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A propos de la RDC

CPI : le tribunal ouvre une enquête sur la RDC

23/6/2004

Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé mercredi sa décision d’ouvrir la première enquête de ce tribunal sur les "crimes graves" commis sur le territoire de la République démocratique du Congo (RDC) depuis le 1er juillet 2002.

Dans un communiqué, le bureau du Procureur note que "des Etats et des organisations internationales et non gouvernementales ont signalé que des milliers de personnes ont été tuées sommairement en RDC depuis 2002", date de l’entrée en fonctions de la CPI.

Les rapports parvenus à la Cour font notamment état de viols, de tortures, de déplacements forcés et de conscriptions illégales d’enfants soldats dans la République démocratique du Congo. La Cour pénale internationale, dont le siège est à La Haye, est le premier tribunal permanent chargé de la répression du génocide, des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Dans son communiqué, le Procureur de la CPI, l’Argentin Luis Moreno-Ocampo, indique que "la décision d’ouvrir une enquête a été prise avec la coopération de la RDC, d’autres gouvernements et des organisations internationales". "L’ouverture de la première enquête de la CPI constitue un grand pas pour la justice internationale, la lutte contre l’impunité et la protection des victimes", ajoute le texte.

M. Moreno-Ocampo souligne par ailleurs son intention de cibler, dans son enquête, "les personnes qui portent la plus grande responsabilité pour les crimes commis actuellement en RDC", sans toutefois préciser lesquelles.

En juillet 2003, le Procureur avait annoncé son intention de se saisir de la situation prévalant en Ituri, province située au nord-est de la RDC, compte tenu de son "caractère d’urgence et de gravité". La province d’Ituri est déchirée depuis 1999 par des affrontements inter-ethniques qui ont fait plus de 50.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.

En annonçant son intention de se concentrer sur l’Ituri, le Procureur avait brossé un tableau dramatique des atrocités commises dans cette province : viols collectifs, pillages, torture, cannibalisme rituel. En mars 2004, le président de la RDC Joseph Kabila avait lui-même saisi la CPI des crimes commis non seulement dans l’Ituri mais dans l’ensemble du pays. Dans sa lettre, le président Kabila soulignait son intention de coopérer avec la CPI.

Des millions de civils sont morts dans les conflits qui ont déchiré la RDC depuis les années 1990. L’enquête ouverte par le Procureur pourrait éventuellement déboucher sur des inculpations et, à terme, sur le premier procès de la CPI.


L’ONU veut réagir plus vite

23/6/2004

Le Conseil de sécurité des Nations Unies préoccupé par la poursuite des violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a évoqué mardi la mise en place d’une force de réaction rapide au sein de la Mission des Nations Unies (Monuc) en RDC.

L’ambassadeur des Philippines à l’Onu, Lauro Baja, a déclaré que le Conseil de sécurité "invitait le secrétaire général à déterminer précisément le besoin d’une éventuelle capacité de réaction rapide pour la Monuc".

La Monuc compte actuellement un peu moins de 11.000 soldats chargé de faire respecter le processus de paix dans un immense territoire difficile d’accès au coeur de l’Afrique.

M. Baja a également indiqué que "la poursuite des violences et l’instabilité dans l’est" du pays "préoccupait vivement le Conseil de sécurité (qui) condamnait dans les termes les plus vigoureux toute implication de forces extérieures".

Le Conseil, a indiqué l’ambassadeur philippin qui en assure la présidence pour le mois de juin, a ainsi demandé au Rwanda de "n’apporter aucun soutien à des groupes armés se trouvant en RDC" et "d’user de son influence pour désamorcer la crise actuelle.

Le Conseil a également rappelé à l’Ouganda qu’il ne "devait pas s’ingérer" en RDC, et au Burundi "d’empêcher tout soutien depuis son territoire à des groupes armés se trouvant" dans ce pays.


Tirs de sommation de la Monuc contre Jules Mutebusi

21/6/2004

Des hélicoptères de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo ont tiré sur les positions du colonel "dissident" Jules Mutebusi, à Kamanyola (province du Sud-Kivu, est de la RDC), a annoncé lundi une source militaire onusienne.

"Il s’agit de tirs d’avertissement" de la part de la Monuc, a affirmé cette source, "pas d’une offensive conjointe" avec les FARDC.

Le Colonel Mutebusi et ses hommes, quelques centaines selon des estimations, sont actuellement en cours d’encerclement par les Forces armées de la RDC (FARDC) dans cette localité située à une quarantaine de kilomètres au sud de Bukavu, la capitale provinciale.

