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Atmosphère de fin de campagne à Brazzaville

A quelques jours du premier tour du scrutin
présidentiel du 10 mars, les différents candidats en
lice mettent les bouchées doubles pour rallier le plus
d’électeurs possibles à leur cause. Des meetings sont
organisés ça et là pour expliquer les programmes des
uns et des autres avant la fermeture de la campagne ce
8 mars.

Mais, Brazzaville, pendant cette période électorale,
offre un visage des plus timides. La campagne n’est
pas animée. On n’est très loin de l’atmosphère qui
avait régné pendant les élections de 1992. Et, les
congolais, pour la plupart, ne sont pas passionnés.
Ils n’attendent guère de surprise quant à l’issue de
cette élection. Le vainqueur étant connu d’avance en
l’absence des gros calibres de l’opposition tels que
Pascal Lissouba, chassé du pouvoir par Denis Sassou
Nguesso au terme d’une guerre civile en 1997, et
Bernard Kolélas ancien premier , président du
Mouvement congolais pour la démocratie et le
développement intégral, l’une des plus grandes
formations politiques. Tous les deux sont aujourd’hui
en exil. Bernard Kolélas avait tenté, par tous les
moyens, l’année dernière, de regagner Brazzaville. Le
pouvoir en place s’y était opposé catégoriquement.

La course solitaire du candidat Sassou Nguesso

La campagne a atteint son niveau de croisière.
Cependant, sur les dix candidats à se présenter, seul
Denis Sassou Nguesso est visible à travers la ville.
Méga meetings, véhicules de campagne, posters géants,
banderoles, tee-shirts, pagnes, casquettes et autres
gadgets du général président ont envahi toute la
ville. Même les médias s’y sont mis : messages de
soutien, images de campagne … Les autres candidats
n’ayant droit qu’à des bribes de tranches dans les
différents journaux radiotélévisés. Le déséquilibre
est frappant. Et, la machine est en marche pour ne
laisser aucune chance aux autres candidats. Ces
derniers essaient autant que possible d’être visibles
par quelques meetings, on peut aussi voir des
banderoles et autres affiches ici et là.

Avec le retrait des candidats Martin Mbéri et du
général Anselme Mackoumbou Nkouka, membres du Cartel
de l’opposition, qui n’ont pas trouvé oreilles
favorables à leurs revendications, il ne reste plus
que 8 candidats en course. André Milongo, ancien
président de l’Assemblée nationale sous le régime de
Pascal Lissouba qui a donné un coup d’accélérateur à
sa campagne au cours des meetings organisés à
Brazzaville a promis aux congolais « un changement en
100 jours » s’il venait à être élu à la tête du pays.
Suscitant ainsi une certaine peur dans le camps de
Denis Sassou Nguesso. Mais, face au soutien massif
dont bénéficie le général président, André Milongo
ne semble pas faire le poids. Tout laisse, plutôt, à
croire que le président sortant s’envole lentement
mais sûrement vers une victoire au premier tour.

Sassou Nguesso : le moindre mal ?

« La nouvelle espérance », « l’homme de la paix »,
tels sont les slogans parmi tant d’autres de Denis
Sassou Nguesso que l’on peut lire sur les banderoles
et affiches. Pour la majorité des congolais, il reste
celui qui a ramené la paix avec la signature des
accords de paix et de cessation des hostilités avec la
rébellion, en novembre et décembre 1999. Les
congolais sont fatigués des guerres à répétition que
le pays a connues et manifestent le vœu d’ une paix
véritable et durable. « La libre circulation des
personnes et des biens s’installe progressivement, les
salaires sont régulièrement payés. Grâce à lui, ce qui
a été détruit pendant la guerre de 1998-1999 a été
rétabli, notamment le chemin de fer, épine dorsale de
l’économie du Congo, les routes… ont été remis en
marche. Nous ne voulons plus de la guerre. Nous ne
voulons plus de la guerre. Sassou n’a qu’à gagner et
que l’on nous laisse en paix », entend-on chez l’homme
de la rue. Cela est appuyé par le fait que Denis
Sassou Nguesso a lancé une série de chantiers de
construction et de réhabilitation des édifices, des
routes… Effaçant, peu à peu, les stigmates de la
guerre.
En plus, le problème délicat du Pasteur Ntoumi qui est
toujours retranché à Vindza, dans la région du Pool,
avec ses ninjas encore armés n’a pas, jusqu’à ce jour,
trouvé une solution définitive. D’autres problèmes qui
méritent une attention particulière au plus vite
demeurent. Il y a, entre autres, la situation des
exilés, le chômage croissant des jeunes, la forte
baisse du taux de scolarisation et la qualité de
l’enseignement, la circulation illégale d’armes de
guerre, la réinsertion des ex-combattants… Autant de
tâches ardues qui attendent le président qui sera élu
à la présidentielle du 10 mars 2002.

Babo Ymési

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