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temoignage d’un rescapé du beach

Article paru dans "La Semaine Arfricaine" N° 2443 du jeudi 4 décembre 2003

A l’heure où des autorités gouvernementales commencent à parler de « pseudo disparus du Beach », comme pour faire triompher les thèses nihilistes, nous publions le témoignage émouvant d’un rescapé de l’affaire des disparus du Beach de Brazzaville. Ce témoignage était recueilli par la rédaction de notre journal, le 28 juillet 2001. A l’époque, ne voulant pas retourner le couteau dans ra plaie, nous avions décidé de ne pas le publier. Aujourd’hui où les passions se sont apaisées et que le sujet revient en débat, nous le diffusons, pour dire qu’il y a bien eu des personnes enlevées au Beach de Brazzaville, au mois de mai 1999, et portées disparues jusqu’à maintenant. Pour ne pas nuire à I liberté du rescapé, auteur de ces propos, nous ne révélons pas son nom. Voici donc son témoignage.

« Le 18 décembre 98, je vivais à Makélékélé, avec ma famille et la guerre nous trouve là. Nous avons, tous, fui dans les villages du Pool, avec toute la famille. Dans notre fuite, nous étions arrivés à Fouota, un village du district de Boko, après la rivière Loufoulakari. Lorsque les combats se sont intensifiés, dans le Pool, nous avons pris la décision de traverser le fleuve, comme beaucoup de gens le faisaient déjà. Nous avons pris la pirogue le vendredi 7 maj 1999, très tôt dans la matinée. Nous sommes arrivés dans un village qui s’appelle Sefo. Nous étions bien reçus par des militaires de la RDC. " y avait beaucoup de réfugiés venus du Congo-Brazzaville : des jeunes, des enfants, des hommes et des femmes adultes.
Le samedi 8 mai, les militaires de la RDC nous ont accompagnés, à pied, jusqu’à Kasangulu. On a marché pendant deux jours, avec les militaires. Nous sommes arrivés à Kasangulu, le dimanche 9 mai, à 7h5O. Les services d’immigration et la Police nous ont enregistrés. Le HCR se trouvait à Mbanza-Ngungu.

Ils ont appelé le HCR par phonie. Finalement, le HCR ne venait pas. On nous a évacués, par train, à Kinshasa. Nous sommes arrivés à la gare de Kinshasa, mardi 11 mai, et on nous a conduits directement au Beach de Kinshasa. Des agents des services d’immigration qui nous accompagnaient ont fait les formalités, pour nous, à l’ambassade du Congo-Brazzaville à Kinshasa. Le consul de notre ambassade est venu nous parler, comme pour nous rassurer, en disant : « Rien ne va se passer. Vous allez rejoindre vos parents à Brazzaville". Nous sommes enregistrés au nombre de 63 personnes venant de Kasangulu. Le consul et une dame de notre ambassade nous ont accompagnés dans le bateau pour la traversée. On a quitté le beach de Kinshasa à 15h51. Nous sommes arrivés au Beach de Brazzaville à 16h28. Juste avant que le bateau n’accoste, nous avons remarqué qu’il y avait des militaires tout au long de la rive. C’est comme si on attendait des prisonniers politiques. Il y avait un bateau spécial pour les réfugiés qui rentraient, et un autre bateau pour les passagers ordinaires. Lorsque nous sommes descendus, avec le consul et la dame qui l’accompagnait, la police nous a accueillis en nous demandant de former deux rangs : hommes et femmes. C’est là qu’il faut signaler les faits dont on parle, aujourd’hui. Lorsque nous descendions du bateau, les militaires soutiraient, au hasard, des hommes (adultes ou jeunes) et s’éloignaient au bord du fleuve. On entendait seulement des coups de feu. On ne savait pas ce qui se passait. C’est bien p1us tard qu’on a compris qu’on les exécutait, en jetant les corps dans le fleuve.

