email
Révision

France – Changement de la Constitution : Richard Ferrand aurait-il revisité « Entre le bon sens et l’alternance absolue » de Michel Innocent Peya ?

En 2013, deux ans avant le changement de la Constitution congolaise, l’écrivain congolais Michel Innocent Peya publiait « Entre le bon sens et l’alternance absolue, l’Afrique à la croisée des chemins », un best-seller qui sans doute inspira François Hollande, alors Président français, quand il affirmait que le Président Sassou pouvait consulter son peuple, parlant du référendum constitutionnel devant lui permettre un nouveau mandat en 2015.

La toute récente sortie du macroniste Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale française a surpris plus d’un, avec sa proposition du changement de la Constitution pour permettre un troisième mandat à Emmanuel Macron. Des observateurs avisés y ont trouvé des similitudes avec les propos défendus par l’écrivain congolais Michel Innocent Peya dans son livre.

« Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre  », déclarait le Président François Hollande lors d’une conférence de presse à l’Elysée aux côtés de son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta, le mercredi 22 octobre 2015.

En prenant cette position, François Hollande qui quelques mois auparavant, avait reçu de l’auteur, Michel Innocent Peya, le livre « Entre le bon sens et l’alternance absolue, l’Afrique à la croisée des chemins » , posait un acte de haute portée politique, en ayant cerné toutes les facettes de la question, après avoir lu ce livre qui justement aborde la problématique « du bon sens et de l’alternance absolue  », quoi qu’il en coûte.

Dans ce livre, Michel Innocent Peya appuie sa démonstration sur fond du mythe de la termitière. C’est en substance ce qu’il advient sur le plan humain lorsqu’un leader charismatique est brutalement chassé du pouvoir. La Libye, l’Irak, la RDC, l’Égypte, en sont des exemples probants. Le choix de l’agent économico-politique intelligent est orienté vers une démocratie à l’africaine. Son degré d’intelligence prouve que la démocratie à l’occidentale est inadaptée à l’Afrique.

Dans la campagne de dédicace de ce livre qui osait pour la première fois, poser un problème qui divise et que nul ne voulait endosser, sinon exprimer en des termes clairs, avec thèse et antithèse, outre François Hollande, Michel Innocent Peya avait adressé son livre à de nombreux acteurs politiques à travers la planète. La classe politique française en fut largement ampliatrice, tel Manuel VALLS

Beaucoup témoignèrent du fait que ce thème presque tabou, méritait d’être abordée, pour en expurger ce qui l’alourdissait et permettre aux uns et aux autres de dégager une opinion objective.

Lors de sa dernière sortie, Richard Ferrand, a par-delà les textes quasi immuables de la Constitution française, posé le problème quasiment dans les mêmes termes, voyant un vide abyssal sur l’après Emmanuel Macron, sans que les électeurs n’aient un mot à dire.

« D’une manière générale , je trouve qu’en effet il faut faire confiance aux électeurs et choisir qui ils veulent quand ils veulent » , a-t-il expliqué. « Mon propos ne consistait pas à dire qu’il fallait changer les règles en vue de 2027 mais que d’une manière générale il fallait permettre à notre démocratie de respirer mieux en laissant en toutes circonstances le dernier mot aux électrices et aux électeurs » , assure-t-il.

En revisitant à l’occasion le livre de Michel Innocent Peya, l’auteur dévoile et explique sans détour le défi d’une grande complexité que les Africains doivent dépasser. « C’est la culture du complexe qui amène les Africains à croire ou accepter la démocratie pour la démocratie, l’alternance pour l’alternance, l’opposition pour l’opposition, la rigidité pour la rigidité », explique-t-il.

Lors d’une séance de dédicace, des personnalités politiques de gauche comme de droite, reçurent l’ouvrage. Ci-dessous François BAROIN, ancien ministre de l’Economie et des finances, président LR de l’Association des Maires de France.

Pour Michel Innocent Peya, ses propos et sa philosophie ne développent ni ne soutiennent un quelconque régime ou groupe de personnes, mais il invite les Africains à développer une culture de l’adaptabilité de ce qui vient d’ailleurs. Il tire la sonnette d’alarme : « J’éveille la conscience de tous pour éviter les dangers de retomber dans les pièges du néocolonialisme et de l’auto- déstabilisation.  »

Pour l’auteur de cet essai de sept chapitres, excepté le Ghana dont l’alternance politique ne souffre d’aucune entorse depuis des décennies, la jeune démocratie africaine laisse souvent des escalades de violence.

Parlant du bon sens et de l’alternance absolue, l’auteur notifie que plus la maturité économico-politique est grande, plus l’agent choisit le bon sens ; plus ces qualités sont moindres, plus il choisit l’alternance absolue qui engendre les guerres. « Alternance absolue est une alternance subie ; tandis que le bon sens est une alternance choisie  », a-t-il fait savoir. L’alternance absolue, renchérit cet essayiste, est suicidaire, « elle constitue une épée de Damoclès sur le peuple africain. Elle est préjudiciable pour les gouvernements ; elle est à bannir  », a signifié l’auteur de l’ouvrage. Paraphrasant Mgr Ernest Nkombo, il dit : « réclamer l’alternance absolue est une chose, mais il faut éviter que le Congo vote demain un démon à la tête de l’Etat  ».

Illustrant son propos en faisant allusion au mythe de la termitière qui est l’un des chapitres du livre, il fait allusion au leader visionnaire fort comme la reine des termites. Si elle et les autres termites sont chassés de force de leur habitation, il est probable que ce lieu soit la demeure de toutes bêtes et bestioles.

Michel Innocent Peya qui disait éveiller la conscience de tous pour ne pas tomber dans les travers d’un mimétisme acculturant, aura à l’évidence touchée la conscience de nombreux acteurs politiques de par le monde. Des acteurs politiques qui tels sortis d’un laboratoire de recherches, expérimentent des idées qui ne seraient pas l’apanage des africains.

Catherine DUPUIS LASSERRE
Journaliste indépendante

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.