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Détournement et corruption : Sassou et Bongo au journal de France 2 ce lundi 3 mars 2008

Ca n’arrête plus. Ca ressemble à un acharnement thérapeutique. Après les révélations du journal Le Monde (31 Janvier 08) Bakchich (5 février 08), le journal télévisé de 20 h (France 2 de ce lundi 3 mars 2008) a enfoncé le clou sur la corruption et le détournement en Afrique. L’émission a insisté sur deux acteurs de choix : Omar Bernard Bongo et Denis Sassou-Nguesso. Mais malgré le tohu bohu médiatique, les deux chefs d’Etat peuvent dormir du sommeil du juste puisque la plainte de Sherpa , Survie et la FCD a été classée sans suite. Et pourtant la valeur les biens meubles et immeubles frise le scandale.

Sans passer par quatre chemins, ce soir au journal de 20h, il n’a été question que de chiffres colossaux et scandaleux dans ce dossier déjà diffusé le mois dernier. Cette fois-ci, les propos ont été étayés par les témoignages de deux militants de la FCD (Fédération Congolaise de la Diaspora) Benjamin Moutsila et Olivier Bidounga.

Christian Manckassa et Olivier Bidounga, 5 décembre 2007 à Paris

Des chiffres à couper le souffle

Plus de trente millions d’euros : c’est la modique somme que Bongo vient de mettre dans l’achat de deux maisons dans l’un des quarties les plus chers de Paris. Omar Bernard Bongo déjà détenteur de plusieurs maisons en région parisienne, dans le très bourgeois quartier de l’avenue Foch, vient d’acquérir un appartement de 1500 m2 d’une valeur de 15 millions d’euros et un autre appartement de 2000 m2 estimé à 19 millions d’euros (avant travaux (sic) ; de quoi nourrir pendant 6 mois son pays le Gabon où 70% de la population vit en deçà du seuil de pauvreté.
A ces biens parisiens s’ajoutent ceux de Nice parmi lesquels un appartement dans le quartier huppé de Cimiez, autant de logis où rarement l’heureux propriétaire met pieds.
Une voisine parisienne de Bongo avoue n’avoir jamais quasiment croisé le prestigieux riverain, dictateur à la tête de son pays depuis 40 ans.
Selon l’architecte de la nouvelle acquisition immobilière, les travaux se font dans "la grande transparence". Cependant, les gens de maisons qui veillent sur les biens du multi-propriétaire sont d’une prudence de Sioux quand un quidam vient sonner sur l’interphone. Pour vivre heureux, vivons cachés. Mais pouvait-on dissimuler indéfiniment ces richesses mal acquises quand, notamment, les populations des pays concernés croupissent sous la misère tandis que leurs Etats n’arrêtent pas de s’endetter sans pouvoir rembourser ? Le paradoxe a choqué nombre de ONG qui ont décidé de passer à l’offensive.

Benjamin Moutsila de la FCD


Malheureusement ce combat sembe celui du pot de terre contre le pot de fer. En somme, perdu d’avance. Cependant, David combattant Goliath, Sherpa, Survie et la Fédération Congolaise de la Diaspora ne désespèrent pas. Le châtiment, cahin caha, finit toujours par atteindre son but.

La villa du 50 Bd Mont Boron à Nice : "un gros morceau"

En matière de détournement et de corruption, Bongo a un concurrent de taille, son beau-père, Denis Sassou-Nguesso, propriétaire de la fameuse villa Suzette et, au total de 18 biens immobiliers.
Le parc automobile n’a pas échappé à la sagacité des associations des Droits de l’Homme : Aston, Bugatti, Ferrari, Mazeratti, Lomborghini, Rolls affichent leur luxe insolent dans les garages des neveux et fils des tyrans.
"Que peut-on faire au Congo avec ce pognon ?" demande le journaliste de la deuxième chaîne :
Benjamin Moutsila et Olivier Bidounga de la FCD sont catégoriques : « avec tout cet argent on peut par exemple construire des hôpitaux au Congo. Il n’y pas d’hôpitaux dans ce pays, le seul hôpital n’a même pas d’ascenseurs »
Fin 2007, la Justice signifie un non-lieu. L’avocat des associations ne s’y trompe pas : « la décision de classer l’affaire est éminemment politique ».
Entendez, la France ne veut pas gêner ses partenaires africains du réseau françafrique.
Sans vergogne, l’avocat de Sassou précise que c’est « un problème d’Etats africains », s’immiscer dans ces affaires « serait du néocolonialisme ».
Ce n’est pas l’avis du Grand Maître de la loge maçonnique le Grand Orient qui a trouvé indigne d’aller serrer la main à Bongo et Sassou lors d’une convention de ce mouvement à Pointe-Noire (Express du 1er mars 08). Jean-Michel Quillardet, dans un sursaut de conscience ne veut plus se compromettre avec ces brebis noirs qui ternissent l’image du mouvement spirituel.
« Je ne voulais pas, précise-t-il, être instrumentalisé par le président Denis Sassou-Nguesso » a indiqué le grand initié.
Bongo passe aussi désormais pour un pestiféré car même si la rencontre avait eu lieu au Gabon le grand maître n’est pas : « disposé à serrer la main d’un certain nombre de gens, fussent-ils maçons »
Cependant, même boudés par le mouvement maçonnique dont d’ailleurs ils ne respectent pas les valeurs, ce n’est pas ça qui empêchera nos maçons africains d’acheter des maisons en Occident, avec l’argent de leur peuple et avec la bénédiction du nouveau locataire de l’Elysée qui, lui aussi, promit pourtant la rupture avec la françafrique avant son élection.

La video du journal TV sur le site de France2 :
http://jt.france2.fr/20h/index-fr.php?jt=0&start=1143

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