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Interview

Ange Edouard Poungui parle de la situation présente au Congo.

Je crois que tout pays qui a connu une guerre ne peut revenir à la situation normale que par une négociation entre les parties belligérantes. Et le Congo n’échappera pas à la règle.

Ange Edouard Poungui ancien premier ministre du Congo sous Sassou I (1984-1989), ancien directeur de la Banque Centrale du Congo, aujourd’hui dans l’opposition parle ici de la situation qui prévaut actuellement au Congo-Brazzaville, de la crise du Pool, au retour des exilés, des disparus du Beach à la déclaration des évêques du Congo...

Il a accordée cette interview à la Radio Montréalaise CFMB lors de son récent séjour à Montréal au Canada.
Et nous avons la retranscription de cette Interview grâce à notre correspondant à Montréal, NESSYLT-Eugène T.
Invité : Ange-Edouard POUNGUI,
Interviewer : Osée MUPESSÉ RHUTOMPO.

O.M.R. : Vous êtes une personnalité de grande importance venant du Congo-Brazzaville. Ici au Canada on ne parle pas assez de la situation qui prévaut au Congo-Brazzaville alors que la situation critique qui s’y déroule nous pousse à réfléchir et a échanger des points de vue ce soir avec vous. Vous êtes ici à Montréal, qu’est-ce que vous nous apportez comme nouvelles.

A.E.P. : Merci d’abord de m’avoir reçu dans vos studios. Je suis personnellement tout à fait curieux à la fois et intéressé de savoir que la voix de l’Afrique peut également être entendue à partir du Canada et elle est portée par des fils du continent comme vous-même. Cela pour moi est une découverte parce que je pensais que ce n’étaient que les médias occidentaux ou les journalistes occidentaux qui parlaient de l’Afrique ici. Là nous sommes dans une émission avec des animateurs africains et cela me réconforte beaucoup. M’ayant invité ici, je ne pouvais pas ne pas répondre à cette invitation surtout qu’il s’agit de parler de mon pays et, comme vous l’avez dit dans votre introduction, d’un pays qui est en crise très grave depuis 1997 et dont les médias n’en parlent pas beaucoup.

O.M.R. : On voit d’autres choses que le Congo ici. Pourtant la situation est réellement très critique à ce que je sache.

A.E.P. Tout à fait. La situation est très critique depuis 1997, comme vous le savez ou l’avez appris. La jeune démocratie congolaise qui avait été initiée à partir de 1991 à la suite de la conférence nationale souveraine a été purement et simplement assassinée par un coup d’État perpétré par l’ancien Président de la République du Congo Denis SASSOU NGUESSO. Depuis la date du 5 juin 1997 le Congo est plongé dans une crise qui n’en finit pas. Aujourd’hui une bonne partie de la population du Congo se trouve soit déplacée de leurs villages, soit en exil dans les pays voisins, le Gabon, la République Démocratique du Congo, mais aussi dans les pays occidentaux jusqu’y compris ici au Canada. C’est pour la première fois que le Congo compte autant de réfugiés, autant d’exilés à l’extérieur. C’est une situation, comme vous pouvez l’imaginer, très dramatique et voilà pourquoi il est important de saisir toutes les occasions qui peuvent nous permettre d’en parler pour que l’opinion publique internationale soit informée de ce qui se passe dans notre pays.

O.M.R. : Actuellement vous êtes en France et vous avez opté pour l’opposition. Vous avez travaillé avec Denis SASSOU NGUESSO, l’actuel président au pouvoir à Brazzaville. De quoi lui reprochez-vous et qu’avez-vous fait pendant que vous travailliez avec lui dans la même ’case » et que vous voulez corriger aujourd’hui.

A .E .P . : D’abord je signale que j’étais le Premier Ministre de M. Denis SASSOU NGUESSO à l’époque du parti unique, donc du P.C.T. et que j’ai rompu avec lui en 1990, précisément le 28 novembre en démissionnant du Parti Congolais du Travail parce que j’étais désormais en désaccord avec lui. Je pensais que nous devrions mettre un terme au système du parti unique et c’était à l’époque des conférences nationales. Il y en avait eu au Bénin et au Gabon et je pensais que le moment était venu pour le Congo également de s’engager dans cette voie. Je n’ai pas été compris ni suivi et j’avais donc décidé de démissionner et de m’engager dans la lutte pour l’instauration du multipartisme et de la démocratie au Congo. Voilà en somme ce qui m’a séparé de M. SASSOU NGUESSO. Ce que je n’ai pas pu faire avec lui précisément c’est instaurer dans le pays la démocratie pluraliste qui donne ou qui remet le pouvoir au souverain primaire qu’est le peuple. Parce que à l’époque du parti unique, c’était un groupe d’individus qui s’autoproclamaient dirigeants du pays sans en avoir véritablement reçu mandat.