On a formé deux rangs : les femmes passaient dans un box. On les palpait et on vérifiait leurs bagages. Les hommes, de même, dans un autre box. Les femmes et les petits enfants passaient librement, après cette fouille. Mais, nous les hommes, on passait ensuite dans un saIon, devant un comptoir. Et on interpellait certains d’entre nous, au hasard : « Monsieur, passez par ici ». On nous mettait derrière ce comptoir, tandis que d’autres avaient la chance de sortir. Je me suis retrouvé parmi les 14 personnes qui étaient retenues et placées derrière le comptoir. Le plus jeune d’entre nous avait 13 ans. Ce garçon était soutiré des mains de son père. Ce dernier est parti seul. Depuis notre arrivée au beach, jusqu’à cette heure-là, on entendait toujours des rafales d’armes légères au bord du fleuve, de manière sporadique.

J’ai alors pris mon courage et demandé au policier, pourquoi nous étions retenus derrière le comptoir ? Le policier m’a répondu : "Nous avons besoin de prendre quelques informations auprès de vous". Ce qui m’a rassuré.

Quelques instants après, le même policier nous ordonne : "Compte tenu de l’insécurité qui règne, ici, les gars, nous sommes obligés de vous garder à vue. Déshabil1ez-vous donc". Ce que nous avons fait, sans la moindre protestation. Jusque-là, le consul est dans l’enceinte du Beach. Nous l’apercevions. Quand il est passé au salon, nous avons fait de grands signes, pour qu’il nous libère. Mais, il est passé, dans l’indifférence. Quelques instants après, nous sommes conduits dans un urinoir, toujours dans le même bâtiment, et nous avons été enfermés dans cette petite pièce. C’est alors que nous avons réalisé que nous étions voués à la mort. Vers 19h00, il n’y avait plus que des militaires et des policiers au beach. Un grand camion a klaxonné. Le policier nous a demandé de nous habiller et de reprendre nos bagages, pour rentrer dans le camion, une Toyota D.A. Sur la portière, côté chauffeur, de ce camion, il y avait une étiquette blanche : « Agip Recherche clinique mobile". Le camion était chargé de militaires. Dès que nous sommes montés, ils se sont mis à nous frapper des coups de crosse. Ils s’écriaient : « Oh / les Ninjas, vous êtes venus », to ko borna bino » (on va vous tuer). Il n’y avait plus rien à faire, notre sort était scellé.

Dès que le véhicule a démarré, il y a eu coupure d’électricité. Tout était noir. Nous étions, tous, couchés dans le camion. Connaissant la ville, j’ai essayé de repérer l’itinéraire emprunté par le camion, en regardant le sommet des immeubles. Le camion est passé devant la Tour Nabemba, l’hôtel Mbamou palace, l’hôtel de ville, le lycée Lumumba, l’inspection générale d’Etat, et il a viré à gauche. Dès que le camion a franchi le portail, les militaires se sont écriés : "Les amis, avancez, nous avons du gibier". Puis, dès que le camion s’est arrêté, les militaires qui attendaient là se sont précipités dans 1e camion et la bastonnade a commencé. Chaque militaire venait avec son arme : couteau, poignard, coup de crosse, barre de fer, etc. C’est à ce moment-là que j’ai eu des coups de poignards à la tête, à l’avant-bras et aux fesses. Pour eux, il fallait nous saucissonner. Pendant que nous descendions, en criant, le sang coulant de partout, trois d’entre nous sont soutirés. Un officier est venu et il a ordonné aux militaires : « Arrêtez maintenant. Faites-Ies descendre ». Les militaires avaient déjà pris tous nos biens. Après cette intervention, nous sommes conduits dans une cellule dont les fenêtres ne portaient que des grilles.

Nous sommes de nouveau mis à poils. Nos plaies saignaient abondamment. A travers les fenêtres, on pouvait voir que les militaires brûlaient nos documents. Puis, 11s venaient et pissaient sur nous, à travers la fenêtre en nous injuriant, en nous promettant la mort. Les urines faisaient évidemment très mal à nos plaies. On criait, on pleurait. Le jeune garçon de 13 ans était toujours là, blessé, et il pleurait sans s’arrêter .

Dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 mai, les militaires venaient et tiraient un coup de feu au hasard, dans la cellule, à travers la fenêtre. Ils visaient les jambes. Ils avaient un supplice : ils démontaient une balle de PMK et la remplaçaient par des tessons de bouteille, et tiraient sur la face des détenus, pour brûler leurs visages et crever les yeux. Ceux qui refusaient de regarder le canon pour subir ce supplice, étaient exécutés.

