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Aigle

Fally a battu Sassou d’une courte tête

Entre Emmanuel Macron et la star de la chanson congolaise, Fally Ipupa, c’est le parfait amour.
Pour un pied de grue devant l’Elysée dans l’espoir d’être reçu par Macron, ce que l’Empereur Sassou a expérimenté dernièrement à Paris, c’en était un. Là où le Président congolais a failli être éconduit, le Président des artistes congolais, Fally Ipupa, dit « Aigle », a été reçu avec panache par Emmanuel Macron.

Celui-ci aurait proposé au musicien congolais : « accompagne-moi dans ton pays en Afrique. Maître Gims sera également de la partie . » L’époque où le protocole triait sur le volet semble révolue. Désormais la jeunesse africaine (sportifs, saltimbanques, troubadours, intellos) fait partie de la distinction.

D’accord, la musique de la fin du paternalisme colonial français, chaque Président hexagonal l’a toujours entonnée de Gaulle à Hollande. Balivernes ! Mais la mélodie a le mérite de faire peur aux dictateurs de « n’importe quel pays, de n’importe quelle couleur, sur des accords en Ut mineur » (Bernard Lavilliers parodié)

Cela dit il y a eu camouflet pour Denis Sassou-Nguesso. La couleuvre avalée par le camarade Otchombé ravive un postulat : « en Afrique vaut mieux être vedette du show-biz que star de la politique. » Les deux popularités illustrent une cruelle inégalité sur l’échelle de l’animosité et de la Vox Populi.

Jugez-en vous-même : Macron est passé en coup de vent à Brazzaville, pays du riche pétrolier Sassou tandis qu’il a fait la tournée des grands ducs en compagnie de Fally dans les rues de Kinshasa. Nuit blanche sur l’écran des bombardement à l’Est du pays.

Les compagnies d’assurance (si la maison de Fally est assurée) doivent se préparer à rembourser la villa et les biens meubles du chanteur que les fans en colère ont brûlés à Kinshasa. Bilan très lourd. Tout est parti dans les fumées du calumet de la haine et aussi de la paix que ce pays n’arrive pas à trouver de 1960 à nos jours en passant par la ténébreuse période du Zaïre de Mobutu.

« Aigle » n’est pas la chouette de Minerve : à l’Est d’Eden ça brûle, à l’Ouest l’artiste s’encanaille avec un chef d’Etat, pote de Paul Kagamé du Rwanda, bête noire des Congolais. Pire : à l’inverse d’un Youssou Ndour au Sénégal, Fally Ipupa n’a rien fait pour le social dans son pays. Ni lui, ni Werrason, ni J.B Mpiana, ni Koffi Olomidé. Or Fally roule sur l’or. Et tout lui réussit. Il chanta à juste titre : « rien ne vaut la musique pour s’enrichir » (Yaaa ngoyo... )

Dans un pays baignant dans un océan de misère, les kuluna n’ont vu que du feu dans leurs illusions perdues. La jeunesse kinoise voit d’un très mauvais oeil l’indifférence de Fally, extrêmement riche, qui ne fait pas profiter sa réussite aux nombreux laissés-pour-compte de l’économie congolaise qui, selon les géologues, repose sur un scandale minier grâce auquel la puissance techno-informatique mondiale marche.

La splendeur de Fally Ipupa pose des questions à la conscience. Quelle est cette musique produite par l’ancien chanteur-danseur de Koffi qui touche les cœurs au point de remplir des stades de foot, et endort les pulsions de liberté d’un peuple aliénés par les ennemis aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur ?

Les gens ne comprennent pas.

« C’est de la franc-maçonnerie ! » soupçonnent les Kinois sidérés par la fulgurance de l’envol de l’aigle, nouvel ami d’Emmanuel Macron dit Jupiter.

A quand la décadence du Sisyphe de Bandalungwa ?

Quant à Macron on lui applique l’adage « la musique adoucit la politique ». La journée de grève du mardi 7 mars en France est passée « comme une lettre à la poste » grâce à la rave party à Bandal-Kinshasa (en Afrique)

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