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Et Harry Roselmack débarque enfin sur TF1...

Tous les magazines ont fait de cela leur événement, leur une : Harry Roselmack, journaliste d’origine martiniquaise va remplacer Patrick Poivre d’Arvor cet été pour la présentation du journal télévisé de 20 heures sur TF1. Les polémiques sur la question de la visibilité des minorités ont été au rendez-vous. Harry Roselmack était-il là pour "juguler" les arguments de ceux qui accusent une certaine France qui a honte de ses minorités, de ses noirs ou de ses beurs ? A la rigueur, qu’un Noir soit embauché par une chaîne d’Etat (France 2, France 3 etc.), cela n’aurait pas causé un séisme. Il y a déja - et il y a eu - des Noirs à France 3. Mais il s’agit ici de TF1, chaîne privée, la plus populaire du pays, la chaîne supposée être la plus fermée, la plus conservatrice. Et c’est elle qui crée le tremblement de terre aujourd’hui en affichant un Noir au moment où, à table, les paisibles populations de France hésitent entre le gigot d’agneau et la tête de veau...

Le journaliste a donc commencé sa messe le lundi 17 juillet. Je n’ai pas eu l’opportunité de voir ce grand moment où apparaissait pour la première fois de l’histoire du paysage audiovisuel français un Noir présentant le journal télévisé le plus regardé de France. Je me suis rattrapé ce mardi, attendant aussi avec impatience l’apparition de cet homme qui fut un de mes collègues à Média Tropical, la radio antillaise parisienne où je présentais alors des chroniques littéraires.

D’emblée, j’ai constaté le charisme légendaire de ce journaliste derrière un costume bleu, une chemise blanche et une cravate nouée de très près. Ce crâne rasé, ce visage serein et ce regard bien braqué sur le télespectateur tracent d’ores et déjà un personnage qui saura imposer son tempo et cultiver l’exigence sans pour autant sombrer dans l’austérité.

Qu’ai-je retenu de sa prestation en ce mardi 18 juillet dès 20 heures ? J’étais bien calé dans mon fauteuil au moment du générique traditionnel du journal de TF1. Et puis l’homme est apparu, annonçant les titres du journal... Le monde va mal. Liban. Israël. La canicule. Harry en parle, annonce les sujets, interviewe des familles françaises qui viennent d’arriver du Liban par un avion d’Air France. Le journal est impeccable. Aucun moment de trouble, aucun instant de perte de contrôle, juste une petite seconde où le journaliste a trébuché sur les noms des auteurs d’un reportage, mais il a tout de suite su rebondir en vieux routier. Donc un journal sans faute, sans couac, sans ratures, agrementé d’un sourire final qui a illuminé tout l’écran et qui montre à suffisance que notre Harry sait désormais que son adoption est acquise, et qu’il est d’abord et avant tout un journaliste exerçant sa profession, la couleur devenant du coup une question accessoire. Et d’ailleurs, parions que dans quelques jours encore de présentation de ce journal, sa présence ne sera plus du tout insolite. Et c’est tant mieux, que demande le peuple, j’allais dire, le télespectateur, hein ?...

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