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L’épopée du palmarès footballistique congolais

Par Wilfrid Sathoud

A Partir du 20 Janvier 2007, notre pays le Congo-Brazzaville assurant actuellement la présidence en exercice de l’Union Africaine (UA) à travers son Excellence Denis Sassou Nguesso, vibrera au rythme de la Coupe d’Afrique des Nations de Football (CAN) junior 2007, qui sera organisée sous l’égide de la Confédération Africaine de Football (CAF), au niveau local simultanément à Brazzaville et à Pointe-Noire par la COCAM que préside le conseiller à la jeunesse et aux sports du Chef de l’Etat congolais Pascal Akouala, en étroite collaboration avec le ministère des sports et du redéploiement de la jeunesse dirigé par Marcel Mbani.

Dans la perspective du lancement officiel des compétitions prévues à cet effet, qui mobiliserons la jeunesse sportives africaine et mettront en phase huit (8) équipes reparties en deux (2) groupes, ainsi qu’il suit :
 Groupe A : Congo, Cote-d’Ivoire, Burkina Faso et Zambie
 Groupe B : Algérie, Zambie, Cameroun et Egypte

Le gouvernement de la République du Congo, pays hote de cette manifestation, dont la réputation en matière d’organisation des compétitions sportives internationales remonte aux premiers jeux africains de 1965, en passant par différentes compétitions multidisciplinaires ponctués de nos jours par le semi marathon d’athlétisme international du Congo - Brazzaville organisé chaque année depuis 2004 concomitamment aux festivités commémoratives de la fête nationale de l’indépendance et la très controversée course nautique des voiliers de la route de l’équateur entre le port de Pointe Rouge à Marseille et le port de Pointe-Noire, à entrepris plusieurs travaux « accélérés » de construction et de réhabilitation des infrastructures sportives dans les principaux centres urbains comme Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie ; au point de laissé sceptique, perplexe et dubitative une certaine opinion nationale, qui se fondant sur l’anecdote d’un Chef de l’Etat Africain manifestant sa stupéfaction et son ironie au regard d’un projet de budget pour les sports à lui soumis par son ministre s’exclamait en disant : « ...Pourquoi tant d’argent pour les amusements ? Pendant que nous avons d’autres priorités à pourvoir !... ». Estime que face au marasme dans lequel se trouve plongé actuellement la jeunesse congolaise et africaine, aujourd’hui confrontée à une litanie de difficultés dont les plus cruciales demeure la santé, l’éducation et le chômage endémique. Le mieux pour les gouvernants serait de privilégier les actions nécessaires à l’amélioration de leur conditions existentielles présentes et avenirs par l’édification des structures socio sanitaire, scolaire et économique viables propices à la création des emplois, au lieu d’accordé une place de choix a des distractions budgétivores semble t’ils destinées à l’enrichissement « accéléré » de certains dirigeants.

Cependant, en dépit des nombreux écueils freinant l’éclosion des talents sportifs, force est de constater que le sport, qui constitue indéniablement un vecteur de formation tant physique que morale de la jeunesse et un facteur d’unité des peuples et des nations a connu des grands moments de gloires méritant bien d’être restituer par devoir de mémoire pour la postérité, en prélude au lancement officiel des compétitions de la CAN junior de football Congo-Brazzaville 2007 dans notre pays.

En effet, suite à l’organisation réussi des premiers jeux africains qui avaient rassemblés plus de 3 000 athlètes de 30 états nouvellement indépendants du 18 au 25 juillet 1965 au Stade Omnisport de Brazzaville devenu plus tard Stade de la Révolution inauguré un mois avant le début de cet événement sans précédant par le Président Alphonse Massamba Debat, au nom de qui il sera par la suite débaptisé, notre pays sera unanimement porter au Secrétariat Général du Conseil Supérieur des Sports en Afrique (CSSA) avec la nomination à ce poste de Jean-Claude Nganga, alors président du comité d’organisation des premiers jeux africains et cheville ouvrière de cette belle réussite, qui finira sa carrière au siège du Comité Olympique International (CIO) avant de revenir servir son pays comme ministre de la jeunesse et des sports à la fin des années 80.

