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Expansion

France (1880) – Rwanda (2023) Après 140 ans, l’histoire se répète au Kongo

Introduction

Ce papier succinct met en lumière l’analogie entre les débuts de la colonisation française (Accords De Brazza-Ngalieme, 1880) au Congo-Brazzaville et la dépossession des terres congolaises au profit du Rwanda (Accords secrets Sassou-Kagamé, 2023). Des extraits des accords De Brazza sont donnés en annexe. A la lumière du livre de Charles Onana, ce texte interpelle les Forces Armées Congolaises (FAC), sur leur serment de défense de la souveraineté nationale.

De Brazza et Ngalieme (1880)

En 1880, lorsque De Brazza envoie en France un traité qu’il aurait signé avec le chef Ngalieme représentant des populations Téké, les principaux leaders des territoires Nsundi du royaume Kongo (rive droite du fleuve Congo), dont les parents avaient déjà combattu les Portugais à Mbanza-Kongo, n’ont aucune information sur cette intrusion française.

Il en découlera, plusieurs résistances, dont celles de Mabiala Ma Nganga (1896) et de Boueta Mbongo (1898), respectivement sur les routes Loango-Brazzaville (route des caravanes) et Manianga – Brazzaville (route des missionnaires).

Pour briser ces résistances, la France coloniale utilisera comme forces armées les tirailleurs sénégalais. Ces tirailleurs seront composés des ressortissants d’Afrique de l’Ouest (Sénégalais, Maliens, Soudanais, etc.)
Cette conquête coloniale s’accompagnera d’une volonté manifeste de marginalisation des autochtones Congolais, comme le signale De Brazza :
Pour De Brazza qui était en train d’installer plusieurs stations dans le pays dont celle de MPumbu : « … J’ai pensé que la station devrait être l’embryon d’un futur établissement colonial, commercial et agricole. A ce titre, pensant qu’il aurait été utile d’y grouper une population étrangère au pays et dépendant de la station… » (In Henri Brunschwig, Brazza Explorateur. Les traités Makoko 1880-1882, Paris, Mouton, 1972, p. 193.

Les inconnus de l’accord Sassou-Kagamé

De nos jours, l’actuel Sous-Préfet de la France au Congo-Brazzaville n’ayant jamais respecté aucun texte constitutionnel, s’est mis en intelligence avec le bras armé de la Françafrique, le Rwanda pour déposséder les Congolais de leurs terres. Le parlement du Congo, représentant des populations congolaises n’a jamais lu et ratifié lesdits accords que la famille Sassou-Nguesso est allé signer avec la famille de Paul Kagamé.

Comme en 1880, il y a de cela un siècle et demi, l’histoire se répète, les Congolais ignorent ce que ces deux familles rwandaises et congolaises, ces dictatures les plus sanguinaires d’Afrique, sont en train de préparer comme projet macabre.
Toujours est-il que le couperet est tombé en ce mois de septembre 2023 à Loutété. Dans le Niari, la Bouenza, le Pool, la Lékoumou, etc., des populations congolaises commencent à être chassées de leurs terres au profit des sujets rwandais qui ne sont en réalité que des soldats déguisés en agriculteurs.

La situation est très grave et les Congolais doivent se mobiliser pour faire échec à ce projet macabre qui ne vise pas que les 12000 hectares qu’on veut bien nous citer.
La logique actuelle est plus cruelle. Elle intègre le projet colonial qui ne voulait pas des Congolais de souche aux affaires au Congo, en les substituant par d’autres populations africaines.

Quel sera le mode opératoire des accords Sassou-Kagamé ? Une fois que les Congolais auraient accepté des poches de territoire occupées par les Rwandais, ceux-ci par diverses méthodes (empoisonnements de masse, comme on l’a décrié en août 2023 à Loubomo, ou par des assassinats ciblés…), agrandiront les territoires qui leurs seraient accordés initialement par le traité Sassou-Kagamé. Comme les Rwandais peuvent désormais venir au Congo-Brazzaville sans visas, et que la compagnie aérienne Rwandair est devenue un instrument au service de cet expansionnisme nilotique, dans un quart de siècle, tout le pays va leur appartenir. Par voie de conséquence les Bantu auront été remplacés par les Nilotiques. Cela s’est déjà vu aux Amériques avec les Indiens qui ont quasiment disparu.
C’est donc une guerre de civilisation qui est contenue dans le traité Sassou-Kagamé qui vise aussi à plus long terme l’enclave du Kabinda, le Kongo Central en RD Congo et en ligne de mire les territoires de UIGE et du ZAÏRE en Angola… Car il s’agit pour les nilotiques de privatiser l’embouchure du fleuve Congo de l’Océan à Maloukou.

A quoi rime cette valse françafricaine ?

La question qui se pose aujourd’hui est la suivante :
Pourquoi les Étrangers qui viennent en Afrique Centrale, ont toujours comme projet l’extermination des populations autochtones en lieu et place d’une coopération à visage humain ?

 Cela s’est vu avec le Portugal depuis le 15 ème siècle, jusqu’à faire des Kongo des esclaves qui sont allés construire le nouveau monde (Les Amériques). Les Portugais voulaient la terre du Kongo sans les Kongo. En effet, ils y ont favorisé le métissage et la hiérarchisation raciale.