Le mercredi 12, au matin, un officier nous a enregistrés : nom, prénom et adresse. A travers la fenêtre, nous avons aperçu un officier français, en tenue militaire. Connaissant alors ses grades, nous l’avons interpellé : "Mon colonel, mon colonel, mon colonel ! Nous sommes détenus, ici, et nous sommes innocents. Faites quelque chose, pour nous libé ;er ». Il nous a répondu : « Vous savez, beaucoup de Français sont tombés au front. Ils ont été tués par vos parents. Je n’y peux rien. Mais, vous allez sucer mon cul". Il est parti. Nous ne savions plus à quel saint nous vouer.

Dans la matinée même, nous avons aperçu un officier des FAC (Forces armées congolaises). Ce dernier, voyant les menaces que les autres officiers et korokoro (recrues cobra de l’armée) faisaient sur nous, il nous a déplacés, après nous avoir enregistrés (nom, prénom et adresse)." nous a mis dans une autre cellule dont la fenêtre donnait sur l’avenue goudronnée. Dans cette cellule, il y avait déjà beaucoup de jeunes originaires du Pool, qui avaient également été arrêtés au beach. Ces jeunes nous disaient que dans cette cellule, on ne pouvait plus s’attendre à un quelconque secours, car, chaque fois, les militaires venaient prendre des détenus pour aller les tuer. Il fallait, simplement, prier, car le secours, c’est Dieu, dans les circonstances où nous nous trouvions. Et nous nous sommes mis à prier, comme des musulmans. Nous avons remarqué, dans tous les bâtiments du voisinage, qu’il y avait des cellules où étaient détenues de nombreuses personnes. Et le rythme des exécutions était régulier. Avant d’aller tuer, les militaires poussaient un cri : « Mounari ! ». Quelques temps après, on entendait des bruits de bottes, puis des coups de feu d’armes légères. On avait aussi remarqué qu’à chaque fois, ces coups de feu étaient suivis de détonations lourdes, puis de silence.

Le mercredi 12 mai 99 correspond à l’attaque, par les Ninjas, de la banlieue Nord de Brazzaville, particulièrement Nkombo et Massengo. Il y avait plusieurs militaires français tués, semble-t-il, et l’armée congolaise avait également enregistré des pertes. Ce mercredi 12 et le jeudi 13, les Cobras, en colère, ont pris des détenus qu’ils ont exécutés. Ils ont même défoncé les portes des cellules pour sortir les détenus afin de les exécuter.

La journée de ce mercredi 12 mai était particulièrement sanglante. Les militaires avaient enlevé de centaines de jeunes d’un convoi du HCR qui était arrivé enfin d’après-midi, au beach, Ils étaient transportés dans des minibus Toyota Coaster et des 4x4 Toyota Hilux. Les véhicules avaient fait plusieurs tours au beach. Tous ces malheureux n’étaient pas enregistrés. Le lendemain, on apprenait, sur une station de radio qu’écoutaient des officiers non loin de notre cellule, que l’armée congolaise avait tué 400 civils. Ceux-ci boudaient en disant : « 400 éléki ». Ce qui signifie : « 400, c’est trop ». Cette nuit-là du mercredi 12 au jeudi 13 mai les militaires avaient beaucoup travaillé à exécuter les « civils » enlevés au beach. Nous qui étions dans les cellules, c’était, pour nous, le répit. Mais, compte tenu du spectacle qu’on apercevait, les gens qu’on tuait, tous les détenus étaient pris de malaise, d’émotion. Nous étions, tous, malades. Personnellement, je faisais une hémorragie annale. C’est comme si je pissais du sang à l’anus. Dans cette nuit-là, un officier est venu ouvrir notre cellule. L’un de nous lui déclare qu’il est malade, qu’il fait une forte fièvre : « Ah bon, tu es malade ? Viens ». Il le fait sortir et referme la cellule. Quelques instants après, des coups de feu retentissent. Ce détenu n’est plus jamais revenu parmi nous.

