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En attendant l’instauration d’un "visa francophone" pour la France...

Les artistes africains seront-ils enfin libérés du fardeau que constitue pour eux l’obtention d’un visa pour la France afin d’aller s’y produire ? Grande interrogation actuellement au coeur des discussions. Rappelons-nous les péripéties de Papa Wemba, incarceré pour avoir, semble-t-il, introduit « irrégulièrement » plusieurs de ses musiciens en Europe. Dans le milieu « parisien » des deux Congo, on rapporte d’ailleurs que les concerts sont surveillés de très près - discrètement, bien sûr - et, il

n’est pas exclu qu’entre deux refrains endiablés de ndombolo un musicien se voit demander sans transition son titre de séjour sur le territoire gaulois. On imagine donc ce pauvre chanteur qui, de bonne foi, entonne une mélodie, la voix toutefois habitée par la peur d’un nain qui surgirait de la foule pour une petite fouille républicaine de routine !

Bref, les lecteurs de Jeune Afrique ont lu la semaine dernière une dépêche qui montre que le problème est désormais pris au sérieux par les instances qui dirigent la Francophonie :

« Fidèle à ses habitudes, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, est resté très discret sur sa position concernant la difficile question des visas émis par la France, particulièrement en Afrique. Le festival francophone en France, qui se déroule actuellement dans l’Hexagone, a permis de prendre la mesure de l’affaire : de nombreux artistes invités ont eu à accomplir une véritable course d’obstacles avant de réussir à obtenir leur visa. Pour autant, Diouf ne se désintéresse pas de la question, ainsi qu’on l’avait déjà remarqué à l’occasion d’un récent discours prononcé par Clément Duhaime, l’administrateur de l’OIF, dans lequel était évoqué le besoin d’un « visa francophone ». On apprend aujourd’hui qu’un groupe de travail a été constitué sur ce thème au sein de l’OIF. Henri Lopes, ambassadeur du Congo à Paris, a été placé à sa tête par le secrétaire général pour réunir, à court terme, des propositions communes à la France et à ses partenaires. »

Dans l’attente de ce "visa francophone", pour l’heure certains artistes se demandent s’il ne faut pas jouer dans les greniers de province, voire dans les égouts de Paris. Les rats certes n’ont pas comme nous la glorieuse réputation d’être des mélomanes, mais ils n’ont pas besoin de visa pour se mouvoir. Pour cela relisons « Le Rat de ville et le Rat des champs », une des fables de l’incontournable Jean de La Fontaine. Il vaut mieux être un rat des champs, avec la liberté, qu’un rat de ville qui ne peut tranquillement casser la croûte sans qu’un malotru ne vienne le déranger. "Fi du plaisir que la crainte vient corrompre !", souligne La Fontaine. Chanter est un plaisir, surtout sans la crainte.

En somme, quoi de plus évident qu’un visa accordé aux artistes ? C’est connu, la musique n’a pas de frontières... Cela dépend sans doute de quelle musique... et de quelles frontières ?!

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