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Un pilote d’Air France a continué à voler avec un clandestin sous l’avion

PARIS (AFP) - Prévenu de la probable présence d’un clandestin dans le train d’atterrissage de son Airbus A330, une heure vingt après avoir décollé de Brazzaville (Congo), un pilote d’Air France a continué à voler plus de six heures pour atterrir à Roissy, où l’Africain a été retrouvé mort.

Deux enquêtes sur ces faits remontant au 10 octobre ont immédiatement été ouvertes : une confiée à la gendarmerie des transports aériens et une interne à Air France, comme il est d’usage en cas d’incident grave.

Le commandant de bord du vol AF897, parti le 9 octobre à 20h22 GMT de Brazzaville, a été informé par l’aéroport de Brazzaville une heure et vingt minutes plus tard de la présence de ce clandestin dans le train d’atterrissage, a annoncé à l’AFP un autre commandant de bord, s’exprimant sous couvert de l’anonymat.

Le vol durait environ huit heures.

"Le pilote a été prévenu au bout d’une heure vingt de l’éventuelle présence d’un clandestin dans le logement du train d’atterrissage", a confirmé jeudi une porte-parole d’Air France, en précisant qu’il n’avait pas fait demi-tour.

Interrogé par l’AFP, le commandant de bord du vol AF897 s’est refusé à tout commentaire.

Celui qui a informé l’AFP s’est déclaré "choqué" que l’avion ne se soit posé qu’au terme prévu de son vol. "Si cela m’arrivais, je tenterais d’atterrir en me disant que rien n’est moins sûr qu’il soit mort", a-t-il expliqué.

Selon lui, il aurait "fallu retomber rapidement à une altitude respirable et atterrir", dans l’espoir de sauver le clandestin.

Dans la plupart des cas, les passagers cachés dans le train d’atterrissage d’un vol long courrier meurent de froid ou d’asphyxie. Leur corps tombe souvent à l’approche des aéroports, à l’ouverture du train.

Néanmoins, dans de rares cas, des cas de survie sont constatés. En décembre 2002, un Cubain d’une vingtaine d’années a bravé le froid dans le train d’atterrisage d’un DC-10 de la compagnie cubaine qui assurait la liaison La Havane-Montréal, où il est arrivé vivant bien qu’en hypothermie.

Les températures descendent à -50°C entre 9.000 et 10.000 mètres, altitude à laquelle volent les avions de ligne. Les logements de train d’atterrissage ne sont ni chauffés, ni pressurisés.

Selon un troisième pilote d’Air France qui a aussi tenu à rester anonyme, "le commandant de bord a dû juger l’information trop frêle pour se poser. Et puis l’Afrique, ce n’est pas comme la France, il faut pouvoir se poser en pleine nuit, se ravitailler en carburant, avoir la bonne météo".

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