continuera vraisemblablement de croître au cours des prochains jours". Ayant recours aux témoignages de personnes déplacées à l’intérieur du pays, lors de leur arrivée dans la capitale, Brazzaville, l’ONU a développé une meilleure connaissance des conditions de vie de la population de Kindamba. "Tassés dans trois camps de personnes déplacées, (ces gens) sont confrontés aux menaces de la famine et des maladies", selon l’ONU. "Leurs droits sont bafoués et leurs foyers, détruits. On ne sait pas très bien pour combien de temps encore cette situation va perdurer". Le rapport de l’ONU signale également que des femmes sont violées et ce, "par plus d’un soldat à la fois et menacées d’être abattues si elles portaient plainte".

Tout en reconnaissant que les autorités locales déploient "un effort particulier" pour suivre de près la santé de la population, l’ONU signale de nombreux cas d’infections pulmonaires, de maladies de la peau et de diarrhées. Se fondant sur les témoignages, le rapport soutient que des enfants et adultes avaient le ventre ballonné, "un signe habituel de malnutrition". En outre, les femmes doivent accoucher sans assistance médicale et le peu de médicaments et d’équipements médicaux disponibles sont contrôlés par les militaires, qui se sont débrouillés pour évacuer en hélicoptère vers Brazzaville certaines des personnes les plus gravement malades.

Jusqu’au 31 mars, Kindamba comptait plus de 16 000 habitants. Lorsque les rebelles Ninja ont attaqué la ville, 11 000 d’entre eux se sont enfuis vers des villages environnants ou cachés dans la forêt, alors que 5 000 environ sont demeurés à Kindamba. "Depuis lors, seulement quelques personnes sont parvenues à quitter la ville sains et saufs, mais certaines sont parvenues à pied à Brazzaville, d’où elles ont pu témoigner de ce qu’elles avaient vu", explique le rapport de l’ONU.

Les militaires ont facilité l’établissement de trois sites protégés (Transcuba, Poto-Poto et le « Défunt Antoine ») au centre de la ville. Toutefois, même si chacun des sites a été installé près d’une source d’eau potable, on n’y compte pratiquement aucune latrine, signale aussi le rapport.

Des gens ont révélé à l’ONU que l’armée avait recours à des civils pour des tâches telles que : l’abattage d’arbres dans la ville et les environs, pour prévenir que les Ninja s’en servent pour se cacher ; regrouper la nourriture (notamment celle des habitants) que les militaire revendent ensuite aux personnes déplacées ; et détruire leurs propres maisons avec des machettes, afin que les soldats utilisent les toits de tôle pour leurs abris. Certains ont soutenu que, faute d’avoir accepté de se soumettre à ces travaux, des civils auraient été victimes de sévices corporels.

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