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Choses vécues (5) : Rentrée littéraire à Québec et à Montréal

1.

Par rapport à la France, la rentrée littéraire au Canada est souvent décalée de deux ou trois semaines, le temps que les livres arrivent dans ce pays. Et c’est ainsi que nous sommes arrivés ces jours-ci dans la ville de Québec avec la Directrice éditoriale du Seuil, et nous nous rendrons à Montréal mercredi. Il s’agit, pour l’auteur, de présenter à des centaines de libraires, de bibliothécaires et de journalistes leur dernière parution. Exercice souvent délicat devant une assistance studieuse. L’auteur parle pendant une vingtaine de minutes, et rien de mieux que la lecture de quelques passages du roman pour détendre les esprits et provoquer quelques éclats de rire, voire un grand moment de vive émotion. Cette assistance, vous vous en doutez bien, a déjà lu les livres en épreuves, elle les ont reçus avant leur mise en librairie et il est donc inutile de raconter sa vie, de se rappeler sa dernière quinte de toux pour une fumée de Malboro light mal aspirée !

2.

Un jour avant ce voyage, ce qui m’avait le plus frappé c’était le nombre de "VIP" dans la Classe Affaires d’Air France. On aurait dit le Tout-Paris qui allait en hibernation. Un type ironisa en disant : "Au moins si l’avion se casse la gueule nous aurons droit à quelques lignes dans "Les Dernières nouvelles d’Alsace" !".
La voix de stentor du chanteur Serge Lama résonnait derrière moi. L’artiste était en pleine discussion.Thierry Ardisson, lui, déambulait ici et là tandis que son éternel complice Laurent Baffie lança à Laure Adler occupée à lire les épreuves du livre d’Elfriede Jelinek - Prix Nobel de littérature - à paraître sous peu au Seuil :

"- On ne se connaît pas, Madame Adler, mais profitez de me voir en vrai !

Il ne changera pas celui-là. Ardisson nous apprend alors qu’il va participer à une émission à Montreal, une version de Tout le monde en parle, émission aussi populaire que celle qu’il animait encore en France. Donc les Canadiens ont préféré inviter l’original sur leur plateau pour mieux le comparer avec son clone. Est-ce parce que la photocopie les horripilait désormais ? On en parle tout de suite après ça : Magnéto, Serge !

3.

L’Hôtel Dominion date de 1912. Il est situé dans le Vieux-Port de Québec, « berceau de la culture française en

Amérique du Nord », peut-on lire sur le dépliant que le réceptionniste nous tend en bombant les pectoraux. Il n’a pas tort, surtout lorsqu’on promène son regard sur l’architecture, le design très moderne. Au réceptionniste, je demande si je peux fumer :

"- Ca dépend si vous avez réservé une chambre fumeur, fait-il.

"- Et la mienne n’en est pas une ?

"- Je ne sais pas. En fait, si vous sentez un peu la cigarette dans la chambre, alors allez-y, fumez !

Eh ben, je vais me gêner, tiens ! Et voilà comment j’ai ainsi brûlé une petite cigarette dans une chambre sans cendrier en écrivant ces lignes pour vous. Mille excuses donc pour ces lieux tranquilles et chargés d’une tradition de confort. Mais le péché lui n’a pas de respect pour l’art, la beauté, la matière et le confort. Je n’ai plus qu’une seule résolution en tête : arrêter de fumer pour de bon. J’en connais une qui doit sourire avec son collier de paille, dans le 18ème arrondissement de Paris...

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