Des combats entre FARDC et troupes du colonel Mutebusi sont en cours depuis les premières heures de samedi, avait rapporté samedi radio Okapi, financée par la fondation Hirondelle et les Nations unies. Les combats les plus intenses se déroulaient aux alentours du pont de Kamanyola qui permet de se rendre à Uvira (sud de Bukavu) et se situe à quelques centaines de mètres du Rwanda.

Les Nations unies tentent d’empêcher le colonel Mutebusi, l’un des officiers dissidents qui s’étaient rendus maîtres de Bukavu au début du mois, de lancer de nouvelles offensives. Selon des sources militaires, l’offensive des FARDC, qui lui bloque la route du nord, vers Bukavu, comme du sud, vers Uvira, pourrait obliger Jules Mutebusi à fuir vers le Rwanda. "L’étau se resserre" autour de Mutebusi, a estimé la source militaire onusienne.

Les combats de Kamanyola sont menés par le commandant de la dixième région militaire congolaise basée à Bukavu, le général Budja Mabe, l’homme qui avait repris cette ville après une semaine d’occupation par les "dissidents". Un commandant des FARDC, présent à Kamanyola, Patrick Masunzu, avait affirmé en fin de semaine que le colonel Mutebusi avait reçu le soutien d’engins blindés et de troupes rwandaises. Selon le commandant Masunzu, le type de blindés dont dispose Mutebusi n’existe pas en RDC.

L’autre officier qui s’était emparé de Bukavu avec Mutebusi, le général Laurent Nkunda, tutsi congolais comme lui, se trouverait pour sa part à Minova, au nord de Bukavu et a annoncé cesser le combat contre les forces loyalistes.


Kinshasa appelle la Tanzanie au secours

19/6/2004

La République démocratique du Congo (RDC) a demandé samedi à la Tanzanie de l’aider dans son processus de transition, a annoncé un ministre du président Joseph Kabila à Dodoma, la capitale administrative tanzanienne.

"Nous sommes ici pour demander au président tanzanien, en tant que voisin et dirigeant de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe, 13 pays, ndlr), de nous aider à mener à bien une transition pleinement démocratique", a déclaré le ministre de la RDC pour la Coopération régionale, Mbusa Nyamwisi, lors d’une conférence de presse.

Le processus de transition en cours en RDC est menacé par des dissidences militaires dans l’est du pays.

La demande de Kinshasa, signée par le président Kabila, a été reçue par le ministre tanzanien des Affaires étrangères, Jakaya Kikwete, représentant le président Benjamin Mkapa, actuellement en convalescence dans une clinique suisse, a précisé M. Nyamwisi.

"Nous avons besoin de vous et de la région pour décourager ceux qui veulent bouleverser le processus de transition, qui est vital pour le pays. Ce soutien peut être diplomatique ou militaire, mais nous voulons que la RDC organise ses élections l’année prochaine", a-t-il poursuivi. "La population du Congo veut des élections (...) car le scrutin apportera légitimité et stabilité au pays, permettant ainsi l’accélération du processus de reconstruction après de nombreuses années d’instabilité", a-t-il encore déclaré.

Des élections générales sont prévues en RDC pour juin 2005. M. Nyamwisi a reproché à des "forces à l’intérieur du pays" de "tenter d’enrayer le processus démocratique" sur la base d’allégations infondées selon lui. "Ces gens-là ont peur des élections programmées pour juin 2005. Ils provoquent des troubles dans l’est de la RDC en invoquant de nombreux prétextes, par exemple des massacres des Banyamulenge", a-t-il déclaré. "Mais ces prétextes se sont révélés mensongers, après vérifications de l’Onu", a-t-il ajouté. Pendant une semaine, début juin, le général Laurent Nkunda, à la tête de soldats dissidents, a pris le contrôle de la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu (est), frontalière du Rwanda et du Burundi.

Le général Nkunda réclame la création d’une commission d’enquête gouvernementale sur des crimes qu’il qualifie de "génocide", et qui auraient été commis à l’encontre des Tutsis congolais de Bukavu. Une première enquête, menée par les Nations unies, a conclu à l’inexistence de tout génocide, mais les soldats dissidents en rejettent les conclusions.

Le chef d’un autre groupe de soldats dissidents, le colonel Jules Mutebusi, a affirmé jeudi que ses hommes contrôlaient toujours la localité congolaise de Kamanyola, à la frontière avec le Rwanda et le Burundi. La Mission des Nations unies en RDC (Monuc) a confirmé que les hommes du colonel dissident étaient "déployés à Kamanyola", qui est néanmoins "encerclée" par l’armée gouvernementale.

Cinq années de guerre civile en RDC ont fait plus de trois millions de morts dans le pays.

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