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Moustique

Zao, de l’Ancien au Nouveau Combattant

Suite à son soutien à Denis Sassou-Nguesso, l’artiste international Casimir Zoba dit Zao avait baissé dans l’estime de 91 % de ses compatriotes. Aujourd’hui grâce à un entretien accordé à Ernest Biangué de l’association Locomodeve, il est légèrement remonté dans leurs cœurs.

C’est un nouveau type qui est apparu dans le documentaire. Affaibli par la maladie, l’artiste est devenu fort dans la réflexion. On a connu Zao quelque peu pitre, l’humour douteux et lourd. Dieu soit loué, le rétablissement est en bonne voie.

TEL PERE TEL FILS

Biangué-fils, issu de la diaspora, est homme d’affaires et coach en entreprise au Congo. Il réalise des vidéos sur le Congo pour le compte de sa chaîne de Télé sur Youtube. On peut par ailleurs le définir comme un Globe-Trotter à l’échelle congolaise.

Aux questions de Biangué, Zao a répondu avec profondeur.

L’artiste qui a reçu son hôte dans son antre culturel de Bacongo a d’abord rendu hommage à Monsieur Jean-Baptiste Biangué, le papa du documentaliste. Pour la petite histoire, le patriarche JBG, ancien commerçant, a jadis prospéré dans la distribution, la revente, dans le Pool (Boko, Marchand) et a tenu un débit de boisson, rue Kinkala, à Moungali, et jouait le mécène en produisant des orchestres.

En ce temps-là, Zao habitait rue Madingou. C’était dans les années 60 et, Zao, encore gamin, découvrait un orchestre sur scène, rêva devant le matos (certes de fortune) sonorisé avec des haut-parleurs Bouyer. Le groupe s’appelait « Jazz Venus ».

Zao a-t-il attrapé le virus de la musique à partir de là ?

En tout cas il ne tire pas à lui toute la couverture. Ses succès planétaires, dit-il humblement, n’ont pas été écrits par lui tout seul. C’est le résultat d’un travail collectif. Zao la joue très modeste. Et c’est émouvant.

Son titre « Ancien combattant » reste d’actualité. La folie qui se passe en Ukraine se fiche des injonctions du genre : la guerre « ce n’est pas bon. » Zao observe avec philosophie que la guerre est inscrite en l’homme depuis la nuit des temps. Observons notre enfance ! Gamins, on fabriquait des fusils de bois pour se tirer dessus. « Les enfants adorent jouer à la guerre ». C’est dire qu’il n’y a rien de nouveau dans la bêtise humaine.

Son invité remarque que dans son Espace Zao il n’y a point de connexion internet, symbole d’ouverture au monde. Puis l’hôte de lui vanter les vertus de l’internet et l’impact en tant que nouvelle technologie. Ce à quoi Zao réplique que l’internet n’est opérationnel que quand il y a l’électricité.
Aïe, on le voit venir. Les délestages sont permanents au Congo. Mais les deux interlocuteurs ont posé un préalable à la conversation : pas d’allusions à des sujets ayant des « ramifications politiques. » Ceux qui fâchent. Des sujets anxiogènes. Bref, on a compris : la connexion avec la modernité n’est pas à l’ordre du jour au Congo. Difficile de ne parler politique quand on critique le Congo !

PANNEAUX SOLAIRES

Son interlocuteur lui suggère alors d’installer les panneaux solaires au lieu de recourir chaque fois au groupe électrogène (générateur). « Etant donné le prix du carburant, au bout d’un an c’est plus intéressant d’investir dans de l’énergie solaire » insiste Biangué.

« Vous raisonnez ainsi. Votre pouvoir d’achat le permet. » Entendez que malgré le succès mondial de la chanson « Ancien combattant », Zao végète dans la galère.
D’où vous est venue cette inspiration musicale qui a ébranlé des millions de personnes sur la terre ?
Le titre sur les dangers de la guerre (Ancien Combattant) lui a été inspiré par les ...anciens combattants et par la guerre en Angola dans les années 1970. C’était un champ de bataille situé à seulement cinquante minutes de vol de Brazzaville.

A côté d’« Ancien Combattant », Casimir Zao a écrit, « Moustique, Corbillard, Saoulard. »
Si la guerre a incontestablement envoyé beaucoup de personnes dans les cimetières, il ne demeure pas moins que les moustiques (la malaria) causent des millions de morts en Afrique. Plus que les guerres.(Zao)

« La thématique des chansons actuelles renvoie à des bêtises » critique Biangué. « Je vais sans doute te décevoir mais les gens aiment danser sur les bêtises. Notamment les grands hommes. Quand je réécoute mes chansons, parfois je n’en reviens pas. Je suis surpris. Il y a des bêtises. Je les corrige quand je les reprends dans les concerts. C’est ce que font les artistes : rectifier après-coup. »

AMENDE HONORABLE

On ne peut pas dire que l’entretien a servi à Zao de session de rattrapage après sa sortie pro-Sassou. Sa récente prise de de position pro-Pouvoir guerrier de Brazzaville, pendant les élections truquées, a été ressentie comme une énorme fausse note. Mais qui donc n’a jamais dé-gammé dans l’hymne de la vie ? Les artistes comme Koffi, Werrasson, J.B Mpiana font allégeance au régime de leur pays sans vergogne. Des comptes leur seront demandé lorsque le vent va tourner. Koffi, lui en l’occurrence, lèche chaque fois le cul de Sassou-Nguesso. Koffi pue. Quant à Fally Ipupa, cet artiste, en compagnie d’Emmanuel Macron, a trouvé le moyen de faire une pantalonnade à ses compatriotes meurtris par la guerre à l’Est de son pays.

EPILOGUE

« Quel conseil me prodigues-tu, grand-frère » a sollicite Biangué. « Suis les traces de ton père, un grand entrepreneur doté de beaucoup de charisme. » lui a dit le chantre du pacifisme.

« Prends son exemple, mais n’épouse pas quatre femmes  » conclue Zao faisant preuve d’une finesse humoristique dans ce pays où la polygamie est une religion.

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