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Vers un apaisement des tensions dans l’enseignement

Le système éducatif du Congo a été perturbé par une grève lancée par le Collège des syndicats des enseignants. La grève qui a affecté les différents établissements du pays à partir du 3 octobre 2005 fut plus dure dans le secteur public. Les cours ne purent reprendre que le 8 novembre qu’à la suite d’âpres négociations avec les syndicats, le cabinet du président de la République ayant été contraint de s’impliquer lui aussi.

Mais la trêve, avaient averti les grévistes, n’était que provisoire. Si les revendications salariales et d’emploi, d’amélioration des conditions de travail et d’élimination des contentieux antérieurs n’étaient pas satisfaites, les fonctionnaires de l’enseignement se croiseraient de nouveau. Cette menace était inscrite dans le communiqué final sanctionnant la rencontre du cartel des 8 syndicats de l’enseignement avec la présidence de la République, le 06 novembre dernier. Depuis lors on était dans l’expectative : travaillera, travaillera pas ? L’épée de Damoclès semblait toujours suspendues au-dessus de la tête des élèves, tant était manifeste la volonté du corps enseignement de replonger dans l’immobilisme tellement les conditions de travail laissent à désirer.

Tout laisse croire qu’un compromis a été trouvé entre les enseignants et le ministère du Travail, de l’Emploi et de la sécurité sociale. Après plusieurs mois de pourparlers en effet, le Collège des enseignants semble avoir obtenu gain de cause, puisque le gouvernement n’a pas fait d’impasse à la moitié des revendications qui avaient conduit à la suspension des cours sur toute l’étendue du Congo pendant un peu plus de 33 jours. Au bout d’une semaine de tractations, les syndicats ont fait savoir le 18 février que les concessions faites par le gouvernement seraient encourageantes et les portes qu’il a laissé entr’ouvertes s’avèrent très exploitables pour de prochains entretiens.

Pour mémoire, les enseignants réclamaient leurs avancements accompagnés des effets financiers afférents ; leur statut particulier ; l’allocation de leurs primes et l’intégration de tous les enseignants volontaires. A l’issue des négociations il est indiqué qu’au dessus des primes qui existaient déjà, cinq nouvelles autres se seraient ajoutées. Les primes relatives aux examens d’Etat ont été revues à la hausse. L’intégration des enseignants volontaires sera effective courant 2006.

Les primes de pléthore, de documentation et de matériel didactique ; les primes de risque sont comptées parmi celles qui se sont ajoutées à celles qui existaient déjà. Elles devraient être payées à commencer de cette année. La prime d’enseignement multigrade, accordée à des enseignants intervenant à plusieurs niveaux, et la prime d’enracinement seront payées à partir de 2007. Selon qu’on soit encadreur dans une école d’enseignement technique ou général, la valeur de la prime de documentation sera de 12.000 FCFA pour les uns et de 8.000 FCFA pour les autres.

La somme mensuelle de tous ces avantages serait évaluée à 20.000 FCFA chez les enseignants des écoles préscolaires et primaires, à 23.000 FCFA chez ceux du collège et du lycée d’enseignement général et à 27.000 FCFA, enfin, chez ceux de l’enseignement technique et des écoles de formation.

Le perdiem de surveillance aux examens passera de 1.000 à 3.000 FCFA. Au lieu de 5.000 FCFA par lot de 50 copies au bac, la correction sera maintenant rémunérée à 7.500 FCFA. Au BEP, BEP, et BEPC, la correction de 50 copies reviendra dorénavant à 5.000 FCFA au lieu de 2.5000 FCFA comme à l’ancien temps. Et la prime mensuelle d’affectation départementale, en dehors de Brazzaville, Pointe Noire et Dolisie, sera de 13.000 FCFA. Le gouvernement a laissé entendre que tous les volontaires de l’enseignement seraient intégrés dans la fonction publique, et qu’il ne resterait à traiter qu’une vingtaine de dossiers. La revalorisation du salaire indiciaire de base de 5% conclu pendant la trêve sociale entre la Confédération syndicale congolaise (CSC) et la Confédération des syndicats des travailleurs du Congo (CSTC) est aussi valable pour tous les enseignants du secteur public du Congo.

Mais il reste des dossiers en suspens : par exemple, aucun accord n’aurait été trouvé à propos des avancements suivis d’effets financiers et du statut particulier des enseignants. Les résultats de ces négociations entreront en vigueur à partir de la date de signature du décret y relatif par les ministères concernés et la Présidence de la République. Pour les enseignants, la balle est désormais dans le camp de l’Etat. Si le décret n’est pas paraphé avant le 6 mars 2006, la grève suspendue sera reconduite.

Signe des temps, la compétition entre les différentes organisations syndicales se traduit par un bien d’ensemble pour le corps enseignant. Mais en parallèle, la moisson récoltée par le Collège syndical des enseignants du Congo est de loin plus importante en termes de temps et d’acquis substantiels, que celle obtenue par les syndicats dits les plus représentatifs, la CSC et la CSTC. Le fait que le premier groupe de revendications soit conduit par des travailleurs encore actifs et le second par des fonctionnaires à la retraite, plus permissibles à la corruption dit-on dans le milieu syndical, a-t-il eu plus d’influence sur l’ensemble des négociations ?

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