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Musique congolaise

Orchestre Sinza « Kotoko » de Brazzaville.

Orchestre Sinza « Kotoko » de Brazzaville. Des chanteurs à voix de monsieur tout le monde, une guitare solo qui sublime le sébène, un rythme qui décoiffe, incitation à la danse, voilà la carte de visite de l’orchestre SINZA de Brazzaville, créé à Brazzaville en 1966 par un réparateur de bicyclettes, Jacques Kimbembé alias Mousse.

Orchestre à paradoxe

SINZA Kotoko c’est Le paradoxe d’un orchestre de deuxième catégorie en son pays, numéro un des ventes de disques au catalogue officiel africain des éditions Pathé Marconi de 1969 à 1974, et le plus populaire des orchestres du Pool Malébo en Afrique de l’Ouest. Le secret de ce succès continental tient dans la prédominance d’un rythme qui s’affranchit de la danse en couple. Désormais on danse seul et le rythme soukous valorise l’improvisation et la souplesse. D’ailleurs un cliché tenace à Brazzaville voulait qu’une groupie de l’orchestre SINZA commençât à danser dehors, s’engouffrer droit sur le dancefloor, ne cherchant à s’installer qu’à la fin de la chanson !

Ici la guitare solo de Jacques Kimbembé Mousse s’appuie dès 1966 sur un sébène doublant les notes sur les croches à la place des noires habituellement. Ce n’est certes pas une innovation dans la musique congolaise mais l’orchestre SINZA sut en faire son ADN, son identité sonore, sa signature. Et c’est à juste titre qu’il triomphe au premier Festival Panafricain de la Jeunesse à Tunis en juillet 1973, en dépit de la présence de l’orchestre national du Zaïre, conduit par le Seigneur Tabu Ley Rochereau pour la petite histoire.

Préfiguration de la troisième école de la musique congolaise et de la "vague soukous"

Musique novatrice en cette deuxième moitié des années 60, il est indéniable que la tendance SINZA Kotoko a fortement influencé l’apparition de la troisième école de la musique congolaise, l’école Zaïko, portée sur les fonds baptismaux en 1974 en reprenant tous ses codes :- Tempo 4/4 assez vif. - Sébène double note en croches- Danse en forme libre.- Rythme propice à la fête. Et ce n’est pas un pur hasard si le sébène d’"Éluzam" de Zaïko - la chanson qui signa l’acte de naissance de la troisième école de la musique congolaise en 1974 - est inspiré de celui de "Vévé" de l’orchestre SINZA Kotoko en 1969, dont il semble être une modulation flagrante. SINZA Kotoko est encore la source d’inspiration de la tendance soukous apparue à Paris au milieu des années 80, incarnée par Kanda Bongo Man, Aurlus Mabélé et son groupe Lokéto.-

Audifax BEMBA

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