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Crever le non-dit

Je n’ai pas l’habitude de prendre des positions sur la vie politique du
Congo, mais la gestion impolitique de l’Etat criminel congolais, qui ne respecte
pas les règles de la vie démocratique, m’amène à prendre des positions de
plus en plus affirmées pour obliger les acteurs politiques d’hier et
d’aujourd’hui à parler un langage de vérité. C’est, en effet, la vérité seule qui
rendra libre chaque Congolais, et donnera la force de reconstruire ce pays de
façon digne et responsable.

Ceci me conduit à prendre position dans l’ordre de la façon suivante :
D’une part, je suis surpris par les propos de légers et surprenants de Monseigneur Kombo dans son interview du mercredi 15 janvier 2003 au journaliste de
’La Rue Meurt’. Quand on lit bien cette interview, on voit bien qu’il (Monseigneur Kombo) se replace comme celui qui va conduire à la paix le Pool.
Qu’est-ce qui l’empêche de faire sérieusement le point ou le bilan de la politique qu’il a ménée au Congo, et surtout sur son soutien inconditionnel à
Sassou Nguesso ? A-t-il une seule fois imaginé que c’est le retour du criminel Sassou qu’il a couvert qui est la véritable cause du génocide contre les
familles du pool ?

C’est très aimable à Monseigneur Kombo de se présenter comme le Saint
Bernard du Pool après justement l’avoir trahi. Kombo ferait mieux de lire la
dernière interview de Sassou dans ’Jeune Afrique l’Intelligent’ du début janvier
2003), et de méditer sur la manière dont son dauphin le ridiculise et, de fait,
ridiculise la prestigieuse congrégation jésuite dont est membre Kombo.

Par ailleurs, la logique du ’Yaya’ (grand-frère), dont se prévaut Kombo, a
conduit lo Pool et le pays tout entier dans le chaos. Kombo oublie que ce sont
ces fameux ’yaya’ qui ont mené la politique du ’Yayassa’ (politique de la
perdition). Tous ceux dont il parle comme Ndalla, pourquoi ne se sont-ils
jamais expliqués sur leurs propres crimes politiques ? Et pourquoi n’ont-ils jamais mené une critique sur les dérives des options marxistes qui continuent à
bafouer l’humanité au Congo ?
Or il faut partir de ces dérives pour comprendre l’incroyable légéreté
congolaise devant l’hitlérisme congolais que le Pinochet congolais Sassou-Nguesso
a érigé en politique d’Etat qui se traduit par la mise en véritable camp de
concentration du Pool, imaginairement détaché du Congo !
La vérité fait peur à Kombo et à tous les hommes et femmes poliitiques. Or
la solution est au coeur de la vérité. Il faut savoir dire qui a fait quoi et
qui continue à tuer. Ce courage d’être, comme l’appelait le théologien Paul
Tillich, ne peut pas être trouvé dans la ruse du ’yaya’, mais bel et bien dans
l’exigence de la vérité.

C’est cette vérité qui, inévitablement, percute
toutes les traditions, dont la politique du yaya. Politique qui empêche des
jeunes droits et intégres à developper une pensée politique sûre. Politique du
yaya, qui devient un prétexte à ne pas écouter des voix nouvelles. Politique du
yaya que j’invite les jeunes générations politiques à percuter, s’ils ne
veulent pas que leurs enfants ne retrouvent après eux que le Congo devenu une
valleé remplie d’ossements.
Ce que Monseigneur Kombo ne dit pas (chose grave pour un homme d’Eglise !)
c’est que la guerre dans le pool n’est pas seulement due à une confroontation
de ses fils et fille avec les originaires d’autres, régions, mais que depuis
plusieurs décénnies, une guerre interne au Pool se poursuit. Autrefois, les
matsouanistes brûlaient des écoles qu’elles inculquaient des valeurs
étrangères. Par la suite, les villages matsouanistes ont été brûlés à cause de leur
désobéissance passive.

Ce contentieux n’a jamais été résolu !
Ultérieurement, avant la fin de son mandat, le Président Youlou,
démocratiquement élu, a été renversé par Alphonse Massamba-Débat sur la base
d’allégations mensongères, prétendant que Youlou avait ’tout volé’, alors qu’il est
certainement celui qui, parmi les chefs d’Etat congolais, a le moins volé.

