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Choses vécues (1) : Touche pas à mon parfum Lolita Lempika !

La psychose est donc repartie dans les aéroports. On peut lire ceci dans les colonnes du Monde de ce jour : A un mois du cinquième anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre 2001, le gouvernement américain a, pour la première fois, porté le niveau d’alerte dans les aéroports américains au maximum - "rouge" - pour les avions en provenance de Grande-Bretagne. Cette mesure annonce l’imminence d’un attentat.

J’ai directement fait les frais de ces mesures drastiques en prenant l’avion qui me ramenait des Etats-Unis en France la nuit du jeudi 10 août. Naïf, je croyais passer sereinement le contrôle lorsqu’un policier me fit signe de me mettre à part tandis qu’il s’emparait de mon sac, le retournant dans tous les sens. Il se saisit alors de mon parfum Lolita Lempika et me lança :

"- C’est un liquide ! Et vous savez bien que c’est interdit, même l’eau est prohibée dans les sacs en cabine ! Je confisque donc votre parfum.

J’avais beau argumenter, montrer que le parfum venait à peine d’être ouvert, qu’il était donc plein - et non à moitié vide ou à moitié plein, comme dirait le plus piètre des amateurs de calembours ou les partisans de l’histoire de l’oeuf et de la poule. Arguments sèchement balayés d’un revers de veste de policier aux abois. Rien à faire dans ces conditions atmosphériques. Seule solution proposée par l’homme en uniforme : acheter un petit carton, mettre le parfum à l’intérieur et l’envoyer en soute. Ce que j’ai entrepris de faire, courant dans tous les sens de l’aéroport au risque d’augmenter la psychose des voyageurs inquiets et qui étaient à l’aéroport 3 heures à l’avance. Une fois mon parfum emballé dans un joli carton mauve, j’arrive au guichet de la compagnie Northwest en face d’une dame aux lunettes d’inspectrice des impôts sur les revenants :

"- Je voudrais, s’il vous plaît, enregistrer ce paquet pour la soute.

Silence. Puis, sortant de sa torpeur, rajustant au passage ses lunettes aussi grosses que les cerceaux de mon enfance, elle balbutie :

"- Cela va vous coûter 120 dollars...

"- Ah oui ? Pourquoi donc ???

"- C’est pas vous qui étiez devant ma collègue il y a quelques minutes ? Vous avez déjà deux sacs en soute, le troisième objet est payant... 120 dollars par objet, même si c’est une aiguille !

"- Et qu’est-ce que je dois faire à présent, puisque je risque de payer 120 dollars pour un parfum qui coûte moins que ça ?

"- On vous le confisque, remettez-le aux agents de sécurité.

"- Pas question, madame !

"- Alors oubliez votre voyage de ce soir...

Je me suis retourné. J’ai aperçu une poubelle à quelques mètres de là. La femme aux lunettes d’inspectrice des impôts sur les revenants faillit perdre ce qui lui restait de vue en suivant mon geste ferme lorsque je balançais avec amertume mon Lolita Lempika dans la poubelle...
Un oisif qui fumait cigarette sur cigarette non loin de là m’écarta, me rudoya presque à coups de coude pour s’emparer finalement de cette "ordure" bien parfumée. Je le vis d’ailleurs s’asperger de mon liquide, le sourire aux lèvres. Voilà bien un homme qu’il fallait "encensé". C’est désormais fait !

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