L’élection présidentielle en France est déjà lancée, même si la bataille pour la candidature se fait encore dans les coulisses, avec des coups bas, des traquenards, des paroles assassines. Beaucoup d’appelés, un(e) seul(e) sera élu(e). Parmi les prétendants à la pelle, un homme plus que décidé d’aller jusqu’au bout : Laurent Fabius (en photo, ne le confondons pas avec Eugène Ebodé, auteur du roman "Silikani" paru chez Gallimard et grand amateur de chapeaux !). Fabius, disais-je ? Il fut le jeune homme que Mitterrand avait "donné" jadis à la France en le propulsant comme premier ministre. Depuis, l’homme est devenu un personnage incontournable du paysage politique français, avec son propre "clan" dans le Parti socialiste. Secoué longtemps par la tragique affaire du sang contaminé - certains disent que cela a beaucoup terni son image -, Fabius entend bien ne pas être absent de la course à la présidence de la République française. En attendant, il affûte aussi ses idées afin de ne pas trop laisser Ségolène Royal planer sereinement dans les sondages, comme c’est le cas actuellement...
Dans l’avion qui me ramenait en France, je suis tombé sur Le Figaro de ce samedi-dimanche, et Fabius plaide pour l’Afrique. Une plaidoirie qu’on croirait sortie de la bouche d’un des fervents militants de la cause africaine. Jugez donc le ton de cet extrait :
A l’approche de 2007, je crains que nous parlions trop peu de l’Afrique. Une récente visite au Mali et au Sénégal m’a renforcé dans ma conviction : là comme ailleurs, nous avons plusieurs changements de fond à opérer.
Changement dans nos mémoires. Il faut d’abord écouter et comprendre. La force des symboles existe. À Dakar, je me suis incliné sur la tombe de Léopold Senghor, aux obsèques duquel l’actuel président de la République était malheureusement absent. Je me suis rendu aussi à Gorée, faire mémoire de l’esclavage. C’est en sortant du déni, notamment sur la question de l’esclavage et du travail forcé, que nous pourrons construire une relation forte et apaisée avec l’Afrique. Je souhaite que soit honoré plus fortement dans notre pays le sacrifice des Africains qui ont donné leur vie pour la France, à travers les deux conflits mondiaux. Nous avons une dette envers eux. Pour les survivants, un nouvel effort de revalorisation des pensions sera nécessaire.
L’Afrique est une fois de plus au coeur des débats à la veille d’une élection capitale pour la France. Pour sa part, celle qui est portée par les sondages, Ségolène Royal, n’entend pas céder le passage aux potentiels candidats de la gauche vantant un autre regard sur l’Afrique. Ségolène Royal - dans le même numéro du Figaro -, plaide pour une autre politique énergétique en Afrique. Elle "veut mettre le soleil au service de l’Afrique".
Il faut, d’après elle, aller vers une "utilisation massive de l’énergie solaire sur le continent africain". Elle se demande alors pourquoi les pays développés ont-ils imposé à l’Afrique le "tout pétrole" alors qu’il y a, sur ce continent, "une source d’énergie gratuite, le soleil". Argument pas du tout crédible d’après les spécialistes : "le soleil est gratuit, mais sa transformation en électricité ne l’est pas", affirme l’un d’eux. Grande consolation tout de même pour Ségolène Royal : les spécialistes s’accordent pour dire que l’énergie solaire est tout à fait adaptée au pompage de l’eau pour l’irrigation...
Pendant ce temps, toujours dans le même numéro du Figaro, Nicolas Sarkozy s’apprêterait, lui, à donner lundi 24 juillet le nombre exact des "sans-papiers" régularisés grâce à sa circulaire du 13 juin dernier. Ces familles en "situation irrégulière" ont des enfants scolarisés en France et leur expulsion n’est pas une mince affaire au regard de l’opposition de multiples associations. Même les syndicats d’Air France ont manifesté contre le départ d’une jeune Malienne, pendant qu’à Nantes, on défendait une mère marocaine placée en centre de rétention.
Combien d’individus seront régularisés ? Le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray, a pronostiqué 40.000 régularisations. Les députés proches de Sarkozy avancent le chiffre de 30.000... Quoi qu’il en soit, 62% de Français sont favorables à cette régularisation, mais "au cas par cas". Par ailleurs, 37% de Français pensent aussi que Sarkozy est la personne la plus efficace pour lutter contre l’immigration clandestine. Viennent ensuite Ségolène Royal (17%) qui coiffe Jean-Marie Le Pen (11%), Lionel Jospin (5%), Philippe de Villiers (4%) et François Hollande, le compagnon de Royal et secrétaire du Parti socialiste (2%).
A part ça, tout va bien...
