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Côte d’Ivoire : Gbagbo opte pour la force

CÔTE D’IVOIRE (JAF) En refusant brutalement dimanche de signer tout accord de cessez-le-feu avec les forces rebelles, qui contestent son pouvoir depuis bientôt trois semaines, le président ivoirien Laurent Gbagbo est entré dans une logique de guerre.

Contre toute attente, et surtout contre les avis de tous ses pairs africains qui l’ont exhorté à maintes reprises à stopper les hostilités, tentant de le convaincre que cela ne remettait nullement en cause sa légitimité, le président ivoirien a choisi de résoudre la crise par la force.

Au terme d’une semaine de médiation patiente et obstinée tentée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Laurent Gbagbo a refusé toute discussion avec les rebelles, qui tiennent pratiquement la moitié du pays. Les médiateurs ont décidé de plier bagages sans plus attendre, allant jusqu’à refuser une invitation à dîner du chef de l’Etat.

"La réunion s’est très mal passée. On nous a fait tourner en bourriques depuis des jours", pestait dimanche soir un ministre des Affaires étrangères du "groupe de contact" de la Cedeao. "Il n’y a pas eu le moindre signe de bonne volonté" des autorités ivoiriennes, a poursuivi le même ministre furieux. Et le sentiment de s’être faits rouler par les plus hautes autorités ivoiriennes était manifeste dimanche soir dans la mission de médiation.

Un conseiller de la présidence ivoirienne a toutefois affirmé dimanche soir que M. Gbagbo était "toujours disposé au dialogue et n’était pas opposé au principe d’une cessation des hostilités" pourvu que les rebelles déposent les armes. "Les médiateurs (de la Cedeao) doivent savoir que la légitimité est du côté de Laurent Gbagbo", a ajouté ce conseiller.

Sur le plan purement intérieur, certains hommes politiques se sont inquiétés dimanche de cette logique jusqu’au-boutiste. "Nous sommes dans une dangereuse dérive ethnique", estimait dimanche soir un politicien de premier plan sous couvert d’anonymat.

Dimanche soir la télévision officielle ivoirienne n’a pas fait dans la dentelle et a pris des airs de "radio Mille collines" à la rwandaise en appelant à expulser un demi-million de Burkinabè. "Selon les chiffres du recensement général de la population et de l’habitation de Côte d’Ivoire réalisé en 1998, les Burkinabè représentent 50% de la population étrangère vivant en Côte d’Ivoire, avec un nombre de 2.338.540 individus", a insisté le journaliste."Pourquoi la Côte d’Ivoire, qui est en temps de guerre, ne mettrait pas dehors ceux qui sont principalement à la base de nos malheurs ?", s’est-il interrogé.

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