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Choses vécues (6) : Dany Laferrière, Madame Mauvignier, Muriel Barbery, Laurent Fabius, Stéphane Audeguy

1.

La fin du séjour au Canada le mercredi 13 fut l’occasion de revoir "Don King" Dany Laferrière(photo), la tignasse moins garnie, les bras toujours aussi ouverts. Pour arriver jusqu’à moi, il a fendu la foule bruyante de ce gratin littéraire de Montréal venu en masse à la clôture de la présentation de la rentrée littéraire 2006 par le diffuseur du Seuil, Dimedia, devant plus de deux cents libraires, bibliothécaires, journalistes et de nombreux amoureux des Lettres. L’inépuisable Don King tient désormais une chronique intéressante dans le très professionnel hebdomadaire Livres Hebdo. De véritables pépites, je vous dis ! Il jette ses « choses vécues » tous les mois dans cet hebdo, avec l’humour qui est le sien et qui doit bien, j’en suis persuadé, dérider les professionnels de l’édition et de la librairie en ces temps d’agitation d’une rentrée littéraire bien fournie...

2.

Je suis arrivé de Montréal à Paris le jeudi 14 au matin pour me rendre aussitôt à Toulouse. Une signature de livres à la librairie Ombres blanches, une des plus grandes et des plus garnies de la région. Il pleuvait certes, mais les lecteurs, je m’en suis rendu compte immédiatement, sont plus coriaces que la météo - ils ne la suivent pas malgré les prévisions lugubres des présentateurs télé de cette rubrique et préfèrent donc les appels lointains des personnages de romans et des pluies inventées par les écrivains.

Laurent Mauvignier

Avant l’entretien avec l’animateur en présence du public, j’ai tout de même erré dans les rayons de cette librairie. Elle est immense, sur plusieurs étages et date déjà de plusieurs décennies. Les auteurs qui y viennent ne rêvent que d’être invité la prochaine fois. A la fin de mon errance, je suis revenu vers l’accueil avant d’entrer enfin dans la salle où on avait installé micros, livres et bouteille d’eau - détail très important pour tous ceux qui soutiennent que je carbure au vin rouge de la Société des Vins du Congo (Sovinco) ! En face de moi, une brune, charmante et dynamique. Elle travaille dans cette librairie. Elle m’a tendu la main, et mon responsable de presse a tenu à me la présenter : Madame Mauvignier, femme de l’écrivain Laurent Mauvignier ( lire à cet effet notre chronique sur son roman Dans la foule, Ed. Minuit).

« - Enchanté de faire votre connaissance, me fait Madame Mauvignier.

« - C’est moi qui suis enchanté, Madame

« - J’ai lu votre papier sur Laurent Mauvignier, enchaîne-t-elle.

« - Ah oui ? Où ça ? fais-je en feignant la surprise.

« - Sur votre Blog ! Et Laurent l’a lu aussi, c’est sympa de votre part !...

Et je repense à ce qu’un éditeur de Gallimard m’avait dit il y a deux semaines lors de la soirée de la rentrée littéraire au Virgin Mégastore des Champs Elysées. Cet éditeur aussi avait découvert sur ce Blog ma petite chronique sur Muriel Barbery et son roman L’Elégance du hérisson. Conclusion : prenez garde, les éditeurs, les journalistes, les libraires vous lisent désormais. Tout ce que vous écrirez ici sera retenu contre vous !

3.

Ce vendredi, très tôt le matin, il ne pleuvait plus à Toulouse. Retour vers Paris. A l’aéroport de Toulouse, je me prépare à passer la barrière de sécurité. Je me retourne : juste derrière moi, un visage très connu du paysage politique français : Laurent Fabius. Il me sourit alors qu’il rassemble ses affaires après une fouille expéditive des agents de sécurité qui souhaitaient plus demander des autographes que découvrir une petite bombe.

Laurent Fabius

Je lui tends la main. Une poignée franche qui me dit que s’il est élu candidat du Parti Socialiste à la prochaine élection présidentielle française, Sarkozy n’aura qu’à bien se préparer. Je plaisante sur sa boutade contre Ségolène Royal. En effet Fabius a dit il y a quelques semaines, en guise d’attaque à peine feutrée contre Royal, la « Reine des sondages » : « Voici mon programme et non mon programme est dans Voici ! ». Fabius est aussi connu pour avoir laissé à la postérité la formule : "Lui c’est lui, moi c’est moi". Dire qu’il y a des gens sans esprit qui recherchent des formules pour la postérité alors que Fabius leur rendrait ce service illico presto !

Un ennui technique ? Je crois : il n’y a pas de Classe affaires dans l’avion qui nous ramène de Toulouse à Orly. Où donc va-t-on caser notre Laurent Fabius national, ancien Premier ministre, conduit jusqu’à l’avion par une hôtesse, privilège de haut responsable oblige ? Je me le demande en tout cas. Et je le retrouve plus tard assis au premier rang, téléphone portable déjà collé à l’oreille, agenda bien ouvert. Donc, même en l’absence d’une Classe affaires, il faut réserver la première rangée aux personnalités. Et de préférence, ne pas mettre un voyageur ordinaire à côté, des fois que celui-ci lirait par-dessus l’épaule du Premier ministre et téléphonerait ensuite à Ségolène Royal pour dévoiler la stratégie fabusienne que nous attendons avec impatience...

4.

Ce soir commence à Nancy l’un des plus grands événements de la rentrée littéraire : le fameux salon Le livre sur la Place. Les auteurs invités de cette rentrée littéraire - plusieurs centaines - prendront tous le train vers 17 heures pour deux jours de rencontres, débats et signatures de livres. Je n’ai pas à faire une petite sieste maintenant au risque de rater ce train et de me faire engueuler par ma responsable de presse pour la province et l’étranger, Marie Lagouanelle. Elle sera aussi dans le train, et je lui ai déjà fait subir plus qu’un calvaire la dernière fois où j’ai raté le train pour La Forêt des livres. Marie fut contrainte d’acheter d’autres billets. C’est vous dire...

Stéphane Audeguy

Le mieux c’est donc d’aller maintenant m’installer dans un bon café des environs de la Gare de l’Est et de commencer la lecture de Fils unique (Ed. Gallimard) de mon brillant confrère Stéphane Audeguy que je vais croiser ce soir à Nancy et qui fut plus qu’une révélation l’année dernière avec son roman La théorie des nuages. Son tout dernier, Fils unique, est, rappelons-le, dans la sélection du Prix Goncourt et du Prix Médicis. Et nous lui souhaitons un bon parcours...

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