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DECLARATION DU COLLECTIF DES PARENTS ET AMIS SUITE A L’ INTERVENTION DU GOUVERNEMENT CONGOLAIS A PROPOS DES DISPARUS DU BEACH.

Suite à la Communication du Gouvernement congolais sur l’Affaire des Disparus du Beach de Brazzaville en 1999 par le Ministre congolais de l’information, Monsieur Louis AKOUALA, le dimanche 23 Novembre 2003, et de la lettre de Monsieur le Ministre Rodolphe ADADA au HCR, le Collectif des Parents des Disparus rend publique la déclaration suivante :

BRAZZAVILLE, le 24 Novembre 2003

LE POUVOIR DE BRAZZAVILLE MENT TOUJOURS

Le colonel Touanga devant le tribunal de meaux

Considérant la présence au sein du pouvoir de Brazzaville des individus dont la nature criminelle est manifeste, lesquels endeuillent notre Peuple depuis leur avènement par la force des armes et le soutien de la mafia internationale et qui ont pris depuis en otage toutes les institutions de l’Etat.

Conscient de ce qu’ils imposent au Peuple Congolais une politique faisant de la pratique du tribalisme, du régionalisme, du mensonge, de la délation du vol et de la corruption un mode de gestion de l’Etat

Considérant que les guerres récurrentes et fortement meurtrières nées des esprits machiavéliques des dignitaires avaient pour seul dessein la prise du pouvoir et une totale maîtrise des richesses nationales.

Auteurs impénitents de crimes et d’énormes détournements, ils sèment le deuil, la désolation et la misère endémique en République du Congo qu’ils ont inscrit joyeusement parmi les Pays les plus endettés du Monde alors que certains dignitaires se sont scandaleusement enrichis sur le dos du Peuple.

Ainsi, pour nous, la déclaration du Ministre congolais de l’information et la lettre de monsieur le Ministre congolais des Affaires Etrangères en direction du HCR s’inscrivent dans la logique du mensonge, de la désinformation et de la manipulation.

Décidés à rétablir la vérité, les parents des disparus du Beach de Brazzaville déclarent qu’il n’existe aucun rapport entre les personnes arrêtées sur instruction des plus hautes autorités congolaises et portées disparues dune part et les citoyens congolais qui seraient encore dans les camps des réfugiés en République Démocratique du Congo d’autre part. Toute manœuvre consistant à rechercher les disparus du Beach en RDC au travers d’une prétendue liste que détiendrait encore le HCR est une grossière diversion.

Témoins oculaires et victimes, les parents ont vu et révèlent : …que Les personnes arrêtées l’ont été sur ordre direct de ceux que le Général Commandant la Garde présidentielle appelle sa hiérarchie. Le Général ADOUA Blaise en 1999 recevant dans son cabinet de travail une délégation des parents avait reconnu avoir positionné ses militaires au Beach pour procéder à l’arrestation de certains citoyens en provenance des Camps des réfugiés en RDC. Sur la question de savoir où se trouvaient alors ces personnes ? …Le Général ADOUA BLAISE avait de la façon la plus cynique répondu que tous ceux qui n’avaient pas regagné leur domicile ou leur famille dans les trois jours ou une semaine après leur arrestation, nous les avions exécutés.…

Monsieur le Ministre Rodolphe ADADA qui feint de ne pas savoir où sont passés les disparus doit se rappeler que dans la période du mois d’avril à mai 1999 en effet, les Brazzavillois avaient fait d’horribles et macabres découvertes. Des grappes de cadavres étaient découverts en plusieurs endroits de la ville : à Itatolo notamment, dans la zones du palais présidentiel, le long de la rive droite du fleuve sur le chemin dit de la Flottille, au point où, pendant plusieurs semaines les pêcheurs avaient abandonné leurs activités tellement le fleuve charriait des cadavres.

Monsieur le Ministre AKOUALA doit savoir et se rappeler que dans cette même période, il n’était pas rare de voir les parties de corps humains accrochées sur les carrosseries des véhicules de la Garde présidentielle comme des trophées marquant la victoire sur les familles et certainement les régions dont les victimes étaient originaires.

Le cimetière d’Itatolo était fermé pendant deux semaines au cour du mois de Mai. A cause d’une part, de la volonté du pouvoir de cacher à la population et à la Communauté Internationale l’étendue des massacres et d’autre part, des odeurs irrespirables des cadavres en putréfaction avancée abandonnés sur le bord de la route après leurs exécutions extra judiciaires.

Voilà Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, la Vérité sur les disparus. Il ne faut pas allez les chercher ailleurs que dans les endroits que nous venons de citer, cela vous le savez parfaitement. Il est alors inutile de souiller votre honorabilité pour soutenir des criminels.

A propos des listes : en considération de ce qui précède, les parents des disparus qui prennent à témoins le Peuple congolais et la Communauté Internationale précisent que les autorités congolaises détiennent toutes les informations tant sur les listes que sur les méthodes utilisées par la Garde personnelle du Président congolais pour faire disparaître les corps de ces citoyens victimes innocentes. Ces personnes étaient arrêtées devant les parents qui, fortement amaigris, affamés et malades, voyaient partir impuissants leurs enfants ligotés vers la mort.

Des semaines plus tard, précisément les 19, 20 et 21 Mai 1999, aux heures de travail, des colonnes de fumée noire qu’entouraient des charognards partaient de la résidence officielle Présidentielle, du quartier plateau et montaient vers le ciel. Pour la première fois dans l’histoire du Congo, un Pouvoir brûlait des corps humains dans un environnement officiel, au cœur même de l’Etat. Nous pouvons considérer qu’après Hitler dans les camps de concentration, le Pouvoir de Brazzaville est l’un des rares dans l’histoire de l’Afrique à avoir organisé la crémation des corps humains.

Si jusqu’à présent le Gouvernement fait semblant d’ignorer ces crimes abominables, commis par la Garde personnelle du Général Président pourquoi alors cette obstruction mécanisée de la procédure de MEAUX en France ? Pourquoi donc le Général Norbert DABIRA Inspecteur Général des Armées et Président de la commission spéciale d’enquête a été sommé par sa hiérarchie de ne pas se rendre en France pour répondre à la convocation du Tribunal de Grande Instance de MEAUX et prouver sa prétendue innocence ?

Le Capitaine ITOUA de la Police du Beach convoyeur attitré à partir de Kinshasa, recevait du HCR une liste en trois exemplaires dont un exemplaire était toujours remis aux Autorités du Congo Brazzaville pour chaque convoi. Cette liste permettait à la police des frontière de faire l’appel des réfugiés avant, leur fouille corporelle par la G.R.. Le colonel ALAKOUA et le Commandant ELENGA principaux chefs de la Police au Beach et Port ATC en savent long. Une fois transférés au siège de la garde présidentielle la liste des personnes arrêtées était tenue par le capitaine MBOUASSA et le Conseiller du Général ADOUA.

Comment un pouvoir qui s’est permis de traîner la République Française devant une juridiction internationale en l’occurrence la Cour Internationale de Justice à la HAYE, peut-il prétendre ne pas disposer des listes des personnes arrêtées par ses services de police quatre ans après ? Comment un pouvoir qui prétend avoir ouvert une instruction judiciaire, désigné un haut Magistrat pour soit disant organiser un procès ne peut-il disposer des listes ? La mort du magistrat instructeur Patrice Nzouala dite des suites d’une longue maladie, après qu’il eut déclaré à l’AFP que l’enquête était bloquée sans autre précision, trouble notre attention.

En considération de tout ce qui précède :

 Nous invitons le Peuple congolais et la Communauté Internationale à ne pas accorder du crédit aux propos mensongers et dilatoires, expression de la culpabilité de certains responsables du pouvoir.
 Nous invitons également la Justice Française à bien vouloir accélérer la procédure de MEAUX qui, pour le Peuple congolais, est l’unique juridiction pouvant conduire à la vérité dans cette grave Affaire des Disparus du Beach.
 Nous attirons respectueusement l’attention des Autorités Françaises sur la nature oppressive et tyrannique du pouvoir de Brazzaville, lequel prétend disposer du soutien sans réserve de certaines Personnalités françaises et utilise cette « garantie » pour perpétuer un régime dictatorial hégémonique et tribal, rejetant tout dialogue avec d’autres forces politiques.

Pour éviter une fois de plus à la France de jouer le rôle de « Pompiers » en Afrique, nous prions respectueusement les Autorités françaises à se pencher sur la situation au Congo Brazzaville et contribuer à l’émergence d’un pouvoir réellement démocratique.

Peuple congolais ; Peuples du Monde, voilà la vérité sur la fin tragique des personnes arrêtées par la Garde présidentielle au Beach de Brazzaville en 1999.

Mgr Ndiaye, évêque de Kaolak (Sénégal) avec le Cl. Touanga

Fait à BRAZZAVILLE le 24 Novembre 2003
Pour le Collectif des Parents et Amis des Disparus
 Colonel TOUANGA Marcel

 Président

ASSOCIATION DES PARENTS ET AMIS
DES DISPARUS DU BEACH DE BRAZZAVILLE
 S/C OCDH
 132 Avenue des Martyrs Immeuble Tiétié
 Moungali
 BRAZZAVILLE.
 CONGO

NDLR : Le colonel Touanga, donne une dimension spirituelle à l’affaire en sensibilisant les autorités écclésiastiques.

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