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Kaly Djatou un grand Monsieur de la musique congolaise

A 47 ans Maurice Koudiatou alias Kaly Djatou demeure une valeur sûre de la musique congolaise. Aux antipodes du ndombolo, ses chansons parfois vieilles de plus de vingt ans demeurent présentes aux oreilles de tous les congolais petits et grands. Si son nom n’est pas toujours connu, son titre "Premier salaire" n’est ignoré de personne.

En me promenant avec lui dans les rues de Pointe-Noire, qui n’est pourtant pas la ville de ce Brazzavillois, j’ai pu juger de sa popularité. Kaly est un type plein de sensibilité et de talent. Un soir au "Picardie" un restaurant spectacle, les musiciens sont venus le chercher pour faire le bœuf sur scène sidérant la clientèle cosmopolite.

Grand buveur de Guiness, Kaly est devenu très vite un ami indispensable. Il m’a accordé la petite interview dont je vous fais ci-après profiter.

Ya Sanza : Kaly Djatou, tu fais partie des gens qui sont incontournables dans la musique congolaise, pourtant tes œuvres ne sont jamais ou presque sorties du territoire, comment expliques-tu cela ?

Kaly et sa copine Guiness

Kaly Djatou : Je crois que cela répond à mon destin, qui a pensé qu’il me fallait d’abord connaître les difficultés de l’existence et à un âge très avancé, voir très mûr je sors un album pour devenir la coqueluche du continent (rires).

YS : Combien de temps cela fait-il que tu évolues dans ce milieu difficile de la musique ?

KD : 22 ans enfin ça va faire 30 ans, aujourd’hui j’ai 47 ans. Au commencement ça a été premier salaire qui a marqué toute la sous région de l’Afrique centrale, et malheureusement c’était à l’époque où j’étais encore à l’école à l’Université. Les obligations universitaires ne m’avaient pas favorisé à connaître l’éclosion musicale. Il y avait un choix à faire entre les écoles et la musique. Pour être en harmonie avec mes parents, j’ai d’abord opté pour les études et les diplômes.

YS : La musique ne t’a malheureuse ment jamais fait vivre, dis moi, de quoi vis-tu ?

KD : Je suis professeur de lycée en histoire et géographie, malgré moi, tu sais que je suis artiste et j’espère bien très vite pouvoir vivre de mon art. Cependant, dans le regard innocent de mes élèves je puise ma confiance.

YS : Cette année tu t’es fait muter de Brazzaville à Pointe-Noire, peux-tu expliquer les raisons de cette migration ?

KD : Parce que d’abord je regarde mon âge, dans quelques années la retraite me dira bonjour et une fois retraité je n’aurai plus d’obligations professionnelles, et je me dis que ferais-je donc. Il faut que j’écrive dans la page de l’histoire africaine, au moins, quelques notes de musique qui feront montre qu’en Afrique centrale, du moins au Congo Brazzaville il y avait un artiste qu’on appelait Kaly Djatou.

Kaly et Ya Sanza en interview

YS : Tu es musicien mais aussi poète et écrivain, n’as-tu jamais eu envie de t’essayer à des textes plus longs ? Est-ce une fatalité ou ça ne t’a jamais effleuré l’esprit ?

KD : Je pense que les textes écrits présentent plus de risques que les chansons. Dans la chanson on peut faire passer beaucoup de messages d’une manière plus acceptable pour les gens qui y sont mis en cause. Avec un peu d’humour ça passe toujours, combien d’écrivains se sont vus privés de leur liberté à cause de leurs textes, c’est quand même beaucoup plus rare pour les musiciens, même si les critiques sont pertinentes.

YS : Ta chanson premier salaire est au Congo connue d’absolument tout le monde. Si je ne me trompe pas elle est sortie pratiquement simultanément avec le tube de Zao "Ancien Combattant" Pourquoi à ton avis Zao a alors mieux réussi que toi ? C’est l’un de tes amis tu l’as toujours dit, tu n’hésites d’ailleurs jamais a reprendre quelques uns de ses titres lors de tes prestations. Explique nous ces différences.

Sur scène au Picardie

KD : D’abord l’environnement, lors de la sortie de "Premier salaire", j’étais donc à l’université où les artistes n’étaient pas bien vus, cela m’a d’ailleurs valu que l’on le retire ma bourse, tout comme Nzoungou Soul à perdu la sienne dans les mêmes conditions. Zao pour sa part étudiait à l’institut, pour devenir instituteur, il était dans un contexte beaucoup moins rigide. Autre chose j’avais aussi connu une espèce de refoulement dans mon milieu familial. Mes parents avaient très peur, alors que j’étais parvenu jusqu’à l’Université, que je lâche mes études pour la musique. Il y a eu par la suite une réunion de famille où on m’intima l’ordre d’achever mes études au risque de me faire tanner la peau par les "sorciers" (on m’a dit tout ça parfaitement clairement). J’ai donc pris peur et j’ai continué jusqu’à la remise de mon diplôme. Je dois quand même dire qu’à la suite de la sortie de "premier salaire" plusieurs ennuis de santé se sont succédés. J’ai tout d’abord été renversé par une voiture. Cet accident m’a valu plusieurs opérations chirurgicales. Puis une hernie enfin toute une succession d’ennuis qui m’ont valu quatre à cinq ans d’inactivité. Le showbiz exige des artistes en bonne santé.

YS : Tu es issu d’un milieu familial plutôt aisé à ce que je comprends.

KD : Très aisé en effet, mais très conservateur, mes frères de grands hommes d’affaire, et heureusement pour moi je suis dans une famille où "chacun pour soi dieu pour tous". Donc c’est loin de la solidarité africaine telle qu’elle existe en général.

YS : Si je comprends bien, tu es la honte de la famille

KD : C’est tout à fait ça. (Rires).


Kaly Djatou prépare un retour qui a n’en pas douter va faire du bruit. Ses chansons sont toujours empreintes de la même force tranquille et ses textes touchent juste. Il chante en langues vernaculaires, en Français et en Français colonial cette francophonie chaleureuse et imagée issue d’un passé suranné.

Kaly Djatou un grand Monsieur de la musique africaine.

 Contact
 Kaly Djatou
 (242) 30 64 82
 [email protected]

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