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Un incident a failli faire exploser Kinkala, la capitale du Pool

La caméra de Ghys Fortuné Dombé Bemba, directeur général du journal "Talassa", à été confisquée par un barbouze de la DGSP (Direction Général de la Sécurité Présidentielle) lors du cocktail offert dans la ville. Il s’en est suivi une altercation qui a failli faire basculer la cérémonie.

La fête est à son comble, les allocutions viennent de prendre fin. Le président de la République coupe le ruban symbolique. La jubilation est au paroxysme. Le moment arrive de trinquer autour du traditionnel pot de l’amitié. Le Premier ministre Isidore Mvouba et le ministre du tourisme et de l’environnement Okombi Salissa savourent avec plaisir leur coupe de champagne.

Dombé Bemba en sa qualité de reporter photographe se propose de filmer l’ambiance festive qui règne. Il commence à filmer. Soudain, une voix strident d’un autre photographe, certainement un espion déguisé en journaliste comme on en voit ces derniers temps dans notre état policé l’interrpelle : « Toi, tu n’a pas le droit de filmer, Monsieur. »
Dombé Bemba réplique : « Je suis Dombé Bemba, journal "Talassa", Si vous êtes vraiment de la presse, vous n’ignorez pas ce que dit la Chartre des professionnels de l’information et de la communication. Le journaliste, à la libre accès à toutes les sources d’informations ; il a le droit d’enquêter librement sur les faits qui concernent la vie publique. J’ajoute ce qui dit la loi sur la liberté de l’information et de la communication. L’accès aux sources d’information est libre ; la censure est prohibée. Nul ne peut être inquiété pour ses idées, ses opinions. »
Le barbouze répond : « Je n’ai rien à foutre avec ta loi. Nous allons voir, nous allons créer ».

Les gens interviennent pour tempérer l’altercation. Le dit photographe revient avec une dizaine de personne de la sécurité présidentielle. Il décharge : « Pourquoi tu as voulu filmer. Nous pouvons créer un incident ».

Isidore Mvouba et Okombi Salissa sont à trois mètres des lieux. Le président Sassou, lui, est à 10 mètres. Tout se passe à la barbe des deux ministres.

Dombé Bemba, et le barbouze pseudo reporter-photographe se déportent vers eux. Le directeur général de Talassa pose la question au premier ministre et au ministre de Tourisme et de l’Environnement : « Est-ce qu’il est interdit de vous filmer ? »
Réponse des ministres : « Non »

Quelques minutes plus tard, arrive le directeur général de la "Nouvelle République", Aurélien Taty Déprès, qui joue au sapeur pompier, peine perdue ! Bon gré mal gré, il nous conduit chez le directeur de la presse présidentielle, Jean Obambi, témoin oculaire des tribulations d’un reporter qui ne fait que son boulot. Il ne dit aucun mot sur ce qui se passe.

Le barbouze pris d’excitation s’éloigne avec sa prise si durement acquise, l’outil de travail du directeur de "Talassa" : une caméra de grande valeur.
Ni les ministres filmés, ni le patron de la presse présidentielle ne sont intervenus pour due Dombé Bemba se voit restituer son bien. C’est certain d’être dans son droit le plus élémentaire au plus élémentaire qu’il poursuit son voleur jusqu’au parking des véhicules officiels.
Le flic ripoux se montre certain de son impunité : « Si tu avances, je dégaine, le ciel ne tombera pas… D’ailleurs le président de la république ne nous fera rien. » surenchérit-il.

Un autre incident, non des moindres, a émaillé la visite du président de la république à Kinkala. Des banderoles de l’INP (Initiative Nationale pour la Paix) et celles du RC (Rassemblement Citoyen) du ministre Alphonse Nsilou, ont été déchirées et volées. On sait que des nervis commandités par un ministre possédant des attaches à Lékana avaient échoué dans une entreprise similaire à Dolisie, Nkayi et Sibiti. Seule la vigilance des militants de l’IMP avait dans ces trois villes pu contrer la manœuvre. Faut-il croire que dans le gouvernement il est des ministres qui ne veulent pas du maintien de la paix dans notre pays ?

Cet incident a-t-il été prémédité ? Pourquoi les ministres témoins des faits n’ont-ils pas réagi et exigé la restitution de l’appareil à son propriétaire ? A-t-on voulu provoquer des incidents graves pour lesquels notre confrère aurait joué le rôle de bouc émissaire ?

Si les acteurs de la mouvance présidentielle s’entre-déchirent, ne peuvent-ils pas régler leurs différents entre eux sans chercher une tête de turc et sans enflammer le pays ?
Ces méthodes sont bien inquiétantes en vue de l’élection présidentielle prochaine et laissent peu augurer d’un climat de quiétude et de sérénité.

Où sont les libertés de presse et d’opinion ?

Nous autres journalistes pourrons-nous couvrir indépendamment ce scrutin ?

Autant des questions qui méritent une profonde réflexion.

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