O.M.R. : Et vous étiez membre de ce dit-groupe.

A.E.P. : Bien sûr ! J’étais membre, mais j’ai eu précisément le courage de me remettre en cause parce que j’estimais que ce système était désormais suranné et qu’il fallait instaurer la démocratie pluraliste. Donc, encore une fois, remettre le pouvoir au souverain primaire qui est le peuple et qui lui seul peut donner mandat à des gens qu’il aurait choisi librement pour parler en son nom et diriger le pays.

O.M.R. : vous venez de Paris où vous êtes en exil depuis 4 ans révolus. Pensez-vous aux élections au Congo-Brazzaville ou bien voulez-vous vous éterniser en France.

A.E.P. : Je vous ai dit que depuis 1990 je lutte pour l’instauration de la démocratie dans mon pays et déjà à l’époque on était encore sous le monopartisme. Ce n’était pas une chose facile. C’était même risqué de prôner la démocratie pluraliste à cette époque. Je n’ai pas choisi de façon volontaire l’exil. Il y a que ma sécurité et celle de mes proches étaient en danger et j’ai du quitter le pays pour cette simple raison. Néanmoins je poursuis mon combat pour l’instauration de la démocratie dans mon pays et pour moi cette démocratie passe par des élections pluralistes, libres et transparentes et non des mascarades d’élections comme cela se passe dans beaucoup de pays africains et plus précisément comme celles que M. SASSOU NGUESSO vient d’organiser tout récemment pour s’auto légitimer. Pour ma part, tant qu’il n’y aura pas d’élections libres et transparentes, mon combat se poursuivra. Je suis d’autant plus à l’aise pour exiger des élections libres et transparentes qu’en 1992 lorsqu’il y a eu des élections libres et transparentes, les premières élections démocratiques au Congo, j’ai été élu député dans la circonscription de Madingou à l’intérieur du pays. Donc je suis prêt à vanter à tous les niveaux le verdict des électeurs lorsque les conditions seront réunies.

O.M.R. : Vous êtes actuellement président d’un parti politique. Fonctionne t-il bien sur le terrain, je veux parler de ses activités au Congo Brazzaville pendant que vous êtes à l’extérieur.

A.E.P. : Je suis effectivement le président de la Convention des Démocrates pour l’Unité de la République ( C.D.U.R. ). Au niveau de Paris, j’anime une association qui s’appelle Espace pour la Réflexion et l’Action pour le Retour de la Démocratie au Congo (ERRAD). Je voudrais préciser qu’aucun parti politique dit de l’opposition ne fonctionne normalement au Congo dans les circonstances actuelles. En réalité aujourd’hui M. SASSOU a ré instauré un parti unique qui ne dit pas son nom mais apparaît sous une nouvelle forme parce que les autres partis n’ont pas du tout la liberté d’organiser des activités politiques, de manifester et de s’exprimer. Mon parti également travaille dans ces conditions-là de semi clandestinité à l’intérieur du pays. De ce fait, il est difficile de dire que le C.D.U.R. fonctionne normalement. Vous le comprenez aisément, ce qui est à Brazzaville n’est ni plus ou moins qu’une dictature. Il ne faut pas avoir peur des mots. C’est purement et simplement une dictature qui n’autorise pas l’expression des opinions contraires à ce que prônent M. SASSOU et les siens.

O.M.R. : Récemment les évêques du Congo ont réagi sur la gestion pétrolière dans votre pays. Vous, M. Ange-Edouard POUNGUI, vous étiez un des gestionnaires de ce pays. Aujourd’hui même les évêques exigent la transparence dans la gestion de cette ressource. Qu’en dites-vous face à cette attitude des hommes d’église.