 Cela s’est vu au Congo-Brazzaville avec le projet de De Brazza. Pour vaincre les autochtones, les missions De Brazza ont ramené dans ce pays des milliers de populations Ouest africaines, à qui avait été légué le commerce de proximité par le Colon. Ce n’est pas un hasard si dans Brazzaville, Pointe-Noire le commerce de détail est aux mains des expatriés. C’est une construction coloniale. Voir à cet effet, en annexe la décision de nomination de Malamine comme chef de la Station française de Ncouna. (In Napoléon Ney, Conférences et Lettres de P. Savorgnan De Brazza, sur ses trois explorations dans l’Ouest Africain, Kivouvou Verlag, éditions Bantoues, 1984).

 On le voit depuis 1994 dans l’Est de la RD Congo. Plus de 10 millions de Congolais ont perdu la vie, pour faire du Rwanda, l’allié des Anglo-Saxons et du monde occidental en général afin de piller les ressources minières de la RD Congo.

 C’est ce qui arrive aujourd’hui avec le traité Sassou-Kagamé qui vise à programmer le génocide des populations Kongo habitant les cinq régions ciblées par le Rwanda.

Pourquoi toute coopération avec le Congo-Brazzaville, qu’elle soit initiée par les Européens ou par les Africains, doit-elle passer par la négation et/ou l’annihilation de l’humanité des Kongo ?

Que doivent désormais faire les Kongo pour se préserver d’un génocide qui sévit déjà dans le département du Pool depuis 1998 ?

Conclusion

Dans son récent ouvrage, Charles ONANA reprend les propos d’un ministre français : « L’ancien ministre français de la Coopération, Bernard Debré, nous en avait parlé en 1999. Il expliquait que la création d’un Tutsiland était une idée mûrie et entretenue par une petite élite tutsi de la région des Grands lacs africains, principalement d’Ouganda, du Burundi, du Rwanda et du Zaïre. Le ministre français soutenait que ces individus nourrissaient l’ambition de dominer et de contrôler l’Afrique de l’Est et Centrale à moyen ou long terme. Il affirmait que ce projet hégémonique était appuyé par des Anglo-Saxons qui entendaient défendre leurs intérêts en Afrique à travers ces Tutsis... » (In Charles ONANA, Holocauste au Congo. L’omerta de la communauté internationale. La France complice ?, Paris, l’Artilleur, 2023, p. 216.)

L’histoire du monde contemporain nous a montré que la plupart des guerres entre nations sont liées à des problèmes de souveraineté territoriale. Cette politique conquérante de Kagamé soutenue par les Anglo-Saxons auxquels s’est liée la France nécessite pour l’Afrique Centrale bantu des stratégies nouvelles. Car il s’agit pour les puissances impérialistes, sous le prétexte d’un Tutsiland, de continuer une guerre coloniale et esclavagiste qui n’a pas éradiqué les Bantu de l’Afrique Centrale.
Ainsi, les accords Sassou-Kagamé sont une déclaration de guerre contre les Congolais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. La question de la terre est sacrée. Lorsqu’un bout de territoire est aliéné, le souverain primaire doit entrer en résistance pour le récupérer. Le devoir premier d’une armée nationale consiste à défendre la Patrie. Les Forces Armées Congolaises (FAC) ne doivent point oublier le respect de ce serment qu’ils ont tous passé sous le drapeau tricolore Vert Jaune Rouge, pour la défense des 342000 kilomètres Carrés du territoire congolais.
Dans l’histoire européenne, la guerre franco-allemande de 1870-1871, avec la défaite et la perte de l’Alsace-Lorraine avait engendré chez les Français une longue résignation et un nationalisme revanchard… Mais curieusement, en 1940 lorsque l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal en particulier est aux mains du Maréchal Pétain, ce sont les populations Kongo de Brazzaville qui accueillent le Général De Gaulle. Brazzaville devient, en octobre 1940 la capitale de la France Libre. Cette victoire planétaire de la seconde guerre mondiale sur le Nazisme allemand avait également mis un terme aux guerres franco-allemandes.
Au regard de la montée du sentiment anti-français en Afrique, nous savons tous que les blessures congolaises provoquées par la France sont très nombreuses dans ce pays. Plus près de nous, on peut citer le Président François Hollande qui avait autorisé à Sassou Nguesso de modifier sa Constitution en 2015. Sans oublier le Président Jacques Chirac qui se félicitait d’avoir envoyé l’armée angolaise pour faire revenir le même Sassou-Nguesso au pouvoir (Guerre du 05 juin 1997), en décapitant le régime démocratiquement élu de Pascal Lissouba. Le cas de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire avait été médiatisé en 2011, sans oublier que le Congo-Brazzaville avait connu pire en 1997 avec plus de 400000 morts, sous la houlette de la France, des barbouzes de Total-Elf-Fina pour le pétrole.
Si le Congo-Brazzaville, pour avoir hébergé la Capitale de la France-Libre, aux heures les plus sombres de la République Française, ne mérite qu’humiliations, génocides et perte de souveraineté, aux Congolais de prendre leurs responsabilités sur cette question françafricaine de cession des terres au Rwanda. Comme pour la seconde guerre mondiale, l’Afrique Centrale et les deux Congo en particulier doivent savoir que ce jeu des alliances internationales en faveur du Rwanda montre que ces deux pays sont au cœur d’une troisième guerre mondiale qui ne dit pas son nom. Et sur ce, les patriotes des deux Congo doivent coaliser leurs forces pour trouver ensemble les solutions qui s’imposent dès lors que l’agresseur est clairement identifié.

Luheko lua Mayama
Brazzaville, le 21/09/2023

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