Ce fut-là, un nouveau contentieux qui n’a jamais été élucidé au nom de la logique
du Yaya qui refuse de regarder la vérité en face !
Du coup, la mémoire du Pool n’a cessé de s’abolir. Il est plus que jamais
temps que les enfants du pool soient lucides sur ce qui continue à les diviser.

C’EST POURQUOI JE PROPOSE QUE SOIENT CREEES
 DES COMMISSIONS CHARGEES D’ETUDIER L’ATTITUDE DES MATSOUANISTES A
L’EGARD DU POOL ,
 ET L’ATTITUDE DE MASSAMBA-DEBAT A L’EGARD DE YOULOU.
CES COMMISSIONS DEVRONT RENDRE PUBLICS LEURS TRAVAUX, AFIN DE CLARIFIER
NOTRE RAPPORT A NOTRE MEMOIRE, DE GUERIR LES TRAUMATISMES, ET DE PACIFIER LES
RAPPORTS ENTRE LES ENFANTS DU POOL.
CES COMMISSIONS DOIVENT ETRE COMPOSEES D’EXPERTS (AUSSI BIEN HISTORIENS QUE
D’AUTRES DISCIPLINES), ET NON FORMEES SUR LA BASE D’UN ’TSI YAYA’ DISQUALIFIE
DEPUIS BELLE LURETTE DANS LE CHAMP DU SAVOIR ! LEUR OBJECTIF SERA
L’ETABLISSEMENT OU LE RETABLISSEMENT DE LA VERITE. CE N’EST QU’AINSI QUE LES
ORIGINAIRES DU POOL FERONT FRONT CONTRE L’INTOLERANCE, ET CONTRIBUERONT A LA
REFONDATION D’UNE POLITIQUE HUMAINE CONGOLAISE.
Ce qu’il faut au Congo, c’est d’abord un mouvement de reveil durable.

Ensuite hommes femmes, jeunes et vieux de toutes les régions doivent prendre
conscience que plus que jamais, le Congo est vraiment en danger. Pour une fois, on
va assister à la mort d’un pays, si nous ne nous levons pas pour bâtir.
Devant la Nation, en danger Néhémie a eu ces mots qui conviennent actuellement au
Congo : "levons-nous et bâtissons !"
Enfin, il faut prendre conscience du fait que si le problème du Pool n’est
pas le problème du Congo, c’est à cause de l’aveuglement dans lequel Sassou
plonge tous les Congolais.

La politique de survie donne le sentiment qu’il faut
se contenter de son propre carré de région. Or Sassou a mis en route une
machine criminelle qu’il faut arrêter par tous moyens comme fut arrêtée celle
d’Hitler pour mettre fin à l’hitlérisme. Les frères de Boko en ont fait les
frais. Ils se taisaient tant qu’étaient déportés les Laris, croyant que ce
n’était qu’une affaire des Laris. Ils ont été surpris par la logique de la guerre
et de la haine qui a ravagé par-delà Boko. Ils étaient bien obligés de
prendre acte et de réagir. Les frères Nibolek se tâtent encore, mais ils voient
bien que la folie meurtrière de Sassou, ne les épargne pas. Il y a eu des viols
et des vols dans dans les familles Nibolek. On doit de telles révelations au
courageux et digne député Boungouandza du Niari. Dans le Nord, ceux qui sont
du Nord savent bien que Sassou les expose, eux et leurs enfants, à la haine
de ceux et de celles que Sassou est en train d’exterminer en leur nom.
Or un examen attentif de la distribution des dividendes du pouvoir démontre
très bien que ce ne sont pas les frères et soeurs du Nord qui bénéficent de
ce pouvoir, mais sa propre famille et les quelques fidèles des loges occultes.

Les premières victimes du génocide de Sassou, ce sont donc les
ressortissants du Nord. Ils devront, de génération en génération, désormais en rendre
compte. Il évident que la raison politique dicte qu’eux-mêmes arrêtent le plus
tôt celui qui met en danger la vie de leurs enfants !
La deuxième victime du génocide congolais, ce sont les forces armées
congolaises.

