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Enième discours de Sassou sur l’état de la Nation ce 28 décembre 2021

Hasard du calendrier ou transmission de la pensée, hier jeudi 30 décembre 2021, a été diffusé à partir de 22 h sur la chaîne ARTE le film de... Sassou, un chef-d’œuvre prémonitoire réalisé par Charlie Chaplin intitulé LE DICTATEUR, sorti en 1940, alors qu’Adolf Hitler était au pouvoir et Sassou, né en 1943, n’était pas encore de ce monde.

Le cinéaste Anglo-américano-suisse décrit dans LE DICTATEUR l’exercice du pouvoir d’un tyran allemand nommé Hynkel, anagramme d’Hitler et ennemi juré du peuple Juif qu’il veut absolument exterminer. Hynkel veut être l’Empereur Napoléon du XXème siècle ou Alexandre le Grand. Le projet de société du nazi était de dominer le monde entier en procédant au Grand Remplacement substituant nègres, arabes, juifs, francs-maçons, communistes et bolcheviks par des aryens aux yeux bleus et à la chevelure blonde.

Transposé chez nous, il suffit de remplacer « Juif » par « Kongo », la problématique de la dichotomie Sassou/Pool demeure la même.

LE DICTATEUR est une anthologie cinématographique et politique qui montre que nos féroces hommes politiques Noirs ont de qui tenir. Cette façon tropicale d’empêcher la liberté d’expression et d’appliquer le génocide dans le Bassin du Congo fut déjà un modèle politique outre-Rhin et même au-delà puisque des psychopathes comme Néron, Attila s’initièrent au pouvoir sur la base de ce paradigme ethnocidaire.

DISCOURS SUR L’ETAT DE LA NATION

Nolens Volens, le Président Denis Sassou-Nguesso a donc lu ce mardi 28 décembre 2021 son discours rituel à la Nation devant les deux grosses caisses de résonnance (le Senat et l’Assemblée Nationale ) du Congo-Brazzaville.

Il a articulé son verbatim sans le ton guttural et violent du Führer mais avec un accent tranchant du terroir face aux députés et sénateurs applaudissant mécaniquement comme la foule nazie devant Hitler durant ses mythiques prises de parole.

Plus loin dans la rhétorique, L’Empereur, promet pour la nouvelle année 2022 le renouvellement de la chambre des Députés et autres notabilités politiques locaux. Par ces élections législatives, Sassou veut laisser entendre qu’il est philo-démocrate, ce qui est totalement faux puisque lui-même est au pouvoir depuis près d’un demi-siècle. Autant dire qu’il s’est moqué des Congolais comme dans Le Dictateur, Hynkel se moque de Schult en le traitant de « démocrate borné » car ces messieurs du IIIème Reich sortaient leurs révolvers quand ils entendaient les mots « opposant, culture, opinion publique, élection ».

Mais personne n’est dupe : « Depuis que Sassou est revenu au pouvoir aucune élection libre et transparente n’a été organisée dans le pays » a critiqué Clément Mierassa.

ERIC ET LE FRIC NOIR

LE DICTATEUR du réalisateur Juif, C. Chapelin, soit dit en passant, est également un message adressé à des apprentis tyrans, comme Eric Zemmour, qui prône la haine raciale (surtout à la fin du film) mais qui va en Côte d’Ivoire quémander du fric de campagne chez des Présidents Noirs parmi lesquels on ne serait pas surpris que figure Sassou-Nguesso.

Alors donc Sassou a balbutié son bilan de l’année 2021 devant les deux assemblées composées au 3/4 de membres de son parti politique le PCT. Au début de son discours le public a eu droit à une note de requiem à l’attention de tous les frères politiques et militaires tombés soit pour raison de la Covid soit dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Ainsi Clément Mouamba, Justin Koumba ont été gratifiés par l’orateur. En revanche Guy Brice Parfait Kolélas, Justin Lekoundzou n’ont pas eu droit à ces honneurs posthumes.

