Dans le “International Herald Tribune” de ce jeudi 16 février, il y a un article très intéressant signé par Alan Riding au sujet de la « féminisation de l’art ». On apprend - ou on nous rappelle - que la "chose culturelle" ne survit plus que grâce à la femme. Celle-ci est donc devenue le principal marché de la culture. Par conséquent, ignorer cela serait un péril pour ceux ou celles qui écoulent les produits culturels. Nous savons par exemple depuis très longtemps que les femmes lisent plus de romans que les hommes, visitent plus de musées, d’exposition de peinture, vont dans les concerts dits "chiants" et regardent certainement plus de films d’auteurs que les hommes.
Ce fossé se creuse de plus en plus. Dans le cas du livre en France, sur 5600 personnes au-dessus de 15 ans, il y avait 72 pour cent d’hommes en 1963, puis la courbe a baissé à 63 pour cent en 2003 pendant que les femmes, elles, voyaient leur courbe hausser de 68 pour
cent à 74 pour cent ! Pendant ce temps, semble tancer l’auteur de l’article, les hommes passent plus de temps que les femmes devant la télé : ils regardent surtout le sport, s’adonnent aux jeux vidéos et à la navigation sur Internet ! Allons, allons, les hommes, jetez vos télécommandes et prenez Ulysse de Joyce ou Paradiso de Lima, c’est une question de survie, sinon les femmes vont nous laminer jusqu’à la fin des temps, et nous n’aurons plus que nos biscotos pour nous réjouir !
Au fait, pourquoi donc les femmes sont-elles plus portées vers la culture que les hommes ? Alan Ride tente d’y répondre. Pour lui, la femme serait aujourd’hui plus éduquée que l’homme. Il y a ainsi plus de femmes qui travaillent dans les métiers de l’art que les hommes. En plus, si on se fie à une étude menée par le gouvernement français, on réalise que les jeunes filles âgées de 6 à 14 ans lisent plus que les petits garçons du même âge ! Ces filles, inspirées, sages comme des images, font des activités liées à l’art tandis que les pauvres petits garçons -qui normalement naissent des étoiles - font des jeux vraiment débiles... Vous voyez ce que je veux dire ?
La féminisation des métiers de l’art est donc en pleine progression. Alan Ride conclut toutefois que dans plusieurs pays les hommes demeurent - et sans doute pour longtemps encore - à la tête de l’administration de la culture. Quelques exceptions viennent alors dans ces cas confirmer la règle. Les hommes dirigent les musées, les théâtres, les orchestres, les opéras et les grandes maisons d’édition.
En France par exemple si ce sont les femmes qui tiennent au Ministère de la culture le département des musées nationaux, le Château de Versailles ; les hommes dirigent toujours le Musée du Louvre, le Centre Georges Pompidou, le Musée d’Orsay etc. De l’autre côté, en Angleterre, ce sont les femmes qui dirigent la Serpentine Gallery, la Whitechapel Gallery tandis que les hommes sont en charge entre autres de la National Gallery et la Royal Academy of the Arts et plusieurs autres musées. Qui donc avait dit que la femme était l’avenir de l’homme ? Il se trompait : elle est l’avenir de l’art, et donc de l’humanité !