Sur ces entrefaites, l’assemblée générale de la CAF tenue le 11 novembre 1965 à Tunis, avait admis en son sein la fédération congolaise de football dénommée Fecofoot, par un vote à main levé et depuis lors notre pays avait déjà commencé à imprimé sa marque sur la sphère sportive africaine et internationale en ce qui concérne la pratique du football « sport roi » et le plus populaire au Congo, avec à son actif plusieurs participations à différentes compétitions telles que : la 2e Coupe des Tropiques de 1964, ou la sélection nationale Congo-Sport sera classée 4e au classement général après avoir remporté quelques victoires : le 28 mars 1964 par un score fleuve de 11-0 devant la Tchad, 1-0 face au Mali le 15 août 1964, 6-1 contre le Dahomey (actuel Bénin) le 27 juin 1965 ; et enregistré d’autres part quelques défaites successives le 2 février 1964 face au Cameroun par 7-1 et le 20 juin 1964 avec la Guinée-Conakry (2-1) en match inaugural du Stade Omnisport de Brazzaville érigé par la coopération chinoise pour abriter les 1er jeux africains de 1965, à l’issue desquels notre onze national sera gratifié d’une médaille d’or pour les résultats appréciables obtenus face à l’Ouganda (2-1), au Togo (7-2), à la Cote-d’ivoire (1-0) et un match nul avec le Mali (0-0), à l’instar de celui du 14 février 1964 contre le Cameroun (4-4) au Stade Félix Eboué de Brazzaville.

Pour sa première participation en phase éliminatoire de la Coupe d’Afrique des Nations, le onze national congolais agissant encore à l’époque en 1968, sous le label de Congo-Sport se qualifiera à la finale après avoir successivement éliminer le Cameroun, et la Tunisie prenant la poudre d’escampette par forfait au match retour à Brazzaville, pour avoir lapidé les congolais qui leurs avaient infligés une cinglante défaite à domicile au match aller. Malheureusement cette première participation en Coupe d’Afrique des Nations se révèlera infructueuse au finish à Asmara en Ethiopie, suite aux triples défaites subit par le Congo devant le Sénégal (1-2), le Congo-Kinshasa (0-3), et les Black stars du Ghana (1-3), qui profiterons du match en faveur du 3e sommet de l’OUA d’Accra 1965 pour prendre leur revanche sur le Congo après la défaite du 17 octobre 1965 par 2-1 au Stade de la Révolution de Brazzaville.

Dans le cadre des matchs amicaux, la sélection nationale congolaise avait eu à arraché un match nul face à Botafogo du Brésil (0-0), après avoir croisé le fer pour une première fois avec le Roi Pelé et son Santos FC du Brésil le 7 juin 1967, dans un duel légendaire soldé sous une pluie battante par un score de 3-2 en faveur de FC Santos, qui reviendra deux ans plus tard réaffirmer sa technicité comme par ironie de l’histoire avec le même score de 3-2, et en découdre avec la sélection du Kouilou par un score de 3-2 au Stade Franco Anselmi de Pointe-Noire, ou les Diables-Rouges s’inclinerons (1-2), après leur victoire en match aller de préparation de la 8e coupe d’Afrique des nations par 5-2, devant les Corses d’Ajaccio menés par Marius Trésor (1-2), arraché un match nul avec Botafogo du Brésil et gagné l’équipe française de Valenciennes par 1-0, qui se rattrapera au retour par le même score de 0-1. Tandis que de son coté, Zénith de Leningrad fera un score de parité avec la sélection du Kouilou, après avoir battu (1-0) la sélection de Brazzaville.

Après avoir occupé le 2e rang au classement général du tournoi triangulaire de noël 1965 à Kinshasa derrière l’équipe des Standards de Lièges (Belgique), la primeur de représenter le Congo en coupe d’Afrique des clubs champions reviendra à la très populaire formation des

Diables-Noirs « yaka dia mama », qui parviendra à éliminer de la dite compétition le club Dragon FC devenu plus tard AS Bilima du Zaïre, avant de se voir infligé systématiquement à son tour deux défaites par Patronage de Kinshasa en aller (6-1) et retour (4-1). Il s’en suivra d’autres participations infructueuses en coupe d’Afrique des clubs champions avec des équipes de FC Abeilles (1967), Etoile du Congo (1968), Patronage Sainte-Anne (1969), CARA (1970), V.Club-Mokanda (1971)..., Puis arrivera le premier succès d’une équipe congolaise en coupe d’Afrique des clubs champions avec la victoire du mythique Club Athlétique Renaissance Aiglon (CARA) à l’édition 1974.

