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"Aligato" Sassou : 500.000$ pour panser les plaies de Fukushima

500.000 $ offerts aux Japonais : Washington Ebina qui peine à réunir 80 millions de fr.Cfa pour réparer son maudit ascenseur du CHU peut s’arracher les cheveux.

500.000 $ : Aligato SASSOU

C’est avec un large sourire que le nouvel Ambassadeur du Japon au Congo, son Excellence Monsieur Kitazawa Kanji, a remis ses lettres de créance au très sympathique Denis-Sassou Nguesso ce mardi 19 avril 2011 (Télé Congo). Normal, le Président congolais, sans donner l’impression de se faire hara kiri, a fait don d’une enveloppe de 500.000 dollars à l’Etat japonais victime d’un terrible tremblement de terre suivi d’un tsunami voici un mois. Oui, vous avez bien lu. Ce n’est pas un poisson d’avril. C’est un fugu (poisson poison) qu’on vient de servir aux Congolais.

En vérité Sassou vient de gagner sa "ceinture noire plusieurs dan " en duplicité.

Sans doute, pas du tout dupe (étant donné la manière dont Sassou traite ses propres compatriotes) Kitazawa Kanji, en bon diplomate, a remercié ce généreux donateur du lointain tiers-monde africain venu à la rescousse de son pays secoué par une catastrophe naturelle. "Aligato" (merci en japonais). Ali Baba...

L’ambassadeur nippon, bien que nommé à Brazzaville après avoir servi (entre autres pays) au Maroc et en RDC, continue d’avoir sa résidence à Kinshasa. Ce diplomate a dû se poser une foule de questions dans sa tête face à cette manne venue d’un pays d’Afrique dont il a pu juger l’état désastreux de son économie depuis son poste de Kinshasa.

L’empire des sens

Sous l’empire de quelles pulsions ce prodigieux geste vient-il d’être commis ? Foulosophie ou philosophie ? "La raison est hellène, l’émotion nègre" a dit le poète sénégalais Senghor, car vous chercherez en vain la rationalité économique qui a gouverné cet aimable geste congolais. Elle n’existe pas. C’est comme si Lazare, symbole de la pauvreté chrétienne, faisait l’aumône à Crésus, l’homme le plus riche de la Bible. Mais visiblement le coeur du Mikado d’Oyo a des raisons que la raison ignore. Kamikaze, bonzaï, sumo, mazda, kama sutra toshiba, fuck your mother...on en perd son japonais.

Ipon

Le Congo de Sassou est très généreux. Ipon pour ceux qui osaient encore douter de la légendaire hospitalité africaine. Le Congo est dirigé par un individu au nom quasi nippon de Sassou-Nguesso, bâtisseur infatigable, aujourd’hui "infatigable philanthrope". Sur l’air d’"Hiroshima mon amour", il a fait son entrée dans la liste de ceux auxquels les Japonais durement frappés par la catastrophe de Fukishima peuvent dire "merci".

Judo

Voilà un pays (le Congo) qui vient d’être reçu parmi les pays les plus pauvres et les plus endettés de la planète. Sa population vit dans une misère à faire pleurer Lazare malgré la colossale rente pétrolière que lui rapportent les compagnies qui exploitent ses gisements off shore. C’est une vraie prise de judo supplémentaire que Le Chemin d’avenir vient de faire aux Congolais. Rien de tel pour le Cobra en chef de passer aux yeux des enfants du Soleil Levant pour un "Fuji Yama" de bonté.

En ce moment toute la presse nationale souligne le contraste entre son énorme budget et l’état lamentable dans lequel se trouve son système de santé.

C’est, justement, à ce moment précis de tsunami social que les Congolais, eux qui galèrent au bas du classement économique des pays de la planète, apprennent que leur pays est capable de venir en aide à un pays comme le Japon qui se trouve être parmi les quatre premières économies mondiales.

"Les dirigeants du Congo marchent sur la tête" a dit en substance un internaute.

Quand on marche les pattes en haut, la tête en bas, on a une vision du monde à l’envers. En somme, a ceux qui n’ont rien, on ne donne rien. Ceux qui ont tout reçoivent davantage. "La Lettre du Continent" (n° 609) rapporte que Sassou a donné une bonne portion de la forêt congolaise à sa fille, la plantureuse Christelle Nguesso. Sur le site gouvernemental CONGOSITE, on apprend que les agents de la mairie de Brazzaville sont en grogne pour des arriérés de salaires impayés. Deux poids, deux mesures.

Don/contre-don

On sait, depuis les études de Marcel Mauss sur la kula trobriandaise, que le don rend prisonnier celui auquel il est fait. Le receveur devient l’obligé de celui qui donne. Le don, en tant que phénomène social, appelle une riposte : c’est le contre-don. Il y a donc du calcul dans un don qui, pourtant, par définition, devrait être gratuit. Sassou a-t-il raisonné suivant la dialectique du don-contre/don ? Or M.Mauss dit que la kula est un acte sans intérêt matériel. Donc les Japs ne doivent rien à Sassou de toute façon habitué à la logique dite " akaba a tala té" .

On savait qu’on ne prête qu’aux riches. On sait désormais avec le 1/2 million de dollars filés aux Japonais que dans ce bas monde, on ne donne qu’aux riches. Eux, au moins, même s’ils ne remboursent pas, inspirent confiance. Les pauvres, quant à eux, peuvent toujours crever, le ciel ne tombera pas. Donner aux Japonais, ça fait prestigieux. Or le prestige est une valeur inestimable ; tandis que dépanner les pauvres, c’est comme verser une goutte d’eau dans la mer. Ca ne compte pas, ça n’ajoute rien. Le geste de Sassou brille alors pour le cynisme qu’il connote.

kata, shuto, makiwara Campaoré

Lissouba promit faire pousser la canne à sucre sur le Fuji Yama, Sassou avec son incroyable cadeau aux enfants du Mikado ajoute du fiel dans ses relations avec les Congolais. Signalons qu’au Burkina Faso, son ami Blaise Compaoré est en train de subir des prises de kata de ses militaires pour des revendications salariales.

Au Congo, ceux qui crèvent la dalle se feront un plaisir de dire un définitif "sayonara" (au revoir) à l’Empereur de Mpila.

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