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Boniface Mongo-Mboussa, le critique congolais qui monte...

Boniface Mongo-Mboussa (qui vous salue en photo ici) est devenu en peu de temps "l’Oeil du cyclone" des Lettres africaines. Esprit fin, homme affable, cultivé au détail près, cet homme vit pour lire - et parfois lit pour vivre ! Il a la particularité d’observer nos Lettres derrière ses lunettes d’intello désabusé et agacé de la comédie humaine.
Son public ? Il s’en fout, Mongo-Mboussa. Il brasse aussi bien le milieu universitaire que les lecteurs ordinaires qui prennent les essais pour des exercices de préparation pour un fatal tournoi de rugby des Cinq Nations...

Avec Boniface, c’est la littérature à la portée des mains - et parfois des pieds, il suffit alors de shooter le ballon littéraire pour marquer le but. Un peu comme si ce critique congolais nous disait : "Voyons, n’ayez pas peur, vous pouvez comprendre les lettres africaines même si vous n’avez pas été en Afrique, même si vous n’avez pas suivi les cours d’un Jacques Chevrier à la Sorbonne ou d’un Bernard Mouralis à Cergy Pontoise".

Du coup, il y en a qui ont découvert les lettres africaines par le biais de Désir d’Afrique, son essai le plus connu, publié en janvier 2002 chez Gallimard. Une vraie bravoure, puisque l’ami Boniface a fait lire des entretiens d’auteurs africains à la ménagère francaise de 50 ans et aux collégiens en crise d’adolescence des provinces les plus reculées de la Gaule. Il fallait vraiment y penser !

Alors, Mongo-Mboussa ne fait pas que des gens heureux. Beaucoup lui envient de publier des essais chez Gallimard - là où certains vont publier les leurs à compte d’auteur chez l’Harmattan ou dans des maisons d’édition tellement ciblées que seuls leurs propres étudiants s’y retrouvent.

Avec Désir d’Afrique, notre critique littéraire congolais qui monte fit la surprise en ouvrant quasiment les pages du Monde des livres. Dans Le Figaro, c’est une demi-page qui lui fut consacrée.
L’homme n’a pas changé depuis : toujours modeste, et chaque fois que la littérature africaine est victime d’une épilepsie ou attrape une grippe aviaire, c’est lui qu’on appelle de toute urgence ! Il arrive avec son stéthoscope, vérifie le pouls, diagnostique, soigne vite fait bien fait ! Et tout le monde est content. Et tout le monde trinque. Lui s’en va, sans attendre qu’on lui dise merci...

Son livre Désir d’Afrique ? Jamais un ouvrage SUR la littérature africaine n’avait eu une aussi bonne presse en France. Au point, à l’époque de sa parution, de faire de l’ombre aux pauvres romanciers qui publaient dans cette collection Continents noirs - où sont parus ses deux essais (le dernier en date est L’Indocilité, supplément au Désir d’Afrique, 2005).

Récemment un portrait de 26 minutes a été diffusé sur France 3. Dans ce document imagé, notre critique littéraire disséquait "L’écrit d’Afrique" sous les questions avides de la réalisatrice Mona Maki. On a pu

voir un Boniface Mongo-Mboussa pédagogue, soucieux de l’explication élémentaire.
Avec lui c’est ainsi : les bases d’abord, la spéculation ensuite. Que demande le peuple ? Lui se méfie de ceux qui exigent la profondeur - ces moralisateurs masquent leur défaite quant à la clarté du discours en littérature. Parce que Mongo-Mboussa sait que la clarté est la condition essentielle de toute profondeur et que ce n’est pas toujours l’accumulation des notes de bas de pages qui fait d’un universitaire un brillant chercheur. Il y a tellement de perroquets dans les universités qu’il faudrait les encager pour l’Arche de Noé. Ainsi conserverait-on au moins les esprits les plus tortueux, ceux qui ne savent pas que ce qui se concevra bien s’énoncera toujours clairement jusqu’à la fin des temps. Telle est la philosophie de cet homme de lettres qui, d’année en année, se fait sa place et mérite le respect des écrivains et des lecteurs de littérature africaine...

Enfin, selon les murmures, Boniface s’apprêterait à nous présenter les oeuvres inédites de Mongo Beti, une des plumes majeures du continent africain. Bonne nouvelle !!! Le tout sortira chez son éditeur Gallimard. Sans doute un des moments forts de la collection Continents noirs...

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