Ensuite Députés et Sénateurs ont eu droit à une litanies de réalisations dont il est l’architecte depuis qu’il a été démocratiquement réélu en 2021 mais objets « made in Sassou, » qui, de toute évidence, n’existent que dans son imaginaire. Hôpitaux généraux, Lycées, adduction d’eau, courant électrique, ponts, viaducs, centrales thermiques ( Ndjéno), réseau routier, une liste d’éléphants blancs qui ne feront jamais du Congo un pays émergeant. La rumba congolaise reconnue par l’UNESCO comme patrimoine de l’humanité ferait partie des réalisations de Denis Sassou-Nguesso. Essous doit se retourner dans sa tombe.

Sur un ton monocorde notre Dictateur s’est d’autocongratuler comme il le fait chaque fin d’année depuis plus de quarante ans qu’il est au Pouvoir.

Ce discours annuel n’est généralement pas suivi par 90 % des Congolais car il ne ne fait que retourner le couteau dans la plaie.

DICTATEURS ECLAIRES

La différence avec les dictateurs allemand et italiens du XXème siècle c’est que ceux-là annonçaient la couleur et n’étaient pas dans le faux-semblant. Hitler appelait chat, chat. Le juif était le gibier à abattre et la Démocratie le pire des systèmes qui pouvaient gouverner un peuple. Or Sassou est en plein dans la comédie humaine. Il se fait passer pour l’homme de la Paix alors qu’il impose la guerre permanente au peuple congolais, notamment les Kongo-Lari.

Loin de nous l’apologie du dictateur allemand ou de Paul Kagamé Le ruandais. Mais l’Allemagne nazie des années 30 fut équipée d’une incroyable infrastructure économique et accumula un capital de connaissances remarquable. La puissance germanique actuelle s’est appuyée sur ces acquis. Idem l’Italie. Quant à Paul Kagamé, il a transformé son pays en cette petite Suisse pour laquelle fantasmait Pascal Lissouba. Le Ruanda ne possède pourtant pas de pétrole. Or quand on voit le niveau économique déplorable dans lequel se trouve le Congo-Brazzaville on se dit « C’est qui le... Charlot qui en est le chef ? »

Il paraît que des Dictateurs éclairés, ça existe. Qu’attend l’Empereur d’Oyo pour se reproduire en tant que Kaiser de la Cuvette ou Tutsi d’Oyo ?

Or Sassou, l’homme qui a ruiné le Congo et pollué le littoral par l’exploitation sauvage opportuniste et égocentrique du pétrole se fait passer pour le défenseur de la Nature, le chantre du développement durable dans les grand messes de la COP comme dernière fois à Glasgow en Ecosse en 2021.

Le bonhomme qui se fait passer pour un humaniste a été mêlé au scandale des Pandora Papers quand la population congolaise croupit dans la misère, cumulant des arriérés de salaires et de pensions ainsi que des bourses étudiantes impayées.

Ce supposé apôtre de la paix impliqué dans des contentieux libyens comme grand sage en fait voir de toutes les couleurs aux population de la région du Pool dans son propre pays.

L’homme se vante avoir inauguré des hôpitaux généraux au Congo, mais au moindre rhume, lui et les membres de son clan s’envolent à destination de l’Hôpital Américain de Neuilly ou à Marbella en Espagne.

LIBERTE POUR MOKOKO

Qu’est-ce qui a empêché le sage Sassou, à l’occasion de son ennuyeuse allocution du 28 décembre 2021, de rendre leur liberté aux prisonniers qui étouffent dans les chambres de la mort à la Maison d’arrêt de Brazzaville ?

« Sassou ! Mokoko et André Okombi Salissan t’ont fait quoi pour les garder au gnouf comme les Afrikanders Nelson Mandela ? »

En vérité, pour reprendre la métaphore du réchauffement climatique, on a affaire à de la tourbière politique au Congo : toute l’énergie vitale du pays a été capturée et séquestrée par un clan.

Le peuple, maintenu la tête sous l’eau, étouffe. Le meilleur vœu que Dieu puisse exaucer pour l’année 2022 c’est de nous débarrasser de ce goulot d’étranglement qui empêche de respirer et de décoller.

Charlie Chapelin à la fin du DICTATEUR cite « Dans le 17e chapitre de saint Luc, il est écrit : "le Royaume de Dieu est dans l’homme" — pas un seul homme ni un groupe d’hommes, mais en tous les hommes ! (...) »

« Le rire de Charlot doit faire peur à tous les dictateurs » écrivait le sociologue congolais Bikindou Milandou. Ne suivez pas mon regard.

S.M

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