A.E.P. : Écoutez ! Les évêques n’ont fait qu’exprimer tout haut ce que tous les congolais pensent tout bas. Aujourd’hui le pétrole qui est la principale ressource est géré dans l’opacité la plus totale. Il est difficile à un congolais de savoir ce qui lui rapporte ce pétrole, quelles en sont les dépenses effectuées, quelles en sont les réalisations et même les quantités produites ne sont pas bien connues ainsi que les quantités vendues. De sorte que, en réalité, les autorités actuelles qui avaient renversé les institutions démocratiques présidées à l’époque par M. LISSOUBA avec parfois comme raison qu’il y avait mauvaise gestion, aujourd’hui brillent par une gestion des plus calamiteuses, totalement opaque et patrimoniale de la ressource nationale. Donc, en ce qui me concerne, on ne peut que constater la mauvaise gouvernance au Congo et les institutions internationales ne s’y trompent pas. Tout récemment, il y a quelques jours, de passage à Brazzaville, une mission du Fonds Monétaire International a fait un constat d’échec révélant la mauvaise gestion des finances publiques. Le ministre des finances actuel, M. ANDELY, vient de reconnaître que sur les 9 critères de performance fixés par le F.M.I., un seul a été réalisé. Donc les critères de performance que le Congo s’était engagé à exécuter n’ont pas été réalisés parce que la gestion est tout à fait chaotique. Aujourd’hui les salaires des fonctionnaires, les pensions des retraités et les bourses des étudiants ne sont pas payées régulièrement. Même les diplomates congolais à l’étranger ne reçoivent pas leurs salaires selon la régularité exigée. Pendant ce temps, M » SASSOU utilise les ressources à des fins personnelles mais aussi pour financer le maintien de son pouvoir en distribuant des prébendes par-ci par-là et en entretenant des troupes étrangères. Car il faut le souligner, M. SASSOU n’est arrivé à bout des forces loyalistes que grâce à l’aide de l’armée angolaise qui est intervenue en sa faveur, mais aussi parce qu’il a fait venir dans le pays des mercenaires étrangers revenant des pays d’Europe mais aussi d’Afrique comme les anciens Interamwés, ces miliciens rwandais qui sont reconnus coupables sinon auteurs des génocides au Rwanda et qui sont au service de M. SASSOU aujourd’hui, mais aussi des tchadiens. Et c’est dans ces activités-là que nous pensons que les ressources principales sont affectées privant ainsi les congolais de moyens de vivre décemment. La preuve aussi : les écoles ne fonctionnent pas dans une bonne partie du pays, les hôpitaux manquent de médicaments, les routes sont impraticables. Voilà le tableau que nous offre M. SASSOU 5 ans après avoir pris le pouvoir dans des conditions que j’ai décrites ci haut.

O.M.R. : Parlant de la situation dans le Pool. C’est une situation qui inquiète plus d’une personne. Peut-on franchement parler du respect de droit de l’homme dans votre pays le Congo.

A.E.P. : Écoutez ! Je suis tout à fait peiné de parler de cette situation qui sévit actuellement dans la région du Pool. La région du Pool est la région dans laquelle se trouve la capitale Brazzaville.

O.M.R. : Qu’est-ce qui s’y passe réellement.

A.E.P. : La situation qui prévaut dans cette région est simplement la conséquence de ce que je viens de dire en amont. C’est -à- dire la suite de la guerre de 1997. Aujourd’hui dans le Pool les populations sont soumises à un véritable terrorisme d’État. Il s’exerce sur ces populations des opérations de répression. Voilà une région, la plus peuplée du Congo qui comptait plus de 200.000 habitants, qui est réduite aujourd’hui pratiquement à quelques dizaines de milliers d’habitants soit parce que les populations fuient vers les centres urbains comme Brazzaville, soit dans les régions voisines. Et tout ceci découle du simple fait que M. SASSOU n’a pas respecté les accords qu’il a signés avec les anciens miliciens. Des accords de paix qui stipulaient que les miliciens qui étaient sous l’autorité du Pasteur NTOUMI devraient être intégrés dans l’armée. En plus, le point important qui consistait à instaurer un véritable dialogue entre les principaux protagonistes de la crise congolaise et M. SASSOU n’a pas été respecté. Il s’agit là des anciens dirigeants qu’il a renversés. Dans l’article 3 de cet accord du 29 octobre 1999 était prévu un dialogue entre les protagonistes de la crise. Malheureusement M. SASSOU a préféré organiser en lieu et place de ce dialogue un forum où il a invité ceux qui lui étaient favorables en excluant ceux avec qui il s’était battu. Pour exemple, le Premier Ministre Bernard KOLELAS qui est en exil avait décidé, étant condamné à la peine capitale par le régime de SASSOU, de regagner le pays pour participer à ce dialogue. Il a été simplement refoulé à partir de Kinshasa d’où il voulait venir et est retourné en Cote d’Ivoire. Donc les conséquences de toutes ces manigances font qu’aujourd’hui, les miliciens restés autour du Pasteur NTOUMI , ayant constaté la duperie de M. SASSOU, se sont révoltés. Ce qu’on leur offre aujourd’hui à la place du respect des accords de Pointe-Noire c’est la répression. Pour le pouvoir, il s’agit de les écraser purement et simplement. Aussi depuis le mois d’avril 2002, les combats ont repris dans cette région avec les conséquences que vous pouvez imaginer : déplacement des populations, interruption régulière de la voie ferrée du pays reliant Brazzaville à Pointe-Noire et qui ravitaille donc la capitale en produits pétroliers et en denrées importées. Malgré tout, M. SASSOU ne veut pas trouver règlement à cette question par des voies pacifiques mais préfère écraser absolument ces compatriotes qu’il considère comme des rebelles. Nous pensons que pour en sortir il faut nécessairement passer par le dialogue.

