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Outre-fleuve

De Gaulle L’homme de Brazzaville, Macron sans Home à Brazzaville

Brazzaville, la ville de de Gaulle entre 1940 et1958 n’a servi que de pause-pipi à Macron, actuel locataire de L’Elysée. Ce vendredi 3 mars 2023, après avoir rongé son frein au Palais du Peuple de Sassou (4 heures au lieu des 2 heures prévues), Emmanuel Macron a rapidement gagné la mégalopole de Kinshasa, chez Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi. Macron a pu constater combien le Pool Malébo n’est pas une frontière mais un affront géopolitique.

Pour Macron, Brazzaville ne vaut pas une nuitée. C’est une façon de ramener à son juste niveau microscopique une capitale d’un Etat pétrolier que le bâtisseur infatigable Sassou n’a pas su développer en bientôt cinquante ans de règne. C’est tout de même nauséeux.

Cependant, du point de vue de l’histoire, Brazzaville sous de Gaulle, a représenté une pièce maitresse de la Résistance contre l’envahisseur allemand. Après l’abdication de Vichy, De Gaulle fit le choix de Brazzaville au lieu de Londres pour redynamiser le moral des troupes. Une stèle représentant l’enrôlement des Tirailleurs Sénégalais se trouve à Verquin dans le Nord de la France, à quelques minutes, à vol d’oiseau de Lille, ville natale, de de Gaulle. Thierry Tassez, maire PS de Verquin a du être attristé par l’attitude de Macron concernant son boycott de Brazza la verte, ville qu’il aime.

LEOPOLDVILLE CAPITALE DU MOYEN-CONGO

L’histoire se souvient de l’appel de Brazzaville lancé en 1940 au micro de Radio Brazzaville dont les studios se trouvaient à Léopoldville au Congo-Belge voisin car les gaullistes craignaient une attaque imminente des Stukas allemands sur Brazzaville voyaient en Léopoldville une ville-refuge. C’est dire combien le rival Kinshasa (à l’époque Léopoldville) a plusieurs fois fait la nique à Brazzaville, capitale de la France Libre et de la Fédération de l’Afrique Equatoriale Française (AEF). Les visées expansionnistes de Stanley sur la rive droite du Cuna Ntamo n’étaient un secret pour personne en 1875. Mais le poste de Mfoa ne dut son salut qu’à l’intrépidité du sergent sénégalais Malamine chargé de monter la garde. « Toi y en a pas Français » intimida en petit-nègre le Sénégalais. Le Traité de Brazza / Makoko fut sauvé. Et, cela n’est pas une anecdote

Comme un seul homme, pendant la menace nazie, les autorités françaises de Brazzaville prirent armes, bagages et archives, traversèrent les eaux tumultueuses et gagnèrent Léopoldville qui devient, le temps d’une guerre mondiale, capitale du Congo Français. Ce fut une unification, certes brève, des deux morceaux de l’ancien Royaume Kongo avant la lettre étant donné que les enjeux actuels consistent de jeter un pont physique, route-rail, entre les deux capitales dites les plus rapprochées du monde en dehors de Rome et le Vatican. La jonction, disons-le, participe d’une politique d’intégration régionale que les autorités congolo-congolaises se « hâtent de faire en traînant les pas ». Autant dire que Sassou vivant, le viaduc ne verra jamais le jour.

ANCÊTRE DU CFCO

En 1958, lorsque De Gaulle séjourne à Brazzaville à la...Case de Gaulle dont les plans sont conçus par le disciple de Le Corbusier, Roger Lelièvre, alias Erell, il s’était déjà écoulés 24 ans depuis que le chemin de fer Mfouati-Brazzaville avec terminus à La Flottille (185 km) avait cessé de fonctionner. C’était l’ancêtre du CFCO puisque la ligne Pointe-Noire du gouverneur Raphael Antonetti n’est entrée en activité qu’en 1934. La ligne Mfouati-Brazzaville transportait le cuivre à destination de Léopoldville en transitant par le fleuve Congo avec point de rupture de charge le lieu-dit ou sera construite la Case de Gaulle en 1940. A Léopoldville, la ligne Léopoldville / Matadi prenait le relai jusqu’au port de Moanda dans le Kongo Central.

L’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch a analysé l’articulation du capitalisme en Afrique Centrale par son mode d’acheminement des richesses minières dans les deux Congo en construisant deux voies parallèles de chemin de fer, longeant le fleuve devenu non navigable pour rallier l’océan atlantique. Les deux moyens de production, qu’on ne s’y trompe, visaient à faciliter l’accumulation du capital, même si certains comptent cette infrastructure parmi les aspects positifs de la colonisation.

En 1958, lorsque le général de Gaulle foule de nouveau le sol congolais, le sociologue Georges Balandier venait d’écrire en 1956 ses « Brazzavilles Noires », une représentation urbaine d’une ville africaine selon la dichotomie ville Blanche, ville Noire.

ENCORE L’OBUMITRI (Oligarchie bureaucrato-militaro tribale)

Depuis l’Indépendance du Congo-Brazzaville l’Obumitri a déréglé la représentation urbaine de la capitale politique congolaise. La néo-bourgeoisie tribale a occupé toute l’ancienne ville européenne et s’est substituée au colon Blanc. Des immeubles conçus selon le système architectural Le Corbusier ont été achetés à des francs symboliques par des caciques du régime comme Norbert Dabira, Sassou-Nguesso, Camille Bongou, Jean-François Ndenguet, Jean-Dominique Okemba. Somme toute, les oligarques se sont partagés le gâteau colonial.
Brazzaville la Blanche s’est métamorphosée selon le spectre en Brazzaville la Rouge par ces ex-communistes.

Ce vendredi 3 mars 2023, Emmanuel Macron n’a pas eu le temps d’apprécier les dégâts urbains commis par le clan NGuesso sur une ville qui servait de villégiature au grand-père Charles de Gaulle. Mais en avait-il seulement envie ? Il a préféré l’ambiance Fally Ipupienne d’une commune de Kinshasa, surnommée « Bandal c’est Paris »
Emmanuel Macron ne supporte pas la saleté de Brazzaville sous Sassou bien qu’il adore l’odeur nauséabonde de son pétrole. La françafrique étouffe.

L. EKIRANGANDZO

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