La matinée du jeudi 13 mai était un peu calme. Il y avait quelques coups de feu, mais pas comme dans la nuit. Vers 14h00, un capitaine est venu nous annoncer que nous allons être déférés à la gendarmerie, parce que c’est la gendarmerie qui se charge de l’instruction des dossiers.

Quelques instants après, il a ouvert la cellule en nous demandant de monter dans le camion. Seulement, quand nous montions dans le camion, quelques militaires, portant des bérets rouges, chargeaient des munitions dans la cabine. C’est alors qu’un autre capitaine, à l’étage, leur a demandé, à haute voix : « Les gars, où allez vous ? » « Nous- amenons ces éléments à la gendarmerie », a répondu l’un d’eux. Le capitaine leur a répliqué : « Vous a/lez à la gendarmerie sans signer la décharge ? Venez signer la décharge ». Lorsqu’ils sont montés à l’étage pour signer la décharge, nous avons entendu dire : « Remettez-les dans la cellule. Je m’en charge » : Aussitôt, on nous a fait descendre, à coups de crosse. Nous sommes repartis dans la cellule.

Quelques instants plus tard, le même groupe est revenu ouvrir la cellule, en demandant : « Lesquels devaient partir à la gendarmerie ? » On a compté onze, et on nous a mis de côté. Ils ont compté onze autres détenus et les ont sortis, en leur demandant de raser le mur. Quelques instants plus tard, nous avons entendu des rafales d’armes légères, et des détonations lourdes. Après, le silence. Puis, ils sont revenus, et ils ont de nouveau ouvert la cellule. Ils ont demandé, en haletant : « Où est le sac bleu ? » On a fouillé le sac bleu dans la cellule et on l’a trouvé. Ils sont ressortis avec et y ont trouvé de l’argent. Ils sont revenus, menaçants : « Vous avez de l’argent, on doit vous fouiller ». Ils se sont mis à nous fouiller, en introduisant les doigts jusque dans l’anus. Ils ont trouvé de l’argent auprès de certains d’entre nous.

Il faut signaler que, chaque nuit, il y avait de gros chiens, avec des grelots très modernes au cou. La nuit du jeudi était plus ou moins calme, tout comme la journée de vendredi.

Samedi 15 mai, vers 16h00, nous avons aperçu, de notre cellule, un groupe de jeunes qui étaient libérés. Ils marchaient, encadrés par des militaires, le long du goudron, à côté de la BDEAC. Parfois, les militaires arrêtaient un taxi, et faisaient rentrer ces jeunes.

Dimanche 16 mai, la journée était très calme. Pas de coups de feu. Mais, dans la nuit, un sergent est venu nous dire : « Les gars, demain, à 7h00, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer ». Nous savions que la « bonne nouvelle », chez les militaires, la où nous étions, c’était la mort. Mais, lundi 17 mai, avant 7h00, il est venu et a ouvert la cellule : « Vous êtes là ? » Il nous a regardés puis il a refermé la cellule. Puis, plus rien. Jusqu’à 12h00, quand un autre sergent nous a parlé à travers la grille de la fenêtre de notre cellule : « Les gars, portez quelque chose. Nous allons faire quelque chose pour vous libérer ». Evidemment, on ne croyait pas à cette promesse.

Vers 14h00, un capitaine, qu’on n’avait jamais vu là, depuis notre détention, est venu ouvrir la cellule. Il était seul. Il nous a dit : « Les gars, si je vous amène au site de l’ENAM, est-ce que vous pouvez retrouver vos familles ? » Nous avons répondu : « Oui ». Il nous a demandé ensuite de porter quelque chose, pour cacher notre nudité. Puis, il est parti. Vers 18h00, nous avons entendu un véhicule s’approcher du bâtiment de notre cellule. Puis, le même capitaine a ouvert de nouveau la cellule et en disant : « Les gars, je suis venu, apprêtez-vous. Vous allez dans le véhicule. Entassez-vous. Quand je vais démarrer, celui qui tombe, il reste ». Nous n’étions que onze, dans la cellule : les onze en provenance de Kasangulu, arrêtés le mardi 11 mai, au beach.