Diable Rouge champion d’Afrique avec le trophée de la CAN 72, CARA vainqueur de la coupe d’Afrique des nations 1974 autour du président Marien Ngouabi, sous les regards contemplatifs du Secrétaire Générale du CSSA Jean Claude Nganga, et de Gilbert Thomas Manckoundia alors président de la Fecofoot.

Prés d’une décennie après la médaille d’or des premiers jeux africain de Brazzaville, le football congolais atteindra l’apogée de sa gloire avec la victoire éclatante de sa sélection nationale en finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Yaoundé 1972, remportée face au Mali de Salif Keita, sacré premier ballon d’or Africain en 1970, par un score de 3-2 grâce aux actions spectaculairement déployée sur l’aire de jeu par les vieilles gloires représentés sur la photo historique ci-dessus, telles que : Bahamboula Mbemba Jonas « Tostao », Jacques Ndomba « Géomètre », Mbono « Sorcier », Minga Noël « Pepé », François Mpelé, Poaty « Hidalgo », Mouyabi « chaleur », Blaise Balekita, et autres Paul Moukila « Sayale », par ailleurs ballon d’or Africain 1974 et meilleur réalisateur du Club Athlétique Renaissance Aiglon (CARA), vainqueur de la Coupe d’Afrique des Clubs Champions 1974, posant pour la postérité autour du Président Marien Ngouabi sous les regards contemplatifs de Jean Claude Nganga et de Gilbert Thomas Manckoundia, dont le mandat à la tête de la Fecofoot sera marqué par plusieurs performances considérables au niveau locale, continental, et international, avec au plus haut la CAN 1972 qu’il ramènera au pays à la grande satisfaction du publique sportif congolais et Brazzavillois qui réservera un accueil triomphal, enthousiaste et délirant aux champions d’Afrique héros de Yaoundé 1972, et du camarade président Marien Ngouabi alors Chef de l’Etat, qui exposera le trophée tant convoité au salon de sa résidence officielle après avoir pris la décision de débaptiser la sélection nationale Congo-Sport en « Diable Rouge », et préalablement reçu en déjeuner Bahamboula Mbemba Jonas alias « Tostao », artisan de la qualification des Diables-Rouges à la 8e coupe d’Afrique des nations de football et meilleurs ailier d’Afrique 1974, qui évoquera son témoignage de cette époque glorieuse du football congolais dans les colonnes d’Hexagone Magazine de Janvier 2006, en ces termes :

« ...Le plus beau jour de ma carrière, c’est quand j’ai marqué le but égalisateur au stade de la révolution contre le Cameroun, en 1972, devant le président Marien Ngouabi, alors que le Congo était au bord de l’élimination puisqu’il ne restait que trois minutes à jouer. Pris de joie, le président Ngouabi s’est levé. Deux jours après le match, il m’a fait appel pour déjeuner avec lui au Palais. Et c’est à partir de ce jour que nous étions devenus des amis. Ce match comptait pour la qualification de la CAN de la même année au Cameroun...

Marien Ngouabi devant le trophée

Pour laquelle nous avons bénéficié d’une très bonne préparation avant la compétition en livrant beaucoup de matchs à Brazzaville et à l’extérieur du pays, tels que contre Ajaccio (France), Botafogo (Brésil) à Brazzaville. Pour se qualifier a cette CAN, nous avions éliminé le Nigeria et la Cote-d’Ivoire. Nous avons battu le Mali en finale par (3-2), après prolongation. C’était l’extase.au coup de sifflet final, j’étais perdu, je ne comprenais rien. C’est le vieux Boukaka, qui est venu me secouer sur la pelouse en me disant : le match à pris fin, tu es en train de rêver, allons jubiler avec les autres. C’était la grande fête au pays. Au retour des Diables-Rouges au pays, l’accueil était des plus chaleureux. ».

Au lendemain de la consécration des « Diables-Rouges » parmi les meilleures équipes de la Zones IV du CSSA corroborer par la CAN 72, le onze national congolais trouvera la consolation de son échec aux éliminatoires de la coupe du monde 74 par le Nigeria (1-2) après un match nul à l’aller (1-1), en battant successivement le Tchad (7-1), le Gabon (3-0), la RCA (2-0), et un en faisant un match nul avec le Cameroun (1-1) à la coupe d’Afrique Centrale jouée à Brazzaville, qui renouera avec sa vocation de carrefour des grandes compétitions sportives internationale par l’organisation en Juillet 1973 du 26e championnat international militaire du CISM (Conseil International du Sport Militaire), remporté par l’Italie et marqué outre le Congo, par la participation des équipes nationales militaires de la Cote-d’Ivoire, du Koweït, de l’Irak, du Zaïre classé 4e au classement général, et tant d’autres.

Retour triomphal des Diables Rouges à Brazzaville, entouré du Président Pascal Lissouba et de son premier ministre Charles-David Ganao, après leur victoire contre les Bafana-Bafana d’Afrique du Sud à Pointe-Noire en 1993.

Dans le tournant des années 90, le public sportif congolais connaitra également quelques moments d’exaltation cristallisés sur l’épisodique victoire des Diables-Rouges devant l’équipe nationale des Bafana-Bafana d’Afrique du Sud, relaté à l’époque dans les colonnes de l’hebdomadaire « le Temps » par Innocent Olivier Tati, comme suite :

« L’Aéroport international de Maya Maya a connu hier une ambiance de kermesse à l’occasion du retour du chef de l’Etat et des Diables Rouges. En effet, des milliers de Brazzavillois, soutenus par des ensembles traditionnels, avaient pris d’assaut la devanture et les jardins de l’aéroport. Radieux vêtu d’un costume beige claire. Le Président de la République à pris un véritable bain de foule en compagnie du Premier Ministre David Charles Ganao et de ses enfants : les Diables Rouges.

Le Congo et l’Afrique du Sud avaient de vieux comptes à régler. On se rappelle, qu’après avoir pris le dessus sur les Diables Rouges en juin 1992, à Johannesburg (0-1), les Bafana Bafana sont venus festoyer un an plus tard, c’est-à-dire une après midi d’août 1993 en terres congolaises, en damant le pion aux Diables Rouges. Ces derniers étaient bien décidés à laver l’affront. Et quand le président des sages du Kouilou, accompagné du directeur de cabinet du ministre de la Jeunesse et des Sports a fait le tour du stade, quelques secondes avant le coup d’envoi du match, le sort en a été jeté. La preuve, la sortie inopinée de Mark Fish, le pilier de la défense sud africaine, après une rude collision avec Lucien Ibara, le défenseur congolais.

Il restait plus qu’à Younga, resté sur le banc de touche pendant la première mi-temps, de faire son entrée sur l’ère de jeu en seconde période. Un premier but inscrit de la tête à la suite d’un coup franc tiré par Maurice Ntounou. Un second but marqué après un festival de dribles. Le stade, debout ovationne le démiurge.

La fête, qui a commencé au stade, s’est poursuivie dans les quartiers populaires de Pointe-Noire. Jeunes et vieux, grands et petits, filles et garçons ont dansé aux rythmes de chez nous, chanté et bu en l’honneur des Diables Rouges, jusqu’à l’aube. Certaines personnes sont restées nues comme des vers de terre, pour exhaler leur joie. ».

En définitive, dans l’espoir que les remarquables efforts actuellement déployés par le gouvernement de la République et son Chef, le Président Denis Sassou Nguesso, pour redorer le blason terni du sport congolais trouverons des répondants sur le terrain, nous souhaitons vivement que la fête soit aussi belle que les precedantes pour la jeunesse sportive congolaise et africaine à l’occasion de la CAN Junior de Football 2007.

Wilfrid Sathoud
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