On lui fait tuer le peuple congolais pour assouvir uniquement la soif du
sang et la haine personnelles de Sassou. Elle est complice d’un immense
génocide, alors que quand on fait la clinique de la politique de Sassou, les
veritables cadre de cette armée sont laissés pour compte. Lorsqu’il s’agit de
désigner un chef d’Etat major, ce n’est pas à un cadre régulier de l’armée que
Sassou a pensé. Non bien-sûr, c’est à un parent qu’il a pensé. Après l’avoir
bombardé colonel, le voilà peu de temps après chef d’Etat major. Les vrais cadres
de l’armée, dans leur intelligence ont bien compris que la communauté
internationale, les tiendra pour responsable d’un crime contre le peuple du Congo
dont ils n’ont été payé en retour qu’en monnaie de singe !

De par le monde, on a vu l’armée prendre conscience qu’un tyran et sa
famille l’a manipulé. On a vu des militaires bien armés refuser de tirer sur le
peuple et peut-être se retourner contre le tyran.
Je ne désespère pas que dans ce Congo qui a encore un avenir et une
espérance, les hommes et les femmes de l’armée se leveront et exigeront qu’on salisse
leur noble métier qui est défendre le peuple et le pays entier contre un
envahisseur. Ces hommes et ces femmes refuseront la basse bésogne de la main du
crime qu’on fait jouer à leur race et à leur rang !
La troisième victime, c’est la communauté internationale et principalement
le Président Bongo, la société TotalFina et la France.
Le Président Bongo, qui s’est tant battu pour créer une audience
internationale à toute sa carrière politique et à son pays, le Gabon, devra désormais
savoir que son aura ternira par le génocide contre le Pool, à cause d’une
médiation internationale qu’il n’aura malheureusement pas mené à bonne fin. Cela,
c’est clair, l’histoire le retiendra, si le président Bongo, ne sauve pas son
honneur !

La société TotalFina, avec l’héritage d’Elf, se retrouve embarquée dans une
guerre meurtrière congolo-congolaise. Par le pricipe pollueur payeur, et à
cause de son soutien inconditionnel à Sassou qui veut exterminer le Pool et le
peuple congolais, TotalFina a désormais à son passif le génocide congolais.
Est-il encore possible de rectifier le tir et de rendre au commerce
international sa mission de création entre les peuples ? Très certainement. Mais
c’est aux dirigeants de cette société internationalement respectée de savoir que
tout peut se négocier sauf la vie humaine.

La France, dont le chef d’Etat oeuvre activement à acquérir une dimension
et une stature internationales, mais qui par le soutient public à Sassou
retrouve entre ses
mains le génocide du Pool, sans avoir un seul moyen de rejetter la
responsabilité sur une autre puissance occidentale. Car, si la France, a eu sa
responsabilité formellement dégagée au Rwanda, c’est sûrement parce que la Belgique
était là. Or dans ce Congo qu’on a remis entre les mains du Pinochet
congolais Sassou, la France est seule. Elle ne dira jamais : je ne savais pas !
Là, aussi, il faut un réalisme politique pour arrêter ce système qui
éclabousse du sang des enfants du Pool les plus hautes instances politiques de la
France et la France entière et arrêter son animateur.

La situation congolaise est grave et urgente. Il faut une intelligence
politique responsable et non un logique du ’Yaya’ !

 D’autre part, la brève présentation faite par Henri Oko, dans ’la Semaine
Africaine’, des sommes qui devaient être versées aussi bien par la société
TotalFina et Agip Recherchehs du groupe ENI fait penser à l’euphorie du jeune
Marien Ngouabi au sujet des redevances pétrolières. Quand on voit avec le
recul, comment cet argent a été affecté dans les comptes offshore, les
acquisitions des villas personnelles au Congo en Occident et la mise en route des
usines - dont celle de Strasbourg - qui ne profitent en rien au peuple congolais,
il y a lieu d’exiger que cet argent soit mis sous séquestre pour sevir è la
reconstruction du Congo à cause de l’illégitimité du pouvoir congolais
actuel.

Une telle proposition ferait droit à la revendication légitme des êvêques
congolais qui ont demandé la transparence sur la gestion des recettes
pétrolières, mais aussi à l’audit programmé par les organisations internationales sur
la gestion pétrolière. Audit, auquel d’ailleurs, il serait souhaitable que
soient associés des experts de la société civile et de la vraie oppositon !
C’est à ce prix, à mon sens, que la justice et la vérité se marieriont au
Congo pour générer la paix, non pas comme le monde la donne, mais comme Jésus
l’a donnée !

Pasteur Dominique Kounkou

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