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Populations en danger

Une marée humaine de Kinois serait attendue à Brazzaville en cas de guerre civile en RDC

Villes cruelles

A partir du 30 juillet 2006, date des élections présidentielles sur fond de contestations politiques, personne n’est en mesure de prévoir ce qui va se passer à Kinshasa, ville qui compte 8 millions d’habitants. Les pronostics sont très pessimistes à ce propos. C’est ce qu’affirme notre confrère, AFRIQUE ECHOS MAGAZINE. Des structures d’accueil auraient été mises en place dans la ville voisine de Brazzaville par les autorités politiques pour parer toute éventualité.

Selon notre confrère Afrique Echos Magazine (vendredi 23 juin 2006) Brazzaville aurait mis en place « un plan de contingence pour répondre à l’afflux massif des réfugiés kinois » suite au chaos qui risque d’avoir lieu de l’autre côté du fleuve. En effet, le 30 juillet, date des élections en RDC sous haute surveillance, on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain.

Les 8 millions d’habitants que compte Kinshasa voudront sauver leur vie en cherchant refuge ailleurs. Le point de chute le plus sûr reste Brazzaville (850.000 âmes). Autant dire que la petite capitale de Sassou risque d’être débordée.

L’enjeu est de " parer à un éventuel déplacement massif des Kinois, en cas de détérioration de la situation, vers Brazzaville" .

Le port de Brazzaville, lieu de débarquement des potentiels candidats à la fuite

Pour ce faire le gouvernement de Brazzaville a élaboré " un plan de contingence spécifique face aux sautes d’humeurs qui prévalent à Kinshasa."

Il a été convenu, selon AEM, que " les populations en provenance du nord de Kinshasa pour la partie septentrionale du Congo pourront être logées dans le camp des réfugiés de Loukolela et dans celui de Betou qui abrite déjà des réfugiés de la RD Congo."

Quant à l’autre option, les candidats à l’exil qui chemineraient directement sur Brazzaville "pourront être logées à la célèbre école de peinture de Poto Poto et au Collège d’enseignement général de Kintelé, alors que les populations de Kinshasa -sud qui cherchant refuge dans le département du Pool au Congo pourront être reçues à Loukami."

Cette logistique fait partie d’un plan qui est « le fruit d’une collaboration étroite avec quelques agences des Nations unies spécialisées en la matière. »

Toutefois, il existerait un plan B lié au fait que le « le Congo dont le président est à la tête de l’Union Africaine, s’attelle à la tâche pour que les élections en RD Congo se passent dans de bonnes conditions. » C’est ce que rapporte Fresnel Bongaul Tsymbhat , correspondant permanent ( AEM ) au Congo-Brazzaville.

Les citoyens les plus mitoyens

Depuis la chute du mur quis séparaient les deux Berlin, Brazzaville et Kinshasa sont restées les deux capitales les plus rapprochées du monde. Malgré une politique migratoire bêtement draconienne, il y a un énorme mouvement humain entre les deux villes. On se doute bien qu’en cas de conflit dans l’une des deux cités, l’autre en paie forcément les pots cassés. En 1997, suite à la menace Banyamulenge qui pesait sur Kinshasa, la France avait mis en place son plan de sauvetage dit Pélican pour venir en aide aux occidentaux pris au piège dans l’enfer kinois. Fort heureusement la bataille de Kinshasa tant attendue n’eut pas lieu. Et, paradoxalement, ce fut Brazzaville qui prit feu avec la folie de deux tyrans : Lissouba et Sassou.

Aussi, sans être oiseau de mauvais augure, force est de constater que c’est lorsqu’on met en place des dispositifs humanitaires à Brazzaville pour venir en aide à Kinshasa que « ça pète » au Congo-Brazzaville.

Et justement, en ce moment, il y a de l’orage dans l’air au Congo de Sassou. Tous les yeux sont braqués sur la capitale de Kabila/fils mais Brazzaville n’est pas pour autant à l’abri d’une explosion politique. Géré comme une entreprise familiale, le Congo de Sassou cristallise toutes les tensions imaginables dans un système politique où règnent injustice et misère. La chose a tellement inquiété le dictateur congolais qu’il a envoyé en émissaire son épouse, Antoinette, corrompre les « députés » PCT du Kouilou pour qu’ils ne fassent pas défection aux prochaines élections. (Mwinda du 20 juillet)

Renvoi de l’ascenseur

Durant les guerres civiles de 1997 et de 1988, le territoire de la RDC accueillit un flot massif de réfugiés du Congo-Brazzaville. Un flux énorme traversa le fleuve dans la région du Pool pour les camps de Mbanza-Ngungu dans le Bas-Kongo. Certains, traumatisés par le sort que Sassou réserva à ceux qui tentèrent le retour au pays, logeraient encore actuellement dans les camps de Mbanza-Ngungu.

Il est normal d’accueillir ceux qui nous avaient accueillis. Ainsi le veut la solidarité. Or, jusque-là, en dehors de quelques camps de civils à Kintélé et dans la Likouala où sont stockés les R-décéens ayant fui les combats entre forces loyalistes et partisans de Bemba, Brazzaville n’a donné refuge qu’à des ex-agents de la DSP (militaires de Mobutu), une cohorte armée dans laquelle Sassou puisait à volonté des mercenaires pour venir à bout de Lissouba durant le coup d’état du 5 juin 1997. Le Congo de Sassou n’a jamais brillé pour son sens de l’hospitalité. Il est temps qu’il se rattrape.
Surtout, touchons du bois pour que Kinshasa ne prenne pas feu.
Malheureusement, vu le charivari qui précède la date fatidique du 30 juillet, il y a lieu de crainde le pire.

Problème : un tsunami humain déferlant de Kinshasa sur Brazzaville laisserait-il intacte la petite capitale où règne en maître le Président de l’Union Africaine ?

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