Il nous a fait sortir. Nous sommes allés tranquillement dans le véhicule, sans faire de bruit. Il faut dire qu’avant qu’il n’ouvre la cellule pour nous libérer, il avait donné des ordres aux Cobras qui étaient de garde : « Toi, va m’acheter du pain, toi la bière, vous, allez vous mettre en poste, là-bas ».
Dans le véhicule, il y avait un autre militaire assis à la cabine, portant un chapeau de brousse. Au moment où nous sommes montés dans le véhicule, ont surgi deux Cobras armés. Ils ont demandé au capitaine de les emmener, croyant qu’on partait à « l’abattoir », c’est-à-dire pour nous exécuter. Le capitaine leur a répondu en disant : « Je ne peux pas vous emmener parce que vos armes ne répondent pas souvent au front. Si vous voulez partir avec moi, allez remettre vos armes au magasin. Moi, je travaille avec mes propres armes ». Et aussitôt, il leur a montré les armes, sous la banquette de la deuxième cabine. Les deux Cobras ont couru au magasin remettre leurs armes et sont vite revenus monter dans le véhicule, à la deuxième cabine. Nous étions donc seuls, derrière.

Quand le véhicule a démarré, des coups de feu ont éclaté de partout, avec des cris : « Ah bakimi, bakimi » (ils ont fui, ils ont fui !).

Le capitaine s’est alors arrêté, il a ouvert la portière et s’est mis debout, le bras droit sur le toit de la cabine et le bras gauche tenant la portière ouverte. Il a crié : « Je suis le capitaine...x, compagnie...x Régiment...x ». Et il a terminé ses propos en disant : « A l’instant où je parle, arrêtez de tirer ou je vais vous tuer tous ». Et il s’est retourné vers nous pour dire : « Vous avez suivi les gars. Ce n’est pas facile de sortir d’ici. Mais, nous allons sortir ».

Puis, il a démarré le véhicule en trombe et nous sommes partis. Nous avons emprunté l’itinéraire suivant : Commissariat central, rond-point du CCF Maternité Blanche Gomez, boulevard des Armées. Puis, il a viré à droite, pour aller vers l’ENAM. Mais, juste, au panneau Stop, en face de l’immeuble des Italiens, il s’est arrêté. Il est sorti du véhicule et il nous a dit : « Descendez, les gars. Vous êtes libres ». Pour nous indiquer les voies à suivre, il s’est mis debout au bord du goudron, en tournant le dos à Bacongo et il nous a dit : « A droite, vous avez le site de /’ENAM. A gauche, l’avenue Loutassi qui vous conduit au Plateau des 15 ans et à Moukondo. En face, le pont du centenaire vous conduit à Moungali, PotoPoto et Ouenzé. Ce sont les seules directions que vous pouvez prendre ».

Aussitôt, nous l’avons profondément remercié. Certains d’entre nous, dont moi même d’ailleurs, lui ont promis de lui offrir une parcelle (de terrain), en guise de remerciement, parce qu’il nous a sauvé la vie. Le jeune garçon de 13 ans a demandé de le conduire chez sa mère, une femme d’affaires, pour lui offrir la somme de 300.000 FCfa. A toutes ces promesses de cadeaux, le capitaine répondait : « Pas question. Pas question ».

Voyant cela, les deux Cobras qui avaient pris place dans la Toyota double cabine sont intervenus, en lingala, en disant : « Vieux, toyokani boye te. Tokanisaki te tobimaki po na ko borna bango, nde oyi kobikisa bango ». Traduction : « Vieux, nous ne nous étions pas entendus comme ça. On pensait qu’on partait les tuer. Or, tu es venu les sauver ». Pris de colère, le capitaine leur a rétorqué d’un ton menaçant : « Jusqu’à quand cette affaire ? Il y a longtemps que vous avez commencé. Aujourd’hui, que voulez-vous encore ? ». Puis, il a pris son revolver dans la cabine du véhicule, engagé la balle pour tirer sur les deux Cobras qui n’étaient pas armés, puisqu’ils avaient laissé leurs armes au magasin. A ce moment-là, nous sommes tombés sur lui pour l’empêcher de tirer, en le suppliant : « Capitaine, laissez-les. Vous nous avez sauvé la vie. Laissez ceux-là aussi en vie ». Ils nous a compris, puis nous nous sommes séparés ».

Propos recueillis par la rédaction

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