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L’opposition dresse un violent réquisitoire contre le pouvoir

BRAZZAVILLE, 7 sept (AFP) - 8h42 - L’opposition congolaise a dressé samedi un violent réquisitoire contre le régime du président Denis Sassou Nguesso, l’accusant de gestion "clanique et familiale" et d’une politique de réconciliation nationale qui exclut les anciens dirigeants en exil.
"Aujourd’hui, indépendamment de leur appartenance politique, les Congolais du nord au sud, de l’est à l’ouest sont réduits à accompagner la famille présidentielle dans sa campagne d’enrichissement scandaleuse", a dénoncé l’opposition lors d’un meeting qui a rassemblé plus de 2.000 personnes au centre sportif de Makélékélé au sud de Brazzaville.

C’est la première fois depuis la fin du processus électoral de 2002 que l’opposition organisait pareil rassemblement.

Répondant point par point à l’état de la nation fait le 14 août par le président Sassou Nguesso, l’opposition a relevé que la situation économique et sociale du Congo était "globalement chaotique" et se caractérisait par "la gestion clanique du pouvoir, l’impuissance du Chef de l’Etat à sanctionner les fossoyeurs de l’économie nationale, la corruption et l’enrichissement illicite".

Plus précisement, l’opposition a accusé la "famille présidentielle" de profiter du processus de privatisation des entreprises publiques pour acquérir des sociétés d’Etat comme la Société congolaise des transports maritimes, la société des télécommunications et la société des chargeurs.

Pour le porte-parole du gouvernement, ces accusations ne sont pas fondées.

"Nous sommes surpris par ces accusations au moment où les entreprises d’Etat sont dans un processus de privatisation qui se fait dans la transparence la plus totale", a réagi Alain Akouala à l’AFP.

"Nous attendions des propositions concrètes et pertinentes. Nous avons vu que cette opposition hétéroclite était en panne d’idées", a lancé M. Akouala.

L’opposition a exigé la création de commissions d’enquêtes parlementaires dirigées par ses députés à l’assemblée nationale.

Ces commissions seraient chargées d’enquêter sur la gestion du pétrole - le premier produit d’exportation -, la corruption et les nominations dans l’administration publique.

Ces commissions devraient, selon l’opposition, mettre "fin au hold-up de la famille présidentielle sur les richesses nationales" et contribuer à une plus grande transparence dans la gestion des ressources pétrolières.

"Plus que jamais, le peuple congolais veut sortir de la misère imposée par un système politique qui privilégie ses intérêts égoïstes aux dépens de la nation toute entière", a fait remarquer l’opposition.

Officiellement, la pauvreté touche 70% de la population congolaise qui est de 3 millions d’habitants.

L’opposition a demandé au pouvoir de s’inspirer de la "leçon de tolérance et de sagesse" que donne la république démocratique du Congo voisine. Elle a appelé à l’organisation d’un dialogue national sous la forme d’une table ronde pour faciliter le retour de tous les exilés.

L’opposition a annoncé qu’elle allait proposer à l’assemblée une loi d’amnistie générale qui créera les conditions pour le retour d’anciens dirigeants exilés condamnés par la justice nationale.

L’ancien président Pascal Lissouba, ses ex-premiers ministres Joachim Yhombi Opango et Bernard Kolélas ont été condamnés par contumace respectivement pour crimes économiques et financiers et pour crimes contre l’humanité.

Pour M. Akouala, l’opposition fait de "l’amalgame" en réclamant le retour de ces anciens dirigeants.

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