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La voie royale de Ségolène

L’accession de Ségolène Royal (photo) au “poste” de candidate socialiste à l’élection présidentielle française de l’année prochaine est donc l’événement qui agite actuellement la Gaule. Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius ont tenté de prouver aux militants socialistes que Royal n’avait pas l’étoffe d’une présidentiable. Et ce sont ces militants qui ont retourné leur jugement d’un verdict cinglant et sans voies de recours ! Du coup, les deux perdants socialistes sont contraints de s’aligner, de subir au premier rang la grande messe d’intronisation de Royal dans la grande salle de la Mutualité à Paris - Lionel Jospin n’est pas venu (il n’a pas, dit-on, reçu d’invitation. La Poste était probablement en greve, à moins que ce ne soit le postier Besancenot qui ait jeté l’invitation de Jospin dans la Seine). La photo que j’ai vue dans Le Figaro montre un Fabius aux traits tirés, refusant de se lever lors de la standing ovation des militants - car Fabius croit toujours qu’une standing ovation ne nécessite pas qu’on soit debout, et donc il exécutait peut-être une figure originale, la sitting ovation. Passe encore, mais Fabius n’applaudissait pas pour autant ! Imaginez donc une standing ovation sans applaudissements et assis dans son fauteuil ! Un peu comme l’histoire de ce couteau sans manche et qui n’avait pas de lame...

Il est vrai que l’intronisation de Royal est une situation inédite en France. C’est la première fois qu’une femme est en position de prendre les commandes de ce pays. L’inédit aurait pu s’arrêter à ce stade. Mais voilà, dans la vie civile, Ségolène Royal a pour compagnon François Hollande, Premier secrétaire du Parti socialiste. Il a dû s’effacer devant sa compagne alors même que d’ordinaire c’est le chef d’un parti qui part en guerre. Magistrale illustration de fair-play pour cet homme politique, il ne pouvait cependant faire autrement face à l’adhésion populaire que suscite celle qui vient d’être intronisée. Alors les tacles se multiplient.

On se demande ce que serait François Hollande si sa compagne devenait la première femme à la tête de la République française. Se contenterait-il de jouer le rôle de Monsieur Pièces jaunes ? Entrerait-il au Gouvernement ? Serait-il Premier ministre ? Il n’a pas dit non. Il n’a pas dit oui. Oh, disons qu’il a déjà fait savoir qu’il n’habiterait pas à l’Elysée...
Au fond, les critiques de la droite iront dans ce sens et se concentreront sur le compagnon de la candidate afin d’éviter le reproche de s’en prendre à une femme, comme argumentent certains. Grave erreur ! C’est sous-estimer la volonté implacable d’une femme qui a su gérer son parcours de manière méticuleuse. En face, Nicolas Sarkozy semble encore chercher l’angle de ses attaques. Il ne tient plus dans son costume encombrant de Ministre de l’Intérieur. Ses lieutenants sont en ordre de bataille, mais les flèches qu’ils décochent arrivent à peine aux pieds d’une Ségolène Royal qui n’a pas que le sourire de la Joconde comme programme présidentiel. Attaquer les relations d’un couple est une stratégie vieille comme le monde. Sarkozy a vécu la même situation lorsque sa vie conjugale - avec son épouse Cécilia - fut mise sur la place publique. Hollande et Royal doivent donc s’attendre à cette charge inévitable, et pour l’heure ils la maîtrisent. Royal s’est mise au-dessus de la mêlée, allant jusqu’à installer une antenne présidentielle en dehors du QG du Parti socialiste. Hollande, lui, torpille, mitraille, lance des offensives terrestres contre Sarkozy, convaincu que l’agitation et la nervosité qu’on attribue au candidat de la droite finiront par le pousser à commettre des faux pas...

Soyez sur vos gardes, nous n’allons pas nous ennuyer une fois que Sarkozy aura porté sa tenue militaire pour se mesurer enfin directement à celle qui est aujourd’hui considérée comme le nouveau souffle de la politique française, celle qui le pousse presque dans la posture d’homme usé par la politique...

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