email
Kenya

Victoire historique de l’opposition à la présidentielle

NAIROBI (AP) - L’opposition kényane a remporté une victoire historique à la présidentielle et aux législatives, mettant fin à 39 ans de domination du parti au pouvoir et à près d’un quart de siècle de règne autoritaire du président Daniel arap Moi, auquel succède Mwai Kibaki.

Les résultats officiels définitifs étaient attendus dans la journée.

La passation de pouvoirs entre MM. Moi, âgé de 78 ans, et Kibaki, 71 ans, devrait avoir lieu lundi, selon Raila Odinga, un haut responsable du rassemblement de l’opposition.

Après dépouillement de la plupart des bulletins, M. Kibaki, un économiste qui dirige la coalition nationale arc-en-ciel (NARC), était crédité de 62,4%, contre 29,5% au dauphin du président Moi, Uhuru Kenyatta, 41 ans, candidat du Parti national africain du Kenya (KANU) -la formation au pouvoir depuis l’indépendance du pays de la Grande-Bretagne en 1963, selon les chiffres communiqués dimanche par l’Institut pour l’éducation et la démocratie, organisme indépendant.

Mwai Kibaki totalisait 3.232.557 des suffrages exprimés, contre 1.530.713 pour Uhuru Kenyatta, sur un total de 5.181.886 votes comptés à 9h30 (06H30 GMT) dimanche, d’après l’Institut, qui faisait état d’un taux de participation de 56% des presque 10,5 millions d’électeurs inscrits.

Les Kényans étaient appelés aux urnes vendredi -et samedi dans quelques circonscriptions où les pluies avaient retardé le scrutin la veille- pour élire le président, 210 députés et 2.104 conseillers municipaux. Pas moins de 18.366 bureaux de vote avaient été installés dans le pays.

L’opposition a remporté 121 des 185 sièges au Parlement pour lesquels le dépouillement était achevé dimanche matin, contre 47 pour le KANU, d’après l’Institut. Les autres sièges reviennent à des petits partis.

La Commission électorale donnait M. Kibaki gagnant avec deux fois plus de voix que son adversaire (2.573.395 voix contre 1.223.086). La NARC était créditée de 88 sièges au Parlement contre 36 pour le KANU.

Mwai Kibaki, figure de l’opposition depuis le rétablissement du multipartisme en 1991, a été vice-président de Daniel arap Moi de 1978 à 1988. Diplômé de la School of Economics de Londres, il a aussi battu un record de durée au poste de ministre des Finances, qu’il a occupé de 1969 à 1982, période de relative prospérité. Il était arrivé derrière Moi aux élections de 1997 et en troisième position en 1992.

Pendant la campagne, il a promis de corriger les erreurs de 39 ans de pouvoir du KANU, de relancer l’économie convalescente du pays et de lutter contre la corruption rampante. La NARC regroupe une dizaine de partis et d’anciens piliers du KANU.

Uhuru Kenyatta, novice en politique, qui n’a jamais occupé de fonction élective, se voulait le représentant d’une nouvelle génération de dirigeants kényans, mais ces élections sont une véritable gifle pour le parti, dont de hauts responsables, comme le vice-président Musalia Mudavadi et le ministre de l’Intérieur Julius Sunkuli ont perdu leur siège.

La plupart des Kényans imputent les difficultés du pays au KANU et au président Moi, qui a pris ses fonctions en 1978 après la mort du père de l’indépendance, Jomo Kenyatta, également père d’Uhuru.

Si l’économie kényane, qui est la plus importante d’Afrique de l’Est, est restée stable alors que les pays voisins -Soudan, Somalie, Ouganda et Ethiopie- connaissaient des guerres civiles, elle a plongé ces dernières années, en grande partie à cause de la corruption et de la gestion du gouvernement, qui a fait fuir les investisseurs étrangers.

Plus de la moitié des 30 millions de Kényans vivent avec moins d’un dollar par jour, peu ont accès à l’eau ou à l’électricité et le chômage fait des ravages. Mwai Kibaki a notamment promis une éducation primaire gratuite.

Le département d’Etat américain a salué le gouvernement et l’opposition pour le bon déroulement des élections. "Nous avons grand espoir que cette démonstration de la démocratie kényane conduira à une réforme économique et une prospérité accrue pour le peuple kényan", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Le président Moi a promis de quitter le pouvoir quel que soit le vainqueur des élections. AP

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.