O.M.R. : Nous avons appris la disparition de 353 personnes au Beach de Brazzaville. Qu’en est-il exactement ?

A.E.P. : Vous avez parlé du respect de droit de l’homme au Congo. Écoutez ! En 1999 lorsque les hostilités se sont arrêtées, il y avait des milliers de congolais qui avaient trouvé refuge au Congo- Kinshasa(R.D.C). Un accord est intervenu entre les gouvernements de Brazzaville, de Kinshasa et le Haut Commissariat aux Réfugiés(H.C.R). Cet accord permettait le rapatriement de tous ceux qui souhaitaient revenir à Brazzaville de le faire. C’est au cours de ce rapatriement qu’au Beach de Brazzaville les miliciens de M. SASSOU ont trié un certain nombre de gens qui à leurs yeux paraissaient suspects. Et depuis, 353 personnes ont disparu. Nous ne savons pas exactement ce qu’elles sont devenues. Malgré les demandes répétées des parents qui ont physiquement vu leurs enfants arriver à Brazzaville mais transportés vers une destination inconnue, aucune réponse plausible ne leur est donnée par les autorités de Brazzaville. Ces personnes sont toujours portées disparues. Ceux qui ont pu échapper en réalité à ce massacre, deux d’entre eux se sont retrouvés à Paris où ils ont porté plainte contre le gouvernement de M. SASSOU. Une association des parents des victimes pour la circonstance a également porté plainte auprès des juges de Bruxelles. Voilà donc un exemple patent de violation de droits de l’homme. Il ne s’agit pas d’actes commis pendant la guerre ni pendant les combats. Il s’agit de citoyens qui reviennent dans leur pays parce qu’il leur a été garanti la sécurité et qui ont disparu et le gouvernement congolais est incapable de donner des nouvelles sur le sort réservé à ces compatriotes.

O.M.R. : Une certaine opinion africaine et congolaise pense que M. Denis SASSOU NGUESSO est soutenu par les occidentaux principalement les français. Vous êtes actuellement en exil en France. Peut-on penser que vous bénéficiez du parrainage des autorités de ce pays ?

A.E.P. : Vous savez, l’exil en lui même n’a pas été le fait d’un choix volontaire, encore moins le lieu de cet exil aussi. Je suis à Paris parce que c’est là que j’ai pu obtenir le statut de réfugié. J’aurais pu l’obtenir certainement dans un autre pays, ce qui n’est pas évident parce que beaucoup de compatriotes errent à travers le monde sans ce statut. Pour moi la France est un lieu qui me permet d’être en sécurité relative. Mais il ne s’agit pas de préférence. Si demain les choses changeaient au Congo, ce pays qui a des liens historiques avec la France, ces liens se poursuivront au delà des hommes. Il ne s’agit pas de les voir à travers M. SASSOU ou M. CHIRAC car ces deux passeront mais les institutions, les peuples français et congolais, eux, demeureront. Ceci dit, ce n’est pas à travers les individus qu’il faut juger de la nature des relations qu’il peut y avoir entre deux pays.

O.M.R. : Vous êtes en dehors de votre pays par la force des choses. Quelles sont les solutions que vous préconisez ? Beaucoup de jeunes sont à l’extérieur et veulent retourner au Congo, quelles sont les possibilités que vous entrevoyez pour le règlement de cette crise ?

A.E.P. : Je crois que tout pays qui a connu une guerre ne peut revenir à la situation normale que par une négociation entre les parties belligérantes. Et le Congo n’échappera pas à la règle. Or jusqu’aujourd’hui M. SASSOU NGUESSO refuse de dialoguer avec ses protagonistes. Je n’ai pas d’autres solutions à préconiser que l’instauration d’un dialogue entre M. SASSOU et les autorités qu’il a renversées. Qu’ils s’asseyent autour d’une table, qu’ils mettent autour de cette table toutes les questions qui ont amené le pays dans cette situation et je crois que d’un débat franc, honnête et véritable surgira la solution à la crise congolaise. Ce dialogue doit donc être sans exclusive puisqu’il faudra non seulement associer les politiciens mais aussi la société civile notamment les hommes d’église qui sont des autorités morales importantes dans notre pays et qui peuvent effectivement apporter leur contribution à l’instauration de la paix, la paix qui est absolument indispensable pour que le pays puisse retrouver le calme et la stabilité nécessaires. Je crois que plus M. SASSOU refusera cette solution, à mon avis le pays s’enfoncera davantage dans la crise. Aucun pays dans ce cas ne fera crédit au Congo. Aucune organisation internationale ne pourra intervenir tant qu’il y aura l’instabilité et l’insécurité au Congo. Il faut le savoir, l’unité nationale ne pourra se raffermir que si un climat de paix et de réconciliation nationale est instauré dans le pays. Il faut absolument que nous suivions cette voie car celle de la violence n’a jamais été une solution aux problèmes qui opposent les hommes politiques. A mon avis, ce n’est pas le moyen le plus adéquat. La preuve : depuis 5 ans que M. SASSOU a repris le pouvoir par la force, le pays n’a pas retrouvé le chemin de la paix ni de la croissance, encore moins sa notoriété internationale.

O.M.R. : Y a t-il lieu d’espérer ?

A.E.P. : Il y a espoir. Je crois qu’en persévérant dans la lutte que nous menons dans la recherche des voies et moyens, notamment les voies pacifiques à la solution de la crise, en instaurant un dialogue sincère entre les parties en cause, nous pourrons sortir de cette crise-là. Par ailleurs, si tous les congolais exercent également des pressions nécessaires auprès des autorités aussi bien de l’opposition que celles qui sont actuellement au pouvoir, je crois que nous pourrions espérer trouver un Congo indépendant, en paix et réconcilié avec lui-même.

O.M.R. : Ce discours que vous tenez, est-il le même que celui que tiennent les autres opposants, je voudrais faire allusion à Pascal LISSOUBA, YHOMBY OPANGO, Bernard KOLELAS et les autres ?

A.E.P. : Je crois que tout le monde est d’avis que la solution à la crise congolaise passe par le dialogue. Le Président Pascal LISSOUBA, le Premier Ministre KOLELAS et le Général YHOMBY ont eu à rendre public un communiqué dans ce sens-là appelant encore au dialogue. Partant je considère que tout le monde préconise la question sous cet angle sauf que M. SASSOU n’entend pas accepter ce dialogue surtout avec ses protagonistes. Plutôt que de procéder à cette solution de dialogue, il essaie de rechercher aujourd’hui des ralliements ; c’est-à-dire, que des éléments de l’opposition pour l’essentiel corrompus rallient son régime en lui faisant allégeance et il pense retrouver la paix par cette voie. Ce qui me parait tout à fait illusoire.

O.M.R. : Pour conclure ?

A.E.P. : Je voudrais tout d’abord vous remercier vous de la Radio CFMB de m’avoir invité en me donnant cette occasion de m’adresser à vos auditeurs d’ici au Canada et de la diaspora africaine et congolaise en particulier. Je voudrais dire à tous mes frères africains et à tous mes compatriotes du Congo-Brazzaville que l’Afrique est notre mère commune. Nous devons faire de sorte que celle-ci ne soit plus le champ clos des rivalités des puissances étrangères. Nous devons au contraire faire que nos pays ne se réduisent à des enjeux de stratégies internationales qui nous dépassent. Il y a lieu de regarder la possibilité de nous retrouver nous-mêmes pour régler nos problèmes nous-mêmes. Pour cela, la voie la plus simple reste le dialogue et non les armes.

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