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Ce soir ou jamais... Les maux de l’Afrique

Une rectification importante : La rédaction de l’émission “Ce soir ou jamais” qui a lu notre chronique sur le débat que nous aurons mercredi soir me précise que celui-ci ne sera pas centré sur “la repentance” ou le remords colonial. Nous discuterons donc à l’occasion de la sortie du film « Bamako » d’Abderahmane Cissako. Autour du plateau il y aura : le cinéaste A. Cissako, Jean Ziegler et ma consoeur Léonora Miano. Il s’agira ainsi d’échanger autour des « maux » de l’Afrique... Considérez donc la chronique qui va suivre - et que j’ai aussitôt modifiée mutatis mutandis - comme une présentation du livre de Pascal Bruckner.


« Ce soir où jamais », tel est titre de la nouvelle émission culturelle de la chaîne France 3, diffusée du lundi au jeudi en deuxième partie de soirée (23h25). Je ne l’ai pas encore regardée - sinon ces jours-ci par le biais du web après l’invitation de l’animateur Frédéric Taddei qui me propose de participer au direct de ce mercredi 11 octobre. J’y serai, bien entendu. Il sera question de des "maux de l’Afrique" avec la sortie du film d’Abderahmane Cissako, "Bamako"...

Dans un autre chapitre, puisque nous sommes dans les echanges des idées, je voudrais profiter de cette occasion pour vous parler d’un livre que j’ai lu ces derniers jours,La tyrannie de la pénitence -Essai sur le masochisme occidental (Ed. Grasset), le dernier livre de Pascal Bruckner qui m’avait jadis ébloui avec son Sanglot de l’homme blanc. Bruckner sait secouer les consciences et nous montre ainsi comment l’Occident, habité par le remords et une culpabilité presque maladive et collective n’ose faire le deuil de cette période coloniale et demeure plus que jamais dans le cercle vicieux du « sanglotement ».

Bruckner, qui ne manque pas de causticité dans ce livre-réquisitoire accuse donc une fois de plus l’Occident de pratiquer un masochisme, et même de contribuer à la purulence de sa plaie coloniale au lieu de chercher à la cicatriser. On peut d’ailleurs penser que Le Sanglot de l’homme blanc posait déjà les jalons des questions qui nous tourmentent actuellement avec les polémiques que ce livre suscita lorsqu’il parut en 1983 (aux éditions du Seuil). Rien que le sous-titre fut à lui tout seul un programme : « Tiers monde, culpabilité, haine de soi » . Le courage de Bruckner fut sans doute de déclarer que l’Occident n’avait pas à se sentir coupable de la déliquescence des sociétés du Tiers monde, de la multiplicité de guerres, de la barbarie des dictatures etc., au motif que cet Occident avait un passé de colon. Ce sont ces arguments que l’essayiste ressort aujourd’hui dans La tyrannie de la pénitence en actualisant ses propos au regard de la nouvelle donne mondiale. Aurons-nous les mêmes polémiques qu’en 1983 ? Probablement. Force est de constater toutefois qu’il nous faut tolérer toute forme d’argumentation si tant est qu’elle puisse enfin contribuer à crever l’abcès. L’Occident pas coupable ? Cela peut se discuter. Tout comme une Afrique qui serait « blanche » et innocente, et qui n’aurait donc aucune part de responsabilité dans ses malheurs actuels. Ce que Bruckner résume en ces termes dans son livre : « A refuser aux peuples anciennement colonisés toute responsabilité dans leur situation, on les prive par là même de toute liberté, on les replonge dans la situation d’infantilisme qui a présidé à la colonisation. »


« Ce soir ou jamais », une émission de Frédéric Taddei, Mercredi 11 octobre, en direct sur France 3, à 23h25.

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