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Du monopole d’Etat au monopole privé

C’est le cas du Congo-Brazzaville, où les responsables de la faillite de l’Etat ne sont inquiétés de rien, alors que l’Etat, lui, est considéré comme défaillant ou inapte à gérer convenablement les affaires, surtout à cause du monopole qu’il exerce dans certains domaines. Ainsi, « l’Etat », paye à la place des hommes et des femmes coupables de son échec, qui curieusement, se retrouvent souvent, comble du cynisme, à la tête des sociétés d’Etat privatisées, soit comme dirigeants, soit comme actionnaires.

Du monopole d’Etat au monopole privé

« Le rôle de l’Etat Africain et la Globalisation »

En lieu et place de la sanction des responsables des faillites des sociétés d’Etat, il est substitué purement et simplement le désengagement de l’Etat, donc, la privatisation. C’est le cas du Congo-Brazzaville, où les responsables de la faillite de l’Etat ne sont inquiétés de rien, alors que l’Etat, lui, est considéré comme défaillant ou inapte à gérer convenablement les affaires, surtout à cause du monopole qu’il exerce dans certains domaines. Ainsi, « l’Etat », paye à la place des hommes et des femmes coupables de son échec, qui curieusement, se retrouvent souvent, comble du cynisme, à la tête des sociétés d’Etat privatisées, soit comme dirigeants, soit comme actionnaires.

Le triomphe du modèle libéral a conduit à considérer que la solution à la mauvaise gouvernance est la privatisation sans que l’on ne définisse au préalable ce qui est du domaine régalien, donc réservé à l’Etat, et ce qui peut être laissé au secteur privé surtout dans les pays sous-développés où l’accès équitable à certains services de base : éducation, santé, énergie… des populations au faible pouvoir d’achat ne peut être garantit que par la puissance publique.

Le processus historique et la création des Etats africains :

Sans se perdre dans des considérations juridiques, historiques et sociologiques, nous dirons simplement que l’Etat est un produit de l’histoire.

Dans le cas africain, nul besoin de rappeler que les Etats Africains n’ont été érigés qu’en lieu et place des circonscriptions administratives extensives héritées de la colonisation, ignorant ainsi les réalités ethno-culturelles ou historiques des peuples qu’elles régissaient.

Situation d’ailleurs entérinée par l’ex Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.), qui consacrait le principe de l’intangibilité des frontières.

Produit historique complexe, l’Etat africain a du, en plus, cohabiter quelques fois avec la survivance des conceptions et pratiques traditionnelles du pouvoir conduisant à des phénomènes d’hybridation.

Par conséquent, les superpositions mais aussi les affrontements de légitimités traditionnelles et « modernes » - les unes héritées de la coutume, les autres héritées de la colonisation - ont souvent conduit à l’affaiblissement de l’Etat.

La privatisation de l’Etat africain :

La déréglementation financière à l’échelle internationale et l’interdépendance des économies sont des nouveaux phénomènes qui constituent de réels défis aux Etats africains qui peinent déjà à s’organiser et à imposer leur autorité dans l’espace national.

Sans être préparés à ces nouveaux défis de la globalisation, à savoir : la déréglementation financière et l’interdépendance des économiques, leur confrontation avec les Etats africains va, à nouveau, dans le sens de l’affaiblissement de ces derniers.

Mais il faut ajouter aussi que bien avant le phénomène de la mondialisation, le rôle des Etats africains a été particulièrement affaiblit à cause de l’application des mesures relatives au P.A.S. (Programme d’Ajustement Structurel), comme par exemple :

  1. la réduction des effectifs de la fonction publique ;
  2. la réduction des dépenses de l’Etat dans les secteurs clé tels que la santé, l’éducation… ;
  3. la privatisation des entreprises publiques…

Quel rôle peut jouer alors l’Etat africain dans un contexte aussi difficile, mais que nous pouvons transformer en notre faveur, si nous avons l’audace d’opérer des choix décisifs ?

Afin que l’Etat africain joue pleinement son rôle, il lui faudra :

  1. promouvoir une industrie et une économie du savoir, du savoir-faire et du savoir être citoyen ;
  2. développer une agriculture de marché, mettant de facto un terme à la hiérarchisation de l’agriculture entre cultures industrielles ou de rente et cultures vivrières ;
  3. promouvoir le secteur des nouvelles technologies, capable d’intégrer nos Etats dans le processus de mondialisation en cours ;
  4. promouvoir un secteur des services agressif et efficace en mettant à contribution toutes les forces vives du pays.

La situation actuelle de l’Afrique, exige un Etat fort et visionnaire. Dans un pays sous-développé, il est illusoire pour ne pas dire un luxe, de procéder au retrait de l’Etat dans des secteurs productifs stratégiques car cela y va même de notre souveraineté. Il convient d’éviter de passer d’un monopole d’Etat tant décrié, à un monopole privé dans les secteurs stratégiques.

Conclusion :

Il n’est pas question dans notre propos de récuser le secteur privé dans les pays africains. Le secteur privé ne garantit des meilleurs services aux citoyens que lorsqu’un minimum de concurrence existe. Ce qui aurait du être un impératif avant d’ouvrir un domaine au secteur privé. Or, le monopole de l’Etat tant décrié hier dans certains secteurs, doublé il est vrai de la mauvaise gestion, a conduit malheureusement à ce paradoxe anti-libéral qu’est le monopole du privé.

Ainsi, des secteurs entiers comme l’énergie par exemple ont été privatisés et devenus de fait des monopoles privés à la place des sociétés d’Etat, mais curieusement, avec des services coûteux et au rabais, faisant subir aux populations les délestages insupportables.

Un Etat fort, responsable et visionnaire, est celui qui ne cède pas au dogme irresponsable là où l’initiative privée a abandonné, mettant en péril l’intérêt des populations.

Qu’en est-il de l’Etat congolais ?

Panafricainement